Il n'y a pas � dire : les feuilletons �gyptiens sont peut-�tre insipides, et sans saveur dans l'ensemble, mais on s'ennuie sans eux. Ce Ramadan, mois des feuilletons par excellence, aura manqu� de ce sel qu'apportaient chaque ann�e les s�ries venues d'�gypte. On s'ennuiera encore plus pour ces derniers jours, maintenant que nous n'avons plus Sa�dane comme d�rivatif. Eh oui ! Il a fini par craquer, l'entra�neur national, et par l�cher le banc sur lequel il se tenait immobile, comme fig� pour l'�ternit�. La statue a boug� et a regagn� les vestiaires, pour en ressortir par une issue d�rob�e, comme tous les dieux du stade d�chus. Habitu� � gagner par z�ro � z�ro, comme avec l'Angleterre, Sa�dane a fini par perdre, un but � un, contre la tr�s modeste �quipe de Tanzanie. Je m'arr�te ici pour ne pas m'entortiller davantage avec la meute qui va, ou qui ira � la cur�e. D'ailleurs, je ne m'en fais pas trop pour l'avenir de Sa�dane qui finira, dans le pire des cas, comme chauffeur de taxi � Montr�al. �change de bons proc�d�s oblige. En tout cas, il ne sera plus l� pour servir de paratonnerre, face aux foudres des supporters d��us, mais que dire des joueurs ? Attendezvous, dans les prochains jours, � en voir et � entendre de belles sur les s�lectionn�s, y compris de la part des favoris de l'ex-entra�neur national! D�j�, le pauvre M'bolhi, gardien de but adul� il y a quelques semaines, est le pigeon favori sur le stand de tir improvis�. C'est le quotidien Al-Nahar qui a ouvert le feu, en premier, avec un coup, pas tr�s franc et vicieux, tir� de fa�on indirecte et la Bulgare. Ce sont les journaux bulgares, en effet, qui ont �t� appel�s la rescousse pour d�molir l'idole, et ils ont bien fait leur travail, � en croire les morceaux choisis par Al-Nahar. Au palmar�s des mal aim�s, M'bolhi a vraiment la cote avec des journaux comme Al-Nahar. D�j� montr� du doigt, comme principal animateur des �orgies� suppos�es de joueurs de l'�quipe nationale, M'bolhi est d�sormais coresponsable de nos d�boires, avec Sa�dane bien s�r. Les tireurs embusqu�s aux abords de la surface de r�paration, en position de hors-jeu, diront encore que les origines ethnicoreligieuses de M'bolhi n'y sont pour rien. Sceptique au-del� de toute mesure, je ne suis pas pr�s de croire � la sinc�rit� des intentions chez certains confr�res(1). Dans notre malheur, si je puis dire, nous avons au moins la consolation de savoir que notre voisin marocain et futur adversaire n'a pas fait mieux. Les Marocains n'ont r�ussi qu'un match nul, et sur un score vierge, lors de leur match de samedi contre la Centrafrique. Ils avaient l'avantage psychologique de jouer, au lendemain de la rencontre Alg�rie- Tanzanie, mais ils n'en ont pas profit�. Je ne suis pas s�r, du reste, que le demi-�chec du Maroc soit vraiment de bon augure pour nous. Il faut sans doute se rappeler que dans cette �quipe du Maroc, joue un certain Chamakh, et que ce joueur est hyper motiv� lorsqu'il est align� contre l'Alg�rie. Souhaitons qu'il ne s'avise pas de combler son d�ficit en buts, au d�triment de notre �quipe nationale, et que la loi des s�ries joue, pour une fois, en notre faveur ! En attendant, les Marocains qui n'ont pas boycott� les feuilletons �gyptiens commencent � se demander s'ils ne seraient pas plus avis�s de nous imiter. Les �gyptiens n'ont, certes, jamais accus� les Marocains d'atteinte aux fondements de la puret� ethnique, tels que d�finis par la Ligue arabe. Ils ne se sont jamais hasard�s � traiter ses habitants, plus amazighs que nous, de �Berb�res�, sans Histoire et sans gloires. Ce qui d�montre leur faiblesse insigne en g�ographie et surtout en Histoire, la mati�re au plus faible coefficient dans le cursus scolaire arabe. � tel point qu'on pouvait se demandait s'il n'y avait pas l� mati�re � collusion, voire � coalition anti-alg�rienne entre Le Caire et Rabat. Il n'en est rien puisque tout complot potentiel est �vent� depuis la diffusion de ce feuilleton �gyptien, intitul� Al'a�r (la Honte ou le D�shonneur). Les Marocains sont doublement en col�re, � la fois contre les intentions du r�alisateur �gyptien et contre l'actrice marocaine Im�ne Chaker. Cette derni�re, lit-on sur le magazine Elaph, a �t� �lue en 2009 reine de beaut� du Maroc puis du monde arabe. Dans la m�me ann�e, elle a �galement re�u la distinction de super mod�le arabe. Im�ne joue dans le feuilleton Al'a�r le r�le d'une fille de joie que se disputent un trafiquant de drogue et un milliardaire du Golfe. Normalement, la nationalit� de la prostitu�e n'est pas pr�cis�e dans le feuilleton, m�me si son interpr�te est la Marocaine Im�ne Chaker. Mais lorsque l'acteur Youssef Chabane(2) lui parle, elle r�pond, avec son accent natal, qu'elle ne comprend pas ce qu'il dit parce qu'elle est marocaine. C'est cette r�plique qui a plus s�rement mis le feu aux poudres, au Maroc, o� les m�dias et les associations f�minines se sont insurg�s contre des proc�d�s qui ternissent l'image de la femme marocaine. Khadidja Riadhi, une militante des droits de la femme cit�e par Elaph, affirme qu'il y a une tendance globale dans le monde arabe � pr�senter une image n�gative de la femme, per�ue comme un objet sexuel. L'incident est d'autant plus malvenu qu'il survient quelques jours apr�s un autre toll� soulev� par un dessin anim� diffus� sur la cha�ne kowe�tienne El-Watan. R�alis�e par le Kowe�t, �Bouktada et Abou-nabil�, une s�rie anim�e, raconte les aventures marocaines de jeunes Kowe�tiens. Ce feuilleton qui aurait fait l'objet d'une protestation officielle des autorit�s marocaines aupr�s du gouvernement kowe�tien est consid�r� comme une insulte pour le royaume. Non seulement les deux voyageurs doivent s'acquitter d'un bakchich aupr�s des agents des autorit�s a�roportuaires, mais ils doivent subir aussi le harc�lement des femmes marocaines. Nos riches Kowe�tiens sont, en effet, pris dans les rets de suborneuses marocaines qui ont recours � des artifices et notamment la sorcellerie pour se faire �pouser. Au moment o� ils vont succomber et prononcer la formule fatale qui fait d'eux des polygames l�gaux, c'est le coup de th��tre ! Les �pouses des deux jeunes gens qui se m�fiaient des s�ductions marocaines et les avaient suivis mettent en �chec le complot. Les Marocaines, et bien entendu les Marocains, sont de plus en plus exc�d�es par la fa�on dont elles sont per�ues dans le monde arabe. Toutefois, ce n'est pas sans raison que cette image de la femme marocaine �voleuse de maris� est v�hicul�e. � la mi-ao�t, l'�crivaine saoudienne Wajiha Al-Howeidar, connue pour ses positions f�ministes, avait publi� la lettre ouverte d'une �pouse des �mirats au ministre marocain de la Justice. L'�pouse se plaignait du fait que son mari l'avait abandonn�e avec ses trois enfants, pour �pouser une Marocaine dont il �tait tomb� amoureux. En mars dernier, Wajiha s'�tait fait l'avocate d'une �pouse saoudienne, victime de la m�me m�saventure. C'est vrai qu'il n'y a pas de fum�e sans feu, surtout quand il vous prend quelque part. Mais si vous ne voulez pas que vos maris succombent au charme des Marocaines, Mesdames, revenez plus souvent � vos miroirs! Mieux encore : ne les l�chez pas d'une semelle, surtout lors de leurs voyages d'affaires au Maroc ! A. H. 1) Belle le�on d'humilit� chez Al- Nahar qui affirme, photos � l'appui, que le journal L'Equipe a imit� sa �une� de samedi dernier. �La Catastrophe�, titre Al-Nahar, �Catastrophique�, r�plique L'Equipe. La vraie catastrophe, c'est que les �unes� datent du m�me jour. Faut-il en d�duire qu'il y a une taupe fran�aise � Al-Nahar ? 2) L'acteur bedonnant et s�ducteur des ann�es cinquante et soixante est toujours l�, mais dans un autre registre, celui de musulman pieux, arborant les stigmates de multiples prosternations et celui de berger pour brebis �gar�es.