Après la souplesse, la fermeté ! Les mesures anti-Covid se durcissent. Dimanche en début de soirée, le Premier ministre Abdelaziz Djerad a annoncé de nouvelles dispositions destinées à limiter la propagation de l'épidémie de Covid-19. Ces mesures impliquent, entre autres, la limitation pour une période de quinze jours à compter d'aujourd'hui du temps d'activités de certains commerces qui devront baisser les rideaux à partir de 15 heures. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Dans une conjoncture où les restrictions se multiplient, ces mesures étaient redoutées mais, néanmoins, attendues par une grande partie des commerçants et des restaurateurs. Ces derniers devront composer tant bien que mal avec ce nouveau rythme, et ce, dès aujourd'hui. Comme on pouvait s'y attendre, ce nouveau tour de vis du gouvernement ne réjouit absolument pas les principaux concernés par ces restrictions. Les épiciers, boutiquiers et autres marchands s'attendent à voir leur chiffre d'affaires baisser dans les prochains jours. «Nous vivions déjà une situation financière bancale, et fermer à 15h n'arrangera en rien les choses», s'est plaint Rachid, gérant d'un restaurant situé au 1er-Mai. Il fait savoir que depuis le déconfinement, les activités des commerçants n'ont pas vraiment redémarré. «Avec la psychose qui s'est installée ces derniers jours, nos clients sont beaucoup moins nombreux qu'en temps normal », a-t-il souligné. D'autres commerçants appréhendent, pour leur part, que les autorités ne recourent à la fermeture totale des commerces et restaurants, si la situation épidémiologique s'aggrave encore. D'après eux, cela induira sans doute une situation de crise encore jamais vécue jusque-là. Des appréhensions partagées par l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca). Mohamed Maarouf, chef de bureau d'Alger de l'Anca, dit comprendre l'état d'esprit dans lequel se trouvent les commerçants après l'annonce de cette mesure. «Ils ont le sentiment d'avoir été sacrifiés», dit-il. Mohamed Maarouf conviendra que depuis plusieurs mois, ils vivent une période compliquée sur bien des aspects. Après tout, si la population ne respecte pas les mesures de prévention « pourquoi ce sont toujours les commerçants qui trinquent ?», se demande-t-il. Ce porte-parole de l'Anca craint qu'une réaction violente n'émane des commerçants. «Il faut savoir que beaucoup d'entre eux ont acheté des marchandises et ont des délais pour honorer leurs crédits.» Il dira, en outre, que la limitation du temps d'activité pour les commerçants n'a pas été décidée parce que ces derniers ne respectent pas les mesures barrières mais plutôt pour éviter des regroupements notamment au niveau des marchés. Un point évoqué, souligne-t-il, «avec le directeur du commerce d'Alger». Mohamed Maarouf a relevé que l'Anca avait souligné lors de la derrière réunion avec le ministre du Commerce, la désignation d'un représentant des commerçants dans la commission de suivi de l'épidémie Covid-19. «Malheureusement, la requête a été rejetée», a-t-il indiqué. Par ailleurs, Mohamed Maarouf appelle les commerçants à s'armer de patience, en attendant des jours meilleurs. « Au stade où nous en sommes, la santé du citoyen prime sur toute autre considération.» On rappellera que la limitation du temps d'activités est applicable dans les 32 wilayas concernées par le confinement partiel à domicile. Les commerces concernés sont, entre autres, ceux d'appareils électroménagers, d'articles ménagers et de décoration, de literies et tissus d'ameublement, d'articles de sport, les pâtisseries et confiseries, les cafés, restaurants et fast-foods, qui se limitent déjà à la vente à emporter. M. Z.