Au-del� de la disparition regrettable d�un homme qui a su traduire la rigueur dans son acception v�ritable, le d�c�s, dimanche, de Mohamed-Salah Mentouri nous a fait saisir, � travers les hommages rendus, que les institutions sont ce que l�homme veut qu�elles soient, non l�inverse. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir)- Mohamed-Salah Mentouri a pr�sid� aux destin�es du Conseil national �conomique et social (Cnes) pendant pr�s d�une d�cennie, de d�cembre 1996 � mai 2005. Il en a fait une institution digne du nom et de renom, au dam certain d�un ex�cutif qui vivait la remise en cause de sa statistique et de sa pr�vision comme un crime de l�se-autorit�. Les notes de conjoncture et rapports du Cnes ont rarement loup� d�opposer une contradiction aux performances pr�tendues du gouvernement. Mohamed-Salah Mentouri veillait � ce que la vie �conomique et sociale ne soit pas pr�sent�e sous un prisme d�formant. Pari difficile, mais impeccablement r�ussi par un homme dont la probit� et la rectitude intellectuelle est attest�e par tous. Il va sans dire que les libert�s prises par le Cnes, un organisme consultatif, ne pouvaient �tre du go�t du gouvernement. Du pouvoir en place, en somme. Aussi est- venu � l�id�e des dirigeants, le pr�sident Bouteflika en t�te, de repenser les comp�tences du Cnes. L�on se souvient de cette phrase �arr�tez de critiquer�, lanc�e en 2004 � l�adresse de Mohamed- Salah Mentouri par Ahmed Ouyahia, alors chef du gouvernement. C��tait lors d�une des derni�res sessions que le Cnes tenait sous la pr�sidence de Mentouri. Au m�me moment, en haut lieu, r�flexion �tait engag�e pour �ventuellement faire que les rapports produits par l�institution soient non publiables. Le gouvernement n�est jamais pass� � l�acte. Mais y avait-il besoin, apr�s le d�part de Mentouri ? Apr�s mai 2005 et l�intronisation de Mohamed Seghir Bab�s, le Cnes est revenu � �des sentiments meilleurs� � l�endroit de l�ex�cutif. Depuis, ses rapports et notes ont rarement sonn� la contradiction avec les chiffres officiels. Au point d�ailleurs o� l�int�r�t m�diatique pour les publications de l�institution a connu un d�clin patent. Le Cnes est redevenu une institution ordinaire, comme tout l�arsenal d�observatoires qui, au plus gros de leurs efforts, ne font que reproduire, comme pour l�affirmer, la pr�vision officielle. Mentouri a fait du Cnes qu�il pr�sidait un instrument de veille et d�alerte. De cela, d�aucuns t�moignent. Et quel meilleur hommage pour l�homme que d�attester de son honn�tet� et de sa comp�tence, en somme de son �uvre utile.