Après avoir récupéré son siège national, la nouvelle direction du FFS a réuni, hier à Alger, les élus locaux et nationaux du parti. Tour à tour, le Premier secrétaire du parti, Youcef Aouchiche, et le membre de l'instance présidentielle, Hakim Belahcel, ont dénoncé « l'acharnement » judiciaire contre les élus du FFS, mis en garde contre les conséquences de la crise que traverse le pays et évoqué la « convention nationale » que le parti projette d'organiser. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le Premier secrétaire du parti n'a pas fait dans le détail en parlant de la crise du pays et ses éventuelles retombées. « Notre pays se trouve aujourd'hui à un tournant décisif de son histoire. Impasse et incertitude politique, panne économique, détresse et désarroi social... tous les indicateurs sont au rouge. Si rien n'est entrepris pour redresser la situation, si le statu quo persiste, l'Algérie se retrouvera dans un avenir proche au bord du gouffre », a-t-il alerté. Un constat qu'aggrave Hakim Belahcel, membre de l'instance présidentielle, en affirmant que « la situation socioéconomique sera de plus en plus pesante sur l'essentiel du peuple algérien(...) sera malheureusement, extrêmement insoutenable dans les mois à venir à cause de la récession économique et la dévaluation de la monnaie nationale ». Face à ce constat terrible, le plus vieux parti de l'opposition dit chercher une voie consensuelle de sortie de crise qui ne peut se réaliser « en persistant dans un déni flagrant de la réalité en s'accrochant à un système finissant et en récusant toute solution politique à la crise. Pour Youcef Aouchiche, cet entêtement du pouvoir «conduit droit au mur, nourrit les logiques d'affrontement et finira par provoquer des fractures irrémédiables». Pour lui, faire face à la dégradation de notre environnement régional et neutraliser les menaces qui ciblent le pays ne peut se faire « sans rétablir la confiance avec les Algériennes et les Algériens et sans l'édification d'un Etat fort et des institutions légitimes et démocratiques ». Il soutient que les appels à la « mobilisation face à l'ennemi » ne doivent pas faire oublier les errements du régime et ses échecs à répétition, ajoutant que les Algériens « n'accepteront pas que leur patriotisme soit exploité pour restaurer l'autoritarisme et les priver de leurs droits et libertés fondamentales ». « La sécurité nationale est une notion globale qui implique, au-delà des stratégies de défense nationale, des impératifs politiques, économiques et sociaux auxquels nous devons apporter collectivement des réponses urgentes et concrètes. Si la cohésion de l'institution militaire et l'efficacité des services de renseignement sont essentielles pour préserver notre intégrité et souveraineté nationales, le peuple algérien et les forces politiques et sociales ne doivent pas être tenus à l'écart des décisions politiques et stratégiques qui engagent l'avenir de la Nation. La sécurité nationale est l'affaire de tous », a-t-il expliqué. Une convention politique pour la sortie de crise Ainsi, pour l'orateur, le meilleur rempart et le plus sûr des boucliers face aux périls externes est plus que jamais le respect de la volonté populaire pour la consécration d'un vrai changement démocratique dans le pays. Dans ce contexte, il a réitéré l'appel de son parti à la tenue d'une convention politique pour amorcer une sortie de crise de façon pacifique, démocratique et ordonnée. « Nous demeurons convaincus que seul un dialogue politique permettra à notre pays de retrouver la voie de la reconstruction d'un Etat légitime, fort et juste en jetant les bases d'un consensus national en mesure de préserver l'Etat national et renforcer la cohésion sociale. Le FFS a, dans ce cadre, un rôle majeur à jouer », a-t-il dit. Et d'exprimer l'attachement du parti à la souveraineté nationale, se disant convaincu que celle-ci n'a de réalité que si la souveraineté populaire est rétablie. Cela « nous impose d'agir en commun avec toutes les forces patriotiques pour provoquer ce grand sursaut national pour la sauvegarde de notre nation à l'heure des recompositions géopolitiques et géostratégiques brutales et violentes qui s'opèrent dans le monde, voire même dans notre espace vital », a-t-il lancé. Mais cette-fois, le FFS ne veut pas reproduire l'initiative du consensus national d'il y a plusieurs années en présentant à la classe politique une feuille blanche. Le parti va tenir « une pré-convention » impliquant ses structures, ses militants, ses sympathisants et amis dans le débat et la réflexion pour « l'élaboration et l'adoption de notre proposition de sortie de crise qui sera proposée ensuite à la classe politique et sociale ». Acharnement judiciaire contre les élus La situation des élus locaux a été également abordée par les intervenants lors de cette rencontre, et ce, au moment où plusieurs élus du FFS sont poursuivis en justice. Dans ce cadre, Hakim Belahcel a dénoncé ce qu'il appelle « un acharnement administratif et judiciaire inédit » contre les élus de son parti. « Plusieurs avis de suspension furent prononcés d'une manière abusive et expéditive contre plusieurs maires du FFS, au même moment où des poursuites judiciaires en cascade sont engagées contre le P/APW de Béjaïa et d'autres élus à l'échelle nationale», a-t-il lancé, affirmant que le « le FFS qui a déjà condamné officiellement et vigoureusement l'instrumentalisation de l'appareil judiciaire et l'excès de zèle de certains walis, pour étouffer l'action de nos élus et les intimider, n'épargnera aucun effort pour soutenir ses élus là où ils se trouvent et en toutes circonstances ». Il a affirmé que le FFS poursuivra « sa lutte » pour le recouvrement de l'intégralité des prérogatives politiques et gestionnaires de l'ensemble des assemblées élues. Pendant ce temps, le premier secrétaire a regretté que « la baisse drastique des dotations budgétaires, les entraves bureaucratiques, le manque de prérogatives, les pressions et l'acharnement administratif et judiciaires » font que les élus du parti ne peuvent plus répondre aux besoins croissants des citoyens. K. A.