Le torchon brûle entre les syndicats des pharmaciens et les distributeurs de médicaments. Ces derniers sont accusés « d'être derrière la pénurie de certains produits pharmaceutiques ». Le syndicat national des pharmaciens algériens agréés a accusé, par la voix de son porte-parole, Samir Wali, certains distributeurs de faire le chantage aux officines pharmaceutiques en leur imposant une vente concomitante de certains produits, s'insurgeant contre « ceux qui stockent les médicaments pour provoquer une pénurie artificielle sur le marché ! », a-t-il dénoncé lors de son intervention la semaine passée sur les ondes de la radio nationale. L'association nationale des distributeurs a réagi. Les membres de l'association ont voulu éclairer l'opinion publique, à travers un communiqué rendu public hier, en affirmant que « le nombre de médicaments manquants dépassant les 300 est une exagération, car le nombre exact de médicaments manquants ne dépasse pas 100 produits ». L'association des distributeurs réfute les accusations du syndicat des pharmaciens, en précisant que « la vraie raison de cette rareté est la forte propagation de la pandémie qui a engendré une augmentation significative de la demande de certains produits ». A cela s'ajoute, précisent les rédacteurs du communiqué, « des perturbations dans l'approvisionnement du marché mondial des matières premières et des perturbations enregistrées dans les moyens de transport d'autre part». Et de préciser que ces informations sont largement accessibles sur internet. Pour l'association, « accuser les distributeurs d'être à l'origine de ce phénomène ou d'en avoir bénéficié porte un grand préjudice à leur égard car en plus des patients, ils sont aussi des victimes de cette situation ». Et ce, soulignent-ils, « surtout avec les pressions supplémentaires qui leur sont imposées qui de surcroît augmentent la difficulté d'exercer leur métier dans ces conditions de santé exceptionnelles ». L'association des distributeurs renvoie la balle au syndicat des pharmaciens en signalant que « la multiplication de ces déclarations malveillantes entraînera une augmentation de la crainte des citoyens, en particulier des personnes atteintes de maladies chroniques, du risque de perdre l'accès à leurs médicaments ». Et d'jouter : « ce qui les poussera à effectuer des stockages préventifs et à l'élargissement de ces pénuries à d'autres produits ». Les membres de l'association des distributeurs ont accusé à leur tour le syndicat « de vouloir instrumentaliser cette rupture de certains produits en lançant une campagne médiatique visant à atteindre des objectifs syndicaux en pleine pandémie ». Ils invitent ainsi les syndicats des pharmaciens à un dialogue responsable entre toutes les parties concernées sous le patronage du ministère de l'Industrie pharmaceutique. Un dialogue est si nécessaire car le problème de rupture de médicaments ne date pas d'aujourd'hui. Il faut rappeler aussi que les principales associations professionnelles du secteur du médicament ont mis sur pied, en juin 2016, un espace de coordination, de concertation sous la dénomination de la « Fédération algérienne du médicament ». Cette fédération regroupant l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP), le Syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO) et l'Association des distributeurs pharmaceutiques algériens (ADPHA) a été justement créée « pour défendre les intérêts moraux et matériels de l'ensemble de la chaîne du médicament, qu'il s'agisse de sa fabrication, de son importation, de sa distribution ou de sa dispensation ». Elle a été, également, conçue pour contribuer de manière significative à la garantie d'un approvisionnement régulier du marché national et d'une disponibilité, sans faille, du médicament sur l'ensemble du territoire national. Du fait que la santé et la vie des personnes dépendent de l'accessibilité aux soins et aux médicaments, les producteurs pharmaceutiques, les distributeurs et les syndicats du secteur ont une responsabilité particulière pour prévenir les ruptures d'approvisionnement. Les ruptures de médicaments pourraient s'aggraver dans le futur si jamais la crise sanitaire du Covid-19 perdure, d'où la nécessité de favoriser un dialogue responsable avec tous les acteurs du secteur.