Les énormes préjudices causés par les avantages octroyés aux frères Kouninef sont désormais connus, les sommes qui sont «astronomiques» ont été dévoilées par l'avocat du Trésor public durant le troisième jour du procès des mis en cause. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Les chiffres s'alignent et peinent à prendre forme dans la tête de ceux qui les découvrent : 75 000 milliards de DA de pertes dans les caisses du Trésor public en raison des indus avantages octroyés aux prévenus, 186 milliards de DA de pertes découlant des crédits bancaires débloqués, et 30 millions de dollars perdus cette fois dans le cadre de transferts illicites de devises à l'étranger. Les informations que nous détenons indiquent que le montant du préjudice dû au transfert illégal de devises est nettement inférieur à la somme totale calculée sur la base des données révélées par l'enquête, ce qui permet d'aboutir à la conclusion que les pertes sont de 500 millions de dollars. L'écart de 225 millions de dollars, est le fruit des gains, transférés, générés par des projets vraisemblablement contenus dans une autre partie de l'enquête qui se poursuit au niveau de la Cour suprême. Elle donnera nécessairement lieu à une seconde ordonnance de renvoi établissant la culpabilité ou non d'une très longue liste d'anciens ministres et hauts responsables liés de près ou de loin aux projets octroyés aux Kouninef. On y retrouve Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, Houda Feraoun, Abdelghani Zaâlane, Abdelwahid Temmar, Amar Ghoul, Loukal Mohamed, Ould Kaddour, Abdelkader Zoukh ainsi que plusieurs autres hauts anciens responsables. Les relevés des écoutes téléphoniques ont également permis d'établir une autre longue liste de personnalités avec lesquelles les Kouninef étaient en contact. Parmi ces derniers, se trouve l'ancien conseiller du président déchu, Saïd Bouteflika. Bien que l'information n'ait pas été communiquée de manière officielle, il a été établi que ce dernier a été entendu au second jour du procès des Kouninef. L'audition a été faite par des éléments de la brigade de la gendarmerie de Bab-Jdid, elle s'est déroulée à la prison militaire de Blida où se trouve détenu le mis en cause. Des sources généralement bien informées indiquent que cette audition a été décidée par les magistrats qui jugent actuellement l'affaire, suite aux déclarations de Reda Kouninef qui affirmait que des liens d'amitié le liaient à Saïd Bouteflika. Les mêmes informations font savoir que ce dernier s'est refusé à tout commentaire et s'est limité à la confirmation de l'amitié qui le lie aux frères Kouninef. Pour les connaisseurs du dossier, cette audition à distance pourrait être la confirmation que l'enquête concernant la liste des personnalités devant être écoutées par la Cour suprême bat son plein. Les magistrats n'en seraient d'ailleurs pas à leur première audition, nous dit-on, puisque l'ancienne ministre des Télécommunications, Houda Feraoun, a été elle aussi écoutée il y a quelques semaines. En toute logique, les frères Kouninef devraient à nouveau comparaître dans un autre procès qui pourrait s'avérer plus riche en révélations. A. C.