L'Association nationale des distributeurs des produits pharmaceutiques (Adpha) a réagi à la grève blanche lancée par le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) en raison du manque de médicaments, estimant que ce même syndicat présente une liste de produits exagérée et se trompe de cible en s'attaquant aux distributeurs. Le problème de pénurie est devenu une carte pour tous les acteurs intervenant dans la longue chaîne du médicament, pourtant, la situation s'est nettement améliorée malgré la crise sanitaire, et ce, de l'avis de plusieurs professionnels de la santé. Les raisons de ces ruptures sont multiples et tiennent à des problèmes inhérents au fonctionnement du mode de régulation, c'est que le nouveau ministère de l'Industrie pharmaceutique «commence tout juste à mettre en œuvre un programme d'action plutôt ambitieux» malgré la résistance observée sur le terrain et qui renseigne sur un marché juteux et des enjeux énormes au point où certaines organisations dépassent leurs prérogatives de défendre les intérêts du malade. Et si le Snapo précise qu'il y a plus de 300 médicaments en rupture, l'Adpha insiste pour dire que ce chiffre est exagéré et qu'il ne dépasse pas les 100 produits. Selon la réponse de l'association des distributeurs, «au cours des derniers mois, le Snapo, un des syndicats représentant les pharmaciens d'officine, a mené une campagne de presse sans précédent pour dénoncer le phénomène des ruptures qui existe pourtant depuis plusieurs années et pour désigner les distributeurs comme responsables d'un problème complexe qui trouve fondamentalement sa source dans un certain nombre de faiblesses systémiques qui ne peuvent être surmontées instantanément et nécessitent la mise en place d'outils adéquats». Tous les acteurs sont soumis «aux mêmes contraintes et aux mêmes règles et visent le même objectif, celui de fournir un service de qualité aux patients». Les distributeurs attribuent les ruptures aux retards des autorisations de programmes d'importation, aux limites du système d'enregistrement, à la gestion des interdictions d'importation, et à l'absence d'un système d'information. «Ce sont ces problèmes en amont qui dérèglent la distribution et non l'inverse», précise le communiqué de l'Adpha qui rappelle qu'une réorganisation en profondeur est engagée et qu'«il nous semble raisonnable de faire preuve de patience et de compréhension, pour un phénomène persistant depuis plusieurs années et ainsi pouvoir apprécier, dans la durée et sur pièces, ce qui en résultera concrètement sur le terrain». Il est à savoir que la crise économique sévère due à la pandémie a considérablement réduit les capacités financières de notre pays et des turbulences ont été engendrées. Dans un tel contexte, les acteurs principaux du secteur devraient s'en tenir à un minimum de réserve, et ne devraient pas alimenter les inquiétudes qui s'expriment au niveau de la population, selon l'Adpha qui précise que « le moment actuel est vraiment mal choisi pour jeter de l'huile sur le feu, sachant le poids et l'ampleur de la crise sanitaire à laquelle l'Algérie doit faire face». Quant à l'intention du Snapo de mettre fin à des pratiques condamnées par la loi, «il devrait inciter ses membres à aller au bout de leur démarche, en déposant des plaintes en bonne et due forme et à traduire en justice les distributeurs concernés, à titre individuel, au lieu de s'en prendre de manière discriminatoire à toute une corporation», accuse l'association qui fait preuve de sagesse en ces temps de crise sanitaire et recommande plutôt «de faire prévaloir le dialogue et la recherche de solutions constructives, impliquant producteurs, distributeurs et pharmaciens d'officine en concertation étroite avec les autorités publiques compétentes», conclut le président de l'Adpha. I. T.