De Tunis, Mohamed Kettou «Nous avons besoin d'un vaccin anti-mensonge, bien que je doute de son efficacité.» C'est en ces termes que le Président tunisien Kaïs Saïed s'est adressé, lundi, à ses détracteurs et en particulier à ceux qui font circuler de fausses informations pour le discréditer aux yeux du peuple. C'est une affaire relative à l'arrivée à la présidence de la République de mille doses de vaccin anti-Covid-19 en provenance des Emirats arabes unis qui a provoqué le courroux du Président, accusé d'avoir, dans un but inavoué, caché l'arrivée de cette livraison. En fait, l'information est avérée. Toutefois, la présidence avait acheminé les vaccins vers le ministère de la Défense nationale sans porter ce geste à la connaissance de l'opinion publique. Pour les médias et les réseaux sociaux, c'était une «bourde» de plus, commise par Carthage, et c'est l'occasion pour les «ennemis» de Kaïs Saïed de monter au créneau. Rached Ghannouchi nie être au courant de cette affaire, alors que ses collègues députés l'ont dénoncé, affirmant qu'il avait été vacciné. De son côté, le chef du gouvernement qui, à son tour, nie être au courant, annonce avoir ordonné une enquête pour déterminer les tenants et les aboutissants de cette affaire. Comment le croire, s'interrogent les observateurs, alors que la pharmacie centrale qui accorde l'agrément est placée sous la tutelle du gouvernement ? C'est comme si la Tunisie manquait de problèmes, a rappelé le chef de l'Etat qui voit dans cette «cabale» un moyen de détourner l'attention du peuple qui souffre dans sa vie quotidienne, sans compter la «nonchalance» qui caractérise l'action du gouvernement dans le traitement de la pandémie de Covid-19. En effet, alors que la vaccination a été entamée dans un grand nombre de pays, la Tunisie est encore dans l'attente du «sésame» annoncé, en vain, pour la mi-février. Malgré une décrue relative du nombre des contaminations et des décès, la situation est encore plus qu'inquiétante, voire grave, selon les spécialistes. Lundi, Nissaf Ben Alaya, porte-parole du ministère de la Santé publique, avait lancé une mise en garde contre une nouvelle vague de contaminations au Covid-19. D'autant plus que la Tunisie n'est pas encore parvenue à maîtriser, comme il se doit, la situation sanitaire. Des cas de contamination du virus mutant auraient été détectés dans la région de Kasserine. Si cela se confirme, le risque est grand de voir se dégrader tout le système sanitaire. Pour le directeur de l'Institut Pasteur, Hachemi Louzir, il faut attendre quelques jours pour mesurer les conséquences néfastes des autorisations accordées au Parti destourien libre (PDL) de Abir Moussi, et au parti islamiste de Rached Ghannouchi, d'organiser des meetings ayant réuni des dizaines de milliers de manifestants. M. K.