Mode n Les femmes au foyer s'y mettent. Elles sont de plus en plus nombreuses à faire leurs commandes de gâteaux auprès de certains magasins spécialisés. De plus en plus nombreuses à faire ce choix, y compris celles issues de l'ancienne génération, les femmes préfèrent, de nos jours, acheter les incontournables gâteaux traditionnels pour fêter l'Aïd plutôt que de les préparer elles-mêmes à la maison. Sur le plan financier, cela revient presque au même d'acheter certains ingrédients nécessaires à leur confection, surtout en ces temps où le portefeuille des ménagères est mis à rude épreuve. En outre, comme chacun sait, certaines traditions culinaires commencent à se raréfier de plus en plus chez nous ces dernières années. Peu de femmes au foyer de nos jours préparent des plats traditionnels, comme le couscous fait main et à domicile. C'est devenu rare même parmi les anciennes. Rencontrée dans une pâtisserie, El hadja Zouina, de Birkhadem, nous a confié : «C'est plus économique d'acheter les gâteaux que de les préparer à la maison. En plus, je veux m'éviter ce casse-tête.» Et d'ajouter : «Je compte acheter au moins quatre modèles de gâteaux, soit 250 unités chacun, pour en offrir à mes filles mariées, mes belles-filles et à ma sœur aînée, Razika, le jour de l'Aïd.» «Les préparer, c'est une vraie corvée !», a estimé pour sa part Linda, enseignante à l'université de Bouzaréah. Pour Leïla d'Alger, «cela demande beaucoup d'efforts, et le résultat n'est pas garanti». «Dans la préparation de certains gâteaux modernes, il y a toujours un risque et je crains de les rater surtout ceux aux amande. Ce sera donc de l'argent perdu bêtement.» Les femmes modernes n'ont plus le temps ni la patience de fabriquer des gâteaux à domicile, de l'aveu de Ghania, avocate près le tribunal d'Alger, qui n'hésite pas à nous dire : «Oh, vous savez, il est difficile de trouver du temps entre le travail et les tâches ménagères, surtout en ce mois de ramadan… Je n'envisage pas de préparer quoi que ce soit, je préfère tout acheter ! Lala Ouicha, une sexagénaire résidant à La Casbah, estime au contraire que cela a plus de charme de préparer ses gâteaux soi-même. «Eh oui, à notre époque, nous préparions les gâteaux pour les fêtes de mariage, de circoncision, l'Aïd, et notre propre pain. Aujourd'hui, les femmes préfèrent tout acheter à l'extérieur : mhadjeb, couscous, rechta, gâteaux…» Au grand bonheur des grands magasins, qui voient leurs chiffres d'affaires grimper. Rencontrée dans une boutique spécialisée dans la vente des ingrédients entrant dans la composition de certains gâteaux, Farida, une dame de Birkhahem, réputée pour être une experte dans la confection de gâteaux orientaux et traditionnels, a révélé : «A présent, j'ai reçu une centaine de commandes et je travaille jour et nuit pour satisfaire ma clientèle. Pas plus tard que ce matin, une femme au foyer a passé commande pour trois types de gâteaux : el baklawa, kaâk nakach et samsa… Le gérant d'un magasin de gâteaux traditionnels au niveau de Didouche Mourad, affirme avoir reçu plus de 300 commandes pour plusieurs modèles, rien que ces deux derniers jours. Il avoue, en effet, envisager de cesser de prendre des commandes craignant de ne pouvoir honorer le délai qui lui est imparti.