Le taux très faible de participation au référendumsur la Constitution, le défi à relever, la position de Jil Djadid par rapport au Hirak et ceux qui veulent le gérer, la maladie du chef de l'Etat, l'opposition désorganisée et la région de Kabylie prise en otage par des partis qui se sont radicalisés pour combler le déficit populaire, autant de sujets abordés librement par Soufiane Djilali lors de son passage sur LSA Direct. Le taux de participation des Algériens à la consultation sur la Constitution était de 23,7%, un taux pas très populaire pour un référendum populaire que le président de Jil Djadid, Soufiane Djilali, évalue positivement puisque «pour la première fois, on voit apparaître des chiffres qui correspondent au réel. Le pouvoir aurait pu, comme par le passé, gonfler, mais il a accepté de donner un chiffre vrai», a-t-il estimé. Invité de LSA Direct, le chef de parti a reconnu qu'il y a une réalité selon laquelle on a laissé s'exprimer les chiffres et de ce fait 3 conclusions sont tirées. La première concerne cette volonté de rapporter les chiffres réels, la deuxième est que «ce taux faible révèle un grand malaise dans la population et il y a la maladie politique du pays», a-t-il noté en précisant que «notre pays est malade politiquement et c'est une maladie chronique». Donc, les 23% ne sont pas quelque chose de nouveau, «ce qui est nouveau c'est qu'on reconnaisse la réalité et c'est à partir de ce moment qu'on peut corriger et apporter le traitement qu'il y a lieu», a encore souligné l'invité de Hakim Laâlam avant d'évoquer le troisième enseignement à tirer «la Constitution est passée et de ce fait, elle va divulguer ses effets qu'on verra très prochainement». Interrogé sur la déclaration de Mohamed Charfi, président de l'Anie, relative à la transparence du scrutin, Soufiane Djilali a jugé que «les organismes organisateurs doivent montrer la réussite de leur opération». Dans sa lecture concernant la participation relativement faible à ce scrutin, le politicien explique que l'horreur de ce qu'a laissé le régime durant toutes ces années a résulté du manque de confiance des Algériennes et Algériens. «Il y a le texte et le contexte, les Algériens ont fait fi du texte et se sont attachés au contexte», avoua-t-il. Il est clair que dorénavant, nous allons travailler sur le réel, mais maintenant avec de tels chiffres (seulement 5 millions d'Algériens ont voté durant ce scrutin, dont 3,3 millions ont dit oui à la nouvelle Constitution), quelle suite envisager ? Pour répondre à cette question, Soufiane Djilali est revenu sur l'élection du 12 décembre 2019 qui avait marqué la fin du régime Bouteflika ainsi que celle de tout ce qui était autour, ses hommes et sa symbolique notamment. «Nous étions face au défi de reconstruire un nouveau régime», lança-t-il. Et de poursuivre : «L'attitude peut être la suivante : soit réclamer de manière définitive un changement immédiat et total sans permettre aucun mouvement du pouvoir, soit positiver et dialoguer pour l'aider à s'ouvrir et le pousser à faire des concessions tout en lui donnant des assurances qu'il ne va pas y avoir de bouleversements fondamentaux et une remise en cause de la fiabilité de l'Etat.» Le grand enjeu final, ça sera les législatives Parmi les conséquences de cette élection, «la défiance populaire qui reste très grande en même temps que les phénomènes politiques, sociologiques et économiques qui convergent vers le changement», a estimé le président de Jil Djadid tout en soulignant que «nous ne sommes pas dans une impasse, mais entre deux chaises avec la possibilité que tout s'effondre et ça sera le chaos. Par contre, on peut dépasser ce moment de défiance populaire et faire gagner quelque chose de nouveau en perspective, notamment des législatives. La convocation du corps électoral pour une élection de l'Assemblée populaire nationale après la dissolution de l'actuelle et l'élection d'un nouveau Parlement sera probablement l'occasion de reconfigurer la classe politique sur la scène nationale». L'hospitalisation du chef de l'Etat en Allemagne Sur la question du rebond du nombre de contaminations au Covid-19, des voix affirment que les chiffres officiels ne reflètent pas les chiffres réels. Selon l'invité, il est évident qu'il y a beaucoup plus de contaminations que ce que peuvent révéler les officiels car «très peu de gens peuvent aller jusqu'au PCR» relevant le coût exorbitant de ce test que le citoyen moyen ne peut effectuer. Sans cela, le politicien affirme qu'il y a une flambée des contaminations» qu'il peut confirmer par le nombre de plus en plus élevé de malades hospitalisés. Un sujet qui a débordé sur la maladie du chef de l'Etat et son hospitalisation en Allemagne. Un fait qui a relancé le débat sur la santé en Algérie et qui ne va pas arranger le slogan de «l'Algérie nouvelle». Selon le président de Jil Djadid, «c'est la conséquence de la gestion calamiteuse de plusieurs décennies, l'ère Bouteflika et les 10 ans du terrorisme qui ont mis à plat toutes les structures du pays», a-t-il indiqué avant d'ajouter «et nous allons payer très longtemps ces choix-là». Un état de fait qui va dans le sens contraire des déclarations que «notre système de santé était le meilleur au Maghreb et en Afrique». Malheureusement pour l'invité, «les personnes qui occupent aujourd'hui les postes politiques ont été formatées dans l'ancien système et tant qu'on n'aura pas une classe politique qui s'est libérée des contraintes des démagogies et de la langue de bois, on peut ne pas produire un autre discours». Les entrevues entre Tebboune et le lynchage médiatique Pour Soufiane Djilali, il s'agissait de simples consultations. «La première s'est déroulée le 14 janvier et la deuxième le 27 mai», a-t-il précisé et d'ajouter qu'«à l'issue de mon entretien avec lui, j'ai rendu public un long communiqué pour informer l'opinion publique sur son contenu». Ces entrevues avaient suscité des réactions parfois violentes et un lynchage médiatique que l'homme politique reconnaîtra avant de préciser que «cette campagne a démarré une année plutôt, après la réunion du 6 juillet à Aïn-Benian», précisa-t-il, et d'ajouter que «nous avons assumé totalement les conséquences» de tous les choix. Le lynchage qui a été organisé et financé parce que Jil Djadid dérangeait fortement un agenda qui était tracé. Tout en expliquant ce qui s'est réellement passé depuis le 22 février 2019, le leader de Jil Djadid a commenté que «le slogan ''Yatnahaou gaâ'' avait son effet au début, mais à partir d'un certain moment, le mois de juin précisément, il fallait que l'élite du pays et en particulier ceux qui prônaient la démocratie et l'Etat de droit aient une forme de sagesse». Malheureusement, «cette élite-là qui se voulait représentative du Hirak a très largement usurpé sa position». Des détenus du Hirak que je ne pourrai pas défendre Sur la même lancée, le chef du parti reviendra sur le Hirak et ses leaders qui se sont accaparés le mouvement. «Il y a eu une tentative de hold-up sur le Hirak sans aucun doute» car «au fil des semaines, beaucoup de ces personnes n'étaient même pas présentes le 22 février et à force de se radicaliser, elles se sont inscrites dans un agenda qui n'était pas algérien». Il poursuivra pour dire que «c'est un groupe de psychopathes qui sont à l'étranger, complétement impliqués dans des opérations d'envergure géostratégiques et qui veulent entraîner le pays de force dans un tourbillon par rapport à des objectifs qu'ils ont». Il ira plus loin dans ses accusations en estimant que «ceux qui veulent gérer le Hirak ont besoin de détenus dans les prisons pour pouvoir mobiliser l'opinion publique». Pour lui, il reste actuellement des détenus sur la base de déclarations qu'ils ont faites. «Pour certains, je ne pourrai pas les défendre car ils ont été beaucoup trop loin au nom de la liberté d'expression dans la diffamation, dans l'insulte. On doit exercer la liberté d'expression dans la raison». Réitérant la position de sa formation, Soufiane Djilali a insisté pour dire : «Nous souhaitons la libération de l'ensemble des détenus car nous étions dans un contexte révolutionnaire, mais l'Algérie a besoin d'apaisement.» Une opposition en plein chaos Selon l'invité de LSA Direct, «il y a toujours eu une opposition, mais divisée, elle tombe très facilement dans le panneau à chaque fois» de l'aveu du politicien qui préconise l'attente d'un renouveau. Selon ses explications, la scène politique est scindée : il y a ceux qui étaient au pouvoir et qui sont aujourd'hui complétement dépassés et discrédités notamment le RND et le FLN qui «doit être retiré de la scène politique» il y a le courant islamiste qui était relativement organisé et qui a bénéficié d'énormément de moyens sur les 20 dernières années sans pour autant avoir une grande assise dans la société ; et il y a une opposition en plein chaos, désorganisée avec des positions contradictoires». Selon M. Djilali, les derniers mois , des partis de l'opposition «se sont radicalisés pour combler le déficit populaire» et «ils ont poussé toute une région à l'exclusion du jeu politique» parlant ainsi du FFS et du RCD et regrettant par la même occasion que «la région de la Kabylie soit prise en otage» par ces deux formations. Ilhem Tir