À peine trois jours après le retour des élèves et de l'encadrement pédagogique des paliers moyen et secondaire au niveau des établissements scolaires que l'alerte est donnée. De nombreuses écoles enregistrent déjà des cas de contamination au Covid-19. Les syndicats du secteur dénoncent un manque flagrant de moyens pour faire appliquer le protocole sanitaire. Ils décrivent des situations «intenables» qui risquent vite de devenir «explosives». Nawal Imés- Alger (Le Soir)- Les élèves des paliers moyen et secondaire entament à peine leur première semaine de scolarité dans un contexte épidémiologique caractérisé par une flambée des contaminations au Covid 19. Et, sans surprise, les établissements scolaires ne font pas exception. Au niveau de la capitale, pas moins de 25 établissements, tous paliers confondus, enregistrent des cas avérés de Covid-19, qu'il s'agisse d'élèves, d'enseignants ou d'encadrement administratif. Le hic, c'est que dans beaucoup d'entre eux, c'est l'omerta. Une situation dénoncée par le porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste). Messaoud Boudiba explique, en effet, que lorsque des cas sont avérés, beaucoup de chefs d'établissement ne les déclarent pas. La raison ? «Ils se dérobent de leurs responsabilités et ne traitent pas la situation avec la responsabilité qu'elle exige», déplore Messaoud Boudiba pour qui la situation épidémiologique actuelle nécessite la plus grande transparence, ajoutant qu'il n'était pas opportun de taire les contaminations, au risque de créer des situations explosives. Faisant une évaluation de cette toute première étape de la rentrée scolaire, le porte-parole du Cnapeste estime que «sur le terrain, on a pu vérifier que le nécessaire requis pour mettre à exécution le protocole sanitaire n'était pas assuré. Cela n'est ni rassurant ni encourageant pour l'avenir», dit-il déplorant une absence de «volonté des pouvoirs publics» pour mettre en œuvre le protocole sensé être appliqué. Face aux nombreux manquements, la famille de l'éducation, dit-il, tente de faire un effort pour assurer un climat serein mais avertit-il «cela ne tiendra pas plus d'une semaine. Tout au plus deux !». Et pour cause, il considère que «sans volonté réelle, les choses vont se compliquer». Fortement exposé aux risques de contamination, le personnel de l'éducation est en attente de mesures urgentes devant permettre de rattraper une situation qui risque selon Messaoud Boudiba de devenir très vite «ingérable» voire «explosive». Constat tout aussi affligeant du côté du Syndicat national des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). Ce syndicat évoque des situations kafkaïennes dans des lycées et des collèges qui ne disposent toujours pas d'eau dans les robinets, encore moins de gel hydroalcoolique. Boualem Amoura précise qu'il s'agit d'écoles se situant dans des communes riches et dans lesquelles l'eau n'est disponible que grâce à la générosité de parents d'élèves qui ont fourni des citernes d'eau. Pour Boualem Amoura, «l'Etat algérien, depuis le mois de mars, au lieu de se préparer, attendait que la pandémie disparaisse d'elle-même sans aucune projection», ajoutant qu'il n'était pas possible de faire face à une pareille situation épidémiologique avec des budgets qui ont connu une coupe de plus de 65% depuis janvier 2017. De son côté, le ministère de l'Education avait adressé, dimanche, une note portant le sceau de l'urgence à l'ensemble des directeurs de l'Education leur demandant d'installer une cellule chargée du suivi de l'évolution de la situation épidémiologique au sein des établissements scolaires. Il leur est demandé un point de situation quotidien à faire parvenir à l'administration centrale. Les directeurs de l'Education sont priés de veiller à ce que le protocole sanitaire soit respecté et d'interdire tout type de rassemblement au sein des structures scolaires qu'elles qu'en soient les raisons. Objectif : éviter que les écoles ne se transforment en foyers de contamination. N. I.