L'Algérie n'a pas d'autre solution que de sortir des énergies fossiles et d'adopter les énergies renouvelables. Cette voie vers un nouveau modèle énergétique algérien est, pour le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, un challenge graduellement réalisable. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Sortir de l'ébriété énergétique fossile actuelle pour aller vers la sobriété énergétique est le défi qui attend l'Algérie. Plusieurs départements ministériels sont justement concernés par cette transition énergétique. «La transition énergétique est une cause commune. Nous sommes tous embarqués sur le même bateau. Nous devons donc faire réussir cette nouvelle vision de société qui passe par la nécessité de faire un état des lieux», a soutenu Chems-Eddine Chitour, ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, lors de la réunion des points focaux des ministères, tenue jeudi dernier, à Alger. Afin de sortir de cette dépendance aux hydrocarbures, la mise en place d'une stratégie «robuste» s'impose. À cet effet, le ministre insiste sur l'indépendance aux énergies fossiles, le recours davantage aux énergies renouvelables, la réduction du gaspillage, et l'utilisation rationnelle de la rente. «Consommer moins en consommant mieux pendant qu'il est encore possible que l'Algérie puisse donner les quantités d'énergie nécessaires. Si nous continuons sur le rythme actuel, il arrivera un moment où nous serons obligés, non pas de rationaliser la consommation d'énergie, mais de la rationner», avertit-il. Mais comment éviter d'arriver à cette extrémité ? Selon Chitour, cette éventualité dépend de plusieurs éléments. Il souligne que la population algérienne sera de 55 millions d'habitants en 2030, et il s'interroge s'il sera possible de continuer à assurer 1 500 kilowatts par habitant et par an. «Non, à ce rythme», répond-il. Et de préciser que l'Algérie est à près de 20 000 mégawatts, alors que ses besoins en 2030 atteindront l'équivalent de 50 000 mégawatts. «Si nous continuons avec les énergies fossiles, nous n'irons pas loin. Il faut rapidement mettre en place un plan des énergies renouvelables et, en même temps, faire la chasse au gaspillage.» Il cite ainsi l'objectif d'abandonner l'essence et le diesel pour opter pour le GMC et le GPL et, surtout, poursuit-il, «essayer de convaincre qu'il faut aller vers la transition énergétique électrique». Il rappelle, à cet effet, que le monde de la locomotion électrique débutera à partir de 2030. «Il faut que nous prenions le train de la révolution verte et de l'électricité d'origine renouvelable. Nous avons dix ans devant nous pour réussir cette révolution, mais il faut la démarrer maintenant», ajoute-t-il. Le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables évoque également la revalorisation des déchets. «Les décharges algériennes sont des trésors. Nous pouvons en tirer du biogaz, du fer, du verre, du plastique, des métaux, du papier (...) Il faut faire preuve d'imagination pour recycler tout ça, et donner une seconde vie aux choses», dit-il. Il évoque, par ailleurs, la création d'un institut de la transition énergétique qui sera implanté à Sidi-Abdallah, à l'ouest d'Alger. «Cet institut est destiné à la formation en postgraduation d'experts dans les énergies renouvelables. La première promotion est prévue en 2021», note-t-il. Ry. N.