L'ère des énergies fossiles sera révolue. L'adoption au plus vite d'un nouveau modèle énergétique est plus que vitale. Un challenge que l'Algérie semble prendre au sérieux depuis quelques mois. Pour réussir sa transition énergétique, elle mise sur l'énergie verte et la rationalisation de la consommation d'énergie. Rym Nasri – Alger (Le Soir) – L'Algérie est plus que jamais déterminée à sortir de l'addiction des énergies fossiles. Elle compte réellement passer de l'actuelle ébriété énergétique à la sobriété énergétique. Pour relever ce défi, la cinétique de l'investissement sur le gaz naturel et le pétrole doit rapidement être freinée. L'avenir est désormais dans l'énergie verte provenant du soleil, de l'éolien et de la géothermie. Aujourd'hui, le recours aux énergies renouvelables est incontournable. Finies les centrales thermiques et place aux centrales solaires et éoliennes. D'autant que le coût du Kw/h d'électricité solaire, assurent les experts, est moins élevé que celui du Kw/h d'électricité thermique. La mise en place d'un ministère dédié exclusivement à la Transition énergétique et aux Energies renouvelables est venue renforcer et consolider la démarche de l'Etat. Des plans d'action ont été ainsi mis en place. Un projet de 15 000 mégawatts et un autre de 1 000 mégawatts doivent être concrétisés chaque année, et ce, jusqu'à 2035. Même la Sonelgaz, estime le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, Chems-Eddine Chitour, doit, elle aussi, faire sa mutation et aller vers la transition énergétique. Selon lui, la création d'une «société bis» qui s'occuperait du renouvelable, en mettant en place le plan solaire et le plan éolien, reste indispensable. Outre la transition énergétique, le ministère du secteur mise également sur la rationalisation de la consommation d'énergie. Les transports sont pointés du doigt comme étant des plus grands gisements d'économie d'énergie. Dix-sept millions de tonnes de pétrole, dont deux millions importés, et dix millions de tonnes de gasoil sont annuellement consommées. «Il faut faire des économies d'énergie, d'autant qu'il n'y aura plus d'importation de carburant en 2021», fait remarquer le Pr Chitour. Les pouvoirs publics envisagent ainsi d'abandonner l'essence et le diesel et d'opter pour le GMC et le GPL. En 2020, pas moins de 80 000 voitures ont été converties au GPL, tandis que 200 000 autres le seront en 2021. Une opération qui permettra d'épargner 200 000 tonnes d'essence. «Nous comptons nous attaquer au plus grand gisement qui est celui du gasoil et du diesel. Pour la première fois, l'Algérie va mettre en place le diesel fioul», note le ministre. La locomotion électrique reste, tout de même, l'une des plus grandes ambitions du ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables. Un grand chantier qui s'impose, puisque les voitures thermiques vont de plus en plus être retirées du marché européen. Selon le Pr Chems-Eddine Chitour, notre pays a un délai de dix ans pour réussir la révolution de la locomotion électrique qu'il préconise de démarrer au plus vite, sans perdre de temps. Le schéma national de l'importation des véhicules doit donc être revu pour les voitures, mais aussi pour les bus et les trains qui doivent se mettre à l'énergie électrique. Le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables avait assuré que l'Algérie s'est déjà dotée de cinq bornes électriques, destinées aux stations de service de Naftal, implantées sur l'autoroute Est-Ouest. Mieux encore, ces stations, précise-t-il, seront dotées d'électricité solaire. La transition énergétique est, certes, en marche, mais le court délai de dix ans, pour réussir ce modèle énergétique, impose au gouvernement de redoubler d'efforts et de mettre en place des solutions innovantes. Ry. N.