Une vague de nouveaux procès liés à la corruption devrait être entamée à partir du mois de février prochain, apprend-on de bonnes sources. Ils concernent en particulier les hommes d'affaires arrêtés durant l'année précédente mais aussi les deux anciennes ministres, Houda Feraoun et Djamila Tamazirt, placées sous mandat de dépôt en décembre dernier. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Dans les affaires en voie de programmation, on retrouve également le dossier Sonatrach. Ce procès devra, cependant, se dérouler sans la présence du principal inculpé, Chakib Khelil, en fuite à l'étranger. Comme tous les autres dossiers, il a fait l'objet d'expertises qui ont mis à jour des éléments accablants et des sommes impressionnantes dilapidées (neuf millions d'euros de pénalités dans l'affaire Saipem ). Les dossiers des hommes d'affaires ne sont, à leur tour, pas des moindres. Affaire Metidji L'homme d'affaires Hocine Metidji avait été incarcéré le 24 février dernier avec quatre autres personnes. Son fils, l'ex-directeur du protocole de la présidence, Mokhtar Reguieg, l'ancien directeur général de l'OAIC, Mohamed Belabdi, ainsi que l'ancien chef de cabinet de Abdelwahid Temmar ont, en effet, été placés le même jour et pour le même dossier sous mandat de dépôt par le tribunal de Sidi-M'hamed. En tout, près d'une cinquantaine de personnes ont été entendues dans cette affaire des plus importantes parmi celles traitées dans le cadre de la corruption. Parmi les personnes auditionnées, se trouvaient également l'épouse et la fille du principal mis en cause. Ces dernières ont été cependant laissées en liberté. Très connu dans le secteur céréalier, Hocine Mansour Metidji est soupçonné d'avoir entretenu des liens privilégiés avec l'OAIC, ce qui a d'ailleurs valu à son P-dg une inculpation et un mandat de dépôt pour des privilèges qu'il aurait accordés à l'homme d'affaires. Ce qu'il faut savoir est qu'il occupait également la vice-présidence du FCE (Forum des chefs d'entreprises), et qu'il est aujourd'hui poursuivi pour plusieurs chefs d'inculpation qui ont valu des peines sévères à d'autres investisseurs et hommes d'affaires actuellement incarcérés. Il s'agit, entre autres, de «transfert illicite de capitaux vers l'étranger», de «blanchiment d'argent», «financement illicite de la campagne électorale» pour le cinquième mandat, «dilapidation de dilapidation de deniers publics», «trafic d'influence sur des agents publics dans le but d'obtenir d'indus avantages» et, enfin, «violation de la réglementation des marchés publics». Dans sa chute, Hocine Metidji a entraîné avec lui les Abdelmalek Sellal, Ahmed Ouyahia et l'ancien ministre des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane. Le dossier Amor Ben Amor L'affaire Amor Ben Amor fait partie des dossiers qui seraient fin prêts au niveau du pôle spécialisé du tribunal de Sidi-M'hamed. Frappés d'ISTN durant de longs mois, les deux frères Mohamed Laïd et Hadi Benamor ont été incarcérés eux aussi en février 2020, alors qu'un troisième membre de la fratrie, Sami Benamor, a été laissé en liberté. Les deux frères placés sous mandat de dépôt sont, eux, poursuivis pour obtention d'indus avantages, blanchiment d'argent, trafic d'influence, exploitation illégale de terres agricoles, dilapidation de deniers publics et violation de la réglementation sur les mouvements de capitaux vers l'étranger. Spécialisés dans la conserverie et produits céréaliers, les responsables du groupe Ben Amor ont fait l'objet d'une longue enquête au sujet des conditions d'acquisition des silos de l'Eriad à Corso (Boumerdès), ainsi que des concessions agricoles obtenues dans la wilaya de Mostaganem. Ce dernier volet a d'ailleurs valu l'inculpation de Abdelwahid Temmar (ancien ministre de l'Habitat), en qualité d'ancien wali de Mostaganem. Abdelwahid Temmar n'est, cependant, pas le seul ex-ministre à avoir été placé sous mandat de dépôt dans cette affaire. Les deux anciens chefs de gouvernement, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, ont été également inculpés et placés sous mandat de dépôt par le juge d'instruction en charge de ce dossier. Des expertises enfoncent Houda Feraoun et Djamila Tamazirt Depuis peu, le nom de Djamila Tamazirt figure également dans la liste des anciens hauts responsables incarcérés dans l'affaire Amor Ben Amor. Cette dernière avait occupé le poste de ministre de l'Industrie et des Mines dans le gouvernement Bédoui. Elle avait succédé à Mahdjoub Bedda qui se trouve, lui aussi, en prison depuis près d'une année. L'ancienne ministre de l'Industrie était, en fait, associée avec le groupe Ben Amor, sous son nom d'épouse, et elle a été inculpée au même titre que plusieurs cadres et responsables de l'entreprise. Les conclusions des expertises menées au sujet des affaires pour lesquelles elle a été mise en détention ont apporté des preuves accablantes, apprend-on de bonnes sources. Les dilapidations de deniers publics sont «importantes», «cinq millions de francs suisses entre autres dilapidés pour des affaires qui n'ont jamais été menées à terme», nous dit-on. Elles concernent la réalisation de boulangeries modernes, qui a été en fait transformée en un autre projet. L'expertise menée dans le cadre de cette affaire a dévoilé d'énormes sommes d'argent en francs suisses, en euros et en dollars américains, mobilisées dans le cadre de ce projet. Djamila Tamazirt a été également inculpée en sa qualité de directrice générale du complexe de l'Eriad de Corso. L'affaire du complexe de fabrication de pâtes alimentaires lui a valu des poursuites pour «abus de pouvoir, accord d'indus privilèges en violation des lois et réglementation, octroi d'indus avantages lors de la passation de marchés publics, dilapidation de deniers publics dans le cadre de l'exercice des fonctions, trafic d'influence, conflit d'intérêts, fausse déclaration des biens, blanchiment d'argent et de revenus criminels issus de la corruption». Cette dernière a été incarcérée le même jour que l'ancienne ministre des Télécommunications, dont le dossier a fait également l'objet d'expertises qui ont révélé des éléments la mettant sérieusement en cause. Des sources concordantes font savoir que ces éléments ont grandement mis en cause Houda Feraoun dans l'affaire Huawei et ZTE. Ils ont établi que le projet de modernisation de la stratégie nationale pour l'amélioration du débit internet n'avait pas été mené à terme, tout comme celui de la fibre optique réalisé à hauteur de 19% avec Huawei et 11% avec ZTE. L'expertise a également fait ressortir des dilapidations de sommes s'élevant à des millions de dollars. La date des procès sera connue sitôt leur programmation faite, nous dit-on. Pour l'heure, le seul procès programmé (connu) est celui des frères Benhammadi, en appel. Il se tiendra le 28 janvier prochain. Le jour même sera rendu le verdict de l'affaire du montage automobile qui s'est tenu au début du mois en cours après cassation de la Cour suprême. A. C.