"Le pouvoir devra accepter des changements fondamentaux allant dans le sens de la demande populaire. Il n'a plus le choix car le chaos guette le pays", a estimé le président de Jil Jadid. Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, n'est pas contre le principe du dialogue avec le pouvoir, maintenant que ce dernier "a un interlocuteur civil". C'est ce qu'il a déclaré, hier, lors d'une conférence de presse qu'il a animée à Alger, en mettant l'accent sur des préalables, comme "la libération des détenus, l'ouverture des champs politique et médiatique", et ce, "avant l'entame d'un dialogue inclusif, sincère et sérieux pour formaliser dans un accord global la volonté populaire". "Le pouvoir devra convaincre les Algériens en faisant des concessions significatives pour ressouder le pays dont l'unité a été mise en danger par ses pratiques", a résumé le chef de Jil Jadid, qui part du principe qu'on ne peut s'opposer à un dialogue quelconque, surtout lorsqu'on n'est pas tenu de suivre ses conclusions. Pour Jil Jadid, la situation est complexe, d'où son choix d'"interagir avec responsabilité avec le président de la République". Il a rappelé certaines positions de son parti, notamment son opposition à la tenue de la présidentielle, mais écarte "tout entêtement" à tout refuser, car "l'élection donne, certes, une marge de manœuvre plus importante au pouvoir", mais "elle ne constitue en rien un échec pour le hirak". Jil Jadid conçoit, ainsi, le dialogue comme un engagement de part et d'autre sur des principes plusieurs fois réitérés par la rue, à savoir l'amorce d'une dynamique de changement en profondeur des hommes du système et des pratiques, le respect des règles démocratiques... Il a expliqué qu'Abdelmadjid Tebboune a donné les grandes lignes de son projet, comme la révision de la Constitution, des élections législatives anticipées… Partant de cette esquisse, Soufiane Djilali considère que le dialogue avec le nouveau président doit être perçu comme "une transition" qui aboutira à la satisfaction des revendications de la rue. "Le pouvoir devra donc accepter des changements fondamentaux allant dans le sens de la demande populaire. Il n'a plus le choix car le chaos guette le pays", a-t-il estimé. "Nous avons toujours défendu le principe du dialogue. Cependant, nous n'accepterons pas de subterfuges ni de fausses solutions. Il s'agira d'obtenir de vraies avancées pour le pays, et en aucun cas une négociation sur un quelconque partage de responsabilités. C'est le sens profond de notre position de principe qui est : aider le pouvoir à s'en aller et non pas à mieux rester", a dit M. Djilali. Outre la "faiblesse" du pouvoir devant la dynamique citoyenne de la rue, il considère qu'avec l'ouverture du champ politique et médiatique, la société pourra "s'organiser en toute liberté" et accéder le moment voulu à la gestion des affaires. "Il s'agira de changer très largement le personnel politique et exécutif, d'une part, et de faire évoluer significativement l'organisation de l'Etat et des règles de son fonctionnement, d'autre part", a souligné M. Djilali, précisant que les politiques ont la responsabilité de traduire les aspirations de la rue dans un projet de société. Il a exclu, au passage, "les imposteurs" que des médias, notamment des télévisions, "veulent imposer comme interface du hirak". Interrogé sur les possibilités qui s'offrent actuellement à la rue, M. Djilali a estimé qu'"aujourd'hui, le hirak a trois issues possibles, à savoir le refus catégorique et radical à tout dialogue, débouchant alors sur la désobéissance civile et la sédition ; l'abandon du terrain politique et le retour à la situation antérieure au 22 février, ou enfin la transformation de la conscience du hirak en action politique organisée".