La prudence l'a emporté. Les 23 membres de l'alliance Opep+ se sont, en effet, résolus à suivre la voie de la prudence. Ceci, malgré la tentation de la remontée des prix, en maintenant le niveau de production tel qu'il est depuis janvier, le marché du pétrole étant encore loin d'évoluer dans la sérénité requise en raison de perspectives, quant à la demande, pas très claires. Dès que sur les deux principaux marchés mondiaux, Londres et New York, le prix du pétrole commençait à prendre de l'altitude, il devenait clair que quelque chose d'important venait de se passer lors de la web-réunion des 23 d'Opep+, bien avant que ceux-ci se mettent à communiquer de manière officielle pour annoncer ce que les pays membres de l'Opep et leurs alliés avaient décidé pour l'après-mars. Alors que quelques heures plus tôt, dans la journée de jeudi, des bruits faisaient encore croire que le climat était propice pour de nouvelles tensions entre l'Opep et Russie. En fin de compte, sans la moindre notable anicroche, l'Opep et ses alliés ont trouvé assez rapidement un consensus, sur une prolongation d'un mois, jusqu'à fin avril, des restrictions dans la production de pétrole. Tout comme il avait été décidé lors de la réunion du début de l'année, d'une part, seuls la Russie et le Kazakhstan ont gagné le droit de rehausser légèrement leur production et ce, pour répondre à leur demande intérieure. Et d'autre part, l'Arabie Saoudite a consenti de prolonger jusqu'à la fin du mois prochain son effort de laisser dans son sous-sol un million de barils/jour. La remontée des prix, depuis la fin de l'année dernière, dans des proportions beaucoup plus importantes qu'espéré par les pays producteurs, laissait, donc, présager un relâchement des quotas. Mais au bout, ce sont les adeptes de la prudence qui ont réussi à convaincre les plus enclins à augmenter leur production afin de renflouer leurs caisses. «L'incertitude qui entoure le rythme de la reprise n'a pas diminué, déclarait le ministre de l'Energie saoudien, à l'ouverture de la réunion jeudi. Il est difficile de faire des prévisions dans un environnement aussi imprévisible. J'en appelle donc une fois de plus à la prudence et à la vigilance.» Un avis qui a recueilli l'adhésion de la Russie qui, pourtant, militait pour augmenter la production, jugeant que les prix actuels sont satisfaisants. Petite consolation pour les Russes qui pourront relever leur production à hauteur de 130 000 barils/jour à partir du début avril, alors que son allié du Kazakhstan pourra produire 20 000 barils/jour supplémentaires. Au total, jusqu'à la fin du mois en cours, ce sont donc 7,05 millions de barils/jour que les 23 membres de l'Opep+ s'interdisent de produire dans la perspective de stabiliser le marché qui, jeudi, a réagi fortement au renouvellement de l'accord avec des cours qui se sont appréciés de 4,17% pour le baril de Brent à l'issue de la séance à Londres, alors qu'à un certain moment, la hausse dépassait les 5% avec un prix ayant atteint les 67,75 dollars. Au moment où sur le marché de New York, le baril de WTI s'améliorait de 4,16% en affichant 63,83 dollars, avec un pic à 64,86 dollars au moment où tombaient les informations sur la visioconférence de l'Opep+. Azedine Maktour