�Ils bossent ici ; ils vivent ici ; ils restent ici� ou �non au morcellement ethnique de la R�publique� ou encore �Juifs et Arabes unis pour la justice� et tant d�autres slogans cri�s par des milliers de personnes et accompagn�s de musique tsigane, fran�aise et m�me (nous l�avons entendue diffuser par les camions de la CGT) alg�rienne, rythmaient l�interminable manifestation parisienne de samedi. Ils ont tous dit non � un gouvernement qui veut faire croire que si cela va mal, c�est � cause des �trangers et des couches d�favoris�es, trop assist�es�. A l��vidence, l�ampleur des vagues de gens sortis dans les rues samedi augure de la forte mobilisation de mardi prochain contre le nouveau projet de retraites. De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed Combien �taient-ils � r�pondre � l�appel d�associations, syndicats et partis de gauche dimanche ? 100 000, disent les organisateurs alors que Hortefeux annonce, dans un communiqu�, pas plus de 77 300, ce qui, selon lui, aurait cr�� la d�ception des organisateurs. Pour le ministre de l�Int�rieur, cette manifestation n�entamerait en rien sa d�termination � poursuivre sa politique s�curitaire r�pressive. Mais au fond, est-il besoin de statistiques sur le nombre de manifestants ? Dans la capitale par exemple �o� nous �tions pr�sents de la place de la R�publique � la Bastille�, une procession ininterrompue de militants politiques, syndicaux, d�ONG ou de simples citoyens non encart�s ont r�pondu � l�appel et sont venus dire leur ras-le-bol : �Une ligne rouge a �t� franchie par le pouvoir Sarkozy, �a suffit ! Non � l�expulsion honteuse des Roms, et d�finitivement non � la politique actuelle d�immigration.� La borne a �t� franchie, rappelons-le, cet �t� (le 31 juillet) par le chef de l��tat fran�ais qui, dans un discours � Grenoble, d�clarait la guerre aux d�linquants qui, selon lui, n��taient autres que les Roms et les Fran�ais �issus de l�immigration�. Ainsi, il annon�ait qu�il allait �largir les conditions pour la d�ch�ance de la nationalit�. Depuis, les �vacuations de campements roms et les expulsions vers la Roumanie se sont multipli�es, malgr� les critiques venues de l�ONU, de Beno�t XVI, de la Commission europ�enne, et m�me de certaines personnes de la majorit�. Depuis, aussi, ces annonces pr�sidentielles se sont mat�rialis�es par un projet de loi sur la nationalit� qui sera int�gr� dans la loi sur l�immigration et qui sera soumis le 27 septembre au Parlement. Le feu a �t� mis � la poudri�re et les Fran�ais, quoi qu�en puisse dire l�extr�me droite �ancienne ou nouvelle� disent non et non � cette politique �x�nophobe�! La mobilisation a franchi les fronti�res de l�Hexagone. Le R�seau europ�en contre le racisme (ENAR) a organis� des rassemblements devant les ambassades ou consulats fran�ais dans plusieurs villes europ�ennes comme Bruxelles, Rome, Barcelone, Londres, ou encore en Roumanie. A Paris, le ton de la manifestation de samedi �t� donn� d�s 11h du matin. Les oreilles d�Eric Besson ont d� bien siffler, puisque sous les fen�tres de son bureau au minist�re de l�Int�rieur, des artistes fran�ais et autres personnalit�s, dont St�phane Hessel, R�gine, Agn�s Jaoui, Jane Birkin, Jeanne Cherhal, ont entonn� symboliquement la c�l�bre chanson �les Petits Papiers� de Serge Gainsbourg, �crite pour R�gine, et qui �voque la d�tresse des gens. Re�ue sur sa demande par Eric Besson, une d�l�gation compos�e des chanteuses R�gine et Jane Birkin, de l��crivain Dan Franck et de l�ancien r�sistant St�phane Hessel, a d�clar� � l�issue de cet entretien qu�il y a eu, avec le ministre, un dialogue de sourds. Ces personnalit�s ont alors toutes rejoint la manifestation o� elles se sont retrouv�es au coude � coude avec, entre autres, Marie- Georges Buffet (PCF), Bernard Thibault (CGT), Jean-Luc M�lenchon (Parti de gauche), Bertrand Delano� (Maire PS de Paris), Jean-Paul Huchon (PS Ile-de-France), Olivier Besancenot (Nouveau parti anticapitaliste NPA), C�cile Dufflot (les Verts), Corinne Lepage, ex-ministre, Danielle Mitterrand�