L'accalmie espérée sur le front de la lutte contre l'épidémie de coronavirus tarde à dépasser le stade du vœu pieux. Les statistiques quotidiennes sont toujours révélatrices d'une tendance à la hausse non seulement dans le nombre quotidien des contaminations confirmées mais également celui des décès. Depuis le 7 novembre, la barre des dix décès journaliers a été franchie avant de dépasser la vingtaine de morts quotidiens. Une situation que le Pr Rachid Belhadj explique par la « force de frappe » du virus. Si les morts dites « hypothétiques » étaient rajoutées à celles officiellement prises en compte, le bilan des décès serait encore plus élevé. Nawal Imès - Alger Le Soir) - La courbe des contaminations confirmées poursuit son affolante augmentation. Cette dernière concerne non seulement les contaminations confirmées au Covid-19 mais également celle des décès. Depuis le début du mois en cours, le seuil de dix morts quotidien a été franchi, augmentant progressivement jusqu'à dépasser la vingtaine de décès quotidiens. Le Pr Rachid Belhadj confirme cette tendance, l'expliquant par la virulence du virus mais également par la fragilité des personnes contaminées. Le directeur des activités médicales et paramédicales du CHU Mustapha-Pacha explique, en effet, que « nous avons remarqué que la virulence du virus a sensiblement augmenté notamment chez les personnes présentant certaines comorbidités, particulièrement chez les personnes âgées ou chez des diabétiques par rapport à la première vague où il y avait plus de formes modérées que de formes sévères et on recevait peu de personnes nécessitant une hospitalisation d'urgence. Cette deuxième vague est marquée par la force de frappe du virus et cela ne pardonne pas. Cela crée évidemment des tensions au niveau des structures de santé, notamment en lits de réanimation intensive mais aussi de lits dotés d'oxygène». Il ajoute qu'« actuellement, au niveau du CHU Mustapha-Pacha, on n'hospitalise que les personnes ayant besoin d'oxygène en fonction du degré de saturation. Par exemple, les malades qui saturent à 80% jusqu'à 85% sont sous oxygénothérapie, par contre, ceux qui désaturent dangereusement, ils sont en réanimation et c'est généralement, ces gens-là qui décèdent notamment les personnes âgées ». À titre d'exemple, dit-il, au niveau du CHU Mustapha, nous avons enregistré 10 décès jeudi et 8 vendredi. Les statistiques fournies par le ministère de la Santé sont-elles pour autant fidèles à ce qui se passe sur le terrain ? Le Pr Belhadj explique que « pour le ministère de la Santé, c'est le protocole de l'OMS qui est suivi, c'est-à-dire qu'on ne comptabilise que les personnes décédées pour qui un diagnostic Covid-19 avait été posé par PCR », ajoutant que « nous, au niveau des structures de santé, nous n'avons pas le temps, ce sont des gens qui arrivent en détresse respiratoire, à 22 heures, on leur fait un scanner, ils ont presque 80% du poumon atteint, ils désaturent, il y a la notion de contact et de comorbidités, donc on n'a même pas le temps de leur faire la PCR qu'ils décèdent. Ce sont ces gens-là qui ne sont pas comptabilisés sans compter les cas qui arrivent décédés. Ce sont les morts hypothétiques mais ce sont des décès dus au Covid-19 pour nous en tant que cliniciens puisque dans la rédaction du certificat de constat de décès qui est un acte médicolégal dans lequel le médecin engage sa responsabilité, souvent c'est le Covid-19. En médecine légale, souvent lorsqu'on prélève ces gens pour un diagnostic post-mortem, 80% d'entre eux sont morts du Covid-19 ». N. I.