Depuis ces dix derniers jours du mois de Ramadan, au boulot, dans les diff�rentes �missions, au march�, entre amies, entre voisines ou en famille, on ne parle que des g�teaux de l�A�d. Cette ann�e encore, une question taraude les esprits : �g�teaux faits maison ? Ou bien passer commande aupr�s des magasins sp�cialis�s dans les g�teaux traditionnels ?�. Amel B. - Oran (Le Soir) - Dans le pass�, la confection des g�teaux de l�A�d �tait en elle-m�me une f�te. Les voisines et les familles se rassemblaient et s�entraidaient pour faire diff�rentes sortes de g�teaux, tout en s��changeant les nouvelles recettes. Aujourd�hui, nombreuses sont celles qui ne confectionnent plus leurs propres g�teaux, pr�f�rant passer commande. D�autres femmes n�y trouvent pas leur compte et estiment que c�est moins int�ressant que de les confectionner soi-m�me car, dans ce cas, les quantit�s qu�elles gagnent sont � prendre en consid�ration. D�s lors, elles pr�f�rent confectionner elles-m�mes leurs g�teaux. Malgr� toute ces �r�volutions modernes� qui semblent prendre le dessus, le c�t� traditionnel de cette f�te continue d��tre respect� et suscite l�int�r�t des Oranais. Il n�y a qu�� en juger par l�affluence et l�engouement constat�s aupr�s des commer�ants sp�cialis�s dans la vente des ingr�dients pour g�teaux de l�A�d. Pour ceux et celles qui ont opt� pour la commande, depuis ces trois derni�res ann�es, tous savent que les retardataires auront peu de chance d��tre servis. Afin de passer commande, il faut au moins s�y prendre une semaine avant le d�but du Ramadan.Pendant le mois de je�ne, les commandes sont certes toujours prises en compte mais l�affluence est spectaculaire. Il faut compter une moyenne de 50 commandes par jour, nous a dit le propri�taire d�un magasin de g�teaux traditionnels. Des femmes passent commande pour plusieurs types de g�teaux aupr�s de diff�rents magasins sp�cialis�s dans la confection de g�teaux traditionnels � travers la ville d�Oran. C�est carr�ment une industrie du g�teau traditionnel qui prosp�re et qui semble �tre l�une des plus fructueuses. D�ailleurs, ce commerce est fleurissant m�me en dehors de �la saison � du Ramadan. Avant, ces magasins de g�teaux traditionnels comptaient tout particuli�rement comme client�le des femmes actives, qui n�ont pas le temps de confectionner leurs g�teaux. Seulement, aujourd�hui la donne a bien chang� : on compte actuellement plus de femmes au foyer que de femme actives. La raison qu��voquent en g�n�ral ces femmes au foyer est la fatigue due aux efforts fournis durant le mois de je�ne. D�autres consid�rent que face � la chert� des ingr�dients des g�teaux (sucre glace : 65 DA, farine 50 DA, semoule 60 DA, 500 grammes de beurre 100 DA, les noix et les noisettes 2 000 DA le kilo, les amandes entre 950 et 750 DA, les cacahu�tes 200 et 240 DA, la noix de coco : 200 DA, sucre 90 DA, miel 300 DA le kilo 800 g... elles estiment qu�il est plus sage d�acheter de petites quantit�s de diff�rent g�teaux d�j� tout pr�ts, ainsi elles �conomisent argent et effort et s�assurent la r�ussite des recettes. Un tour aupr�s de quelques magasins de g�teaux traditionnels nous donne un aper�u des prix, qui sont diff�rents d�un magasin � un autre selon la qualit� du g�teau. Car ce ne sont pas tous les p�tissiers qui sont �fid�les� � la farce constitu�e d�amande, de noix, de noisettes. Souvent, �la triche� met la main � la p�te. Ainsi, le griwech est propos� entre 300 et 400 DA le kilo, les sabl�s � 300 DA, les cornes de gazelle au sucre glace entre 400 et 600 DA. Les g�teaux � base de cacahouettes entre 600 et 750 DA le kilo, les g�teaux aux amandes sont propos�s entre 1 200 et 1 400 DA le kilo, ceux aux noix et aux noisettes entre 1 500 et 1 800 DA. Une femme rencontr�e dans l�un des magasins que nous avons visit�s, nous a dit : �Je suis m�re de trois enfants et mon mari n�est pas un fan des g�teaux traditionnels. Lui, ce qu�il pr�f�re, c�est le ka�k, et je le pr�pare moi-m�me, mais pour les autres g�teaux, j�ai pr�f�r� passer commande. Ainsi, pour six kilos de diff�rentes recettes, � savoir un g�teau aux amandes, des sabl�s au chocolat, un g�teau aux cacahu�tes, des cornes de gazelle, griwech et autres aux noix, j�en ai eu pour 4 000 DA.� Pour revenir aux femmes qui continuent de penser que la f�te de l�A�d ne peut pas avoir de charme sans la confection par soi-m�me des g�teaux, elles n�h�sitent pas � mettre la main � la p�te. Elles dressent avant tout la liste des g�teaux � pr�parer, entre autres la corne de gazelle, la baklawa, samsa, cigare aux amandes, g�teaux secs, makrout, griwech, mchawak, knidl�t, ka�k oranais, arayech... de l�, elles peuvent aller acheter les ingr�dients. Toutefois, la diff�rence entre le g�teau pr�t � emporter et celui que l�on confectionne soi-m�me r�side dans la quantit� que l�on obtient en pr�parant soi-m�me ses g�teaux. Elle peut aller � presque le double de celle command�e. C�est pour cette raison d�ailleurs que des femmes au foyer sont en train de concurrencer les magasins de g�teaux traditionnels et se mettent elles aussi � confectionner des g�teaux pour les vendre, afin d�arrondir leurs fins de mois. Ainsi, en obtenant des quantit�s importantes elles gardent le surplus pour leur f�te de l�A�d. Le client, lui, se contente de sa commande au kilo et ne se soucie pas du surplus. Chacun y trouve son compte, et c�est ainsi que l�on passe peu � peu d�une tradition, qui consiste � pr�parer soi-m�me ses g�teaux de l�A�d, aux calculs, � l��conomie d�effort et d�argent parfois. L�essentiel �tant de garder l�essence m�me de cette f�te, l�A�d ne doit pas passer sans que la table soit garnie de diff�rents g�teaux, command�s ou confectionn�s � la maison, l� n�est plus la question.