La Tunisie attend toujours la fin du feuilleton gouvernemental, alors que le blocage persiste quant à la prestation de serment de Hichem Mechichi et de son équipe, dont 11 nouveaux ministres parmi lesquels certains sont contestés par le président tunisien Kaïs Saïed. Le Premier ministre qui bénéficie du «soutien» de la formation islamiste Ennahdha de Rached Ghannouchi et, par-là même, de celui de la troïka où l'on trouve al Karama et Qalb Tounes, a saisi le tribunal administratif, lundi dernier, arguant du fait que son gouvernement a obtenu le vote de confiance du parlement tunisien, dominé par les trois partis précités. Sa correspondance a été confirmée par la justice administrative qui s'est déclarée en phase de consultation mais ne dispose d'aucune prérogative pour influer sur le cours des évènements et encore moins résoudre le problème juridique auquel le pays est confronté, faute d'avoir mis en place une cour constitutionnelle en 2014. Voilà déjà deux semaines que le bras de fer est engagé entre Carthage, d'une part, la Kasbah et, indirectement, le Bardo, d'autre part. Le chef de l'Etat qui a évoqué de fortes présomptions de corruption à l'égard de certains des 11 nouveaux ministres n'a toujours pas divulgué de quels ministres il s'agit exactement. En outre, la lettre de rappel adressée par Hichem Mechichi pour lui demander de fixer une date pour la prestation de serment a été renvoyée à l'expéditeur, la Présidence tunisienne affirmant qu'une erreur est apparue sur l'enveloppe de cette correspondance. Du coup, les réseaux sociaux se sont emparés de cette nouvelle polémique pour la commenter dans tous les sens, photos du document à l'appui. Hier, le président Kaïs Saïed a invité des représentants de blocs parlementaires pour une réunion, consacrée à la crise politique que traverse la Tunisie, une invitation dont sont exclus les députés du Parti destourien libre de Abir Moussi, ceux de Qalb Tounes de Nabil Karoui, et ceux de la coalition islamiste al karama, ces deux dernières formations faisant partie de la troïka avec Ennahdha et apportant leur appui à Hichem Mechichi. Aussi, est-on quelque peu surpris par la présence d'Ennahdha à cette réunion, à laquelle elle délègue Samir Dilou et Naoufel Jemmali, tandis qu'un ancien élu de Qalb Tounes, devenu indépendant, Hatem Mliki, sera également de la partie. Attayar sera représenté par Samia Abbou, Hichem Ajbouni et Nabil Hajji. Mustapha Ben Ahmed représentera Tahya Tounes, Haykel Mekki et Souheil Maghzaoui, le parti Echaâb, Hatem Mensi et Khaled Gsouma clôturent le ban de cette rencontre dont on ne sait si elle va permettre de surmonter l'épreuve que traverse un pays, en proie à une double crise socio-économique et sanitaire, du fait du Covid-19. Devant tant d'incertitudes qui plombent leur quotidien, les Tunisiennes et les Tunisiens croisent les doigts et invoquent l'esprit des dirigeants qui leur ont assuré, par le passé, un bien-être, vite dilapidé.