S'ils n'ont pas conclu leur première rencontre, jeudi, par l'habituelle conférence de presse, c'est que les discussions entre les pays membres de l'Opep n'ont pas pris le cours attendu. Le ton était d'ailleurs donné avant la fin du conclave par le ministre saoudien de l'Energie sur la tournure prise par les événements. «Je ne suis pas confiant», a, en effet, laissé tomber Khaled Al-Faleh, le ministre saoudien de l'Energie, après plusieurs heures de pourparlers, pour faire état de son pessimisme sur un accord en expliquant le fait par «des négociations qui ont buté sur la répartition des quotas de baisse de production entre les quatorze pays de l'Opep». Une tournure surprenante eu égard à l'optimisme né la semaine dernière à l'issue de la réunion du G20 à Buenos Aires après la confirmation de l'entente russo-saoudienne sur l'impérativité d'une baisse de la production afin de stopper l'hémorragie des cours. Ainsi s'est achevée la rencontre réunissant exclusivement les membres du cartel qui, dès lors, suspendaient leurs espoirs au contenu du rendez-vous du lendemain, vendredi, auquel se joignaient leurs partenaires non membres de l'organisation, la Russie en tête. Rencontre sur laquelle les membres de l'Opep reportaient leurs espoirs, donc, comme l'exprimait le ministre irakien du Pétrole, pour arriver à une réduction de la production dans une proportion qui permettra d'enrayer la chute des cours depuis début octobre dernier jusqu'à atteindre 30% à la fin novembre. Une préoccupation que même l'Arabie Saoudite a fait sienne, mais dans une certaine mesure pour éviter de s'attirer les foudres de Donald Trump, son seul allié parmi les grands de ce monde dans l'affaire Khashoggi. Le Président américain qui, lui, exige que la production de pétrole demeure au même niveau, mettant ainsi les Saoudiens entre le marteau et l'enclume. En tous les cas, la réunion de jeudi entre les membres de l'Opep a montré que les producteurs étaient loin de parvenir ne serait-ce qu'à une esquisse d'accord pour une baisse suffisante à même de garantir la stabilisation du marché. Des difficultés qui ont eu, immanquablement, leur prolongement sur le marché puisque les cours ont bouclé en nette baisse, le baril de Brent de la mer du Nord, livraison en février, a terminé la séance de jeudi à 60,33 dollars sur le marché londonien, cédant ainsi 1,5 dollar par rapport à la séance de mercredi, alors que sur le marché new-yorkais, le baril de Light Sweet Crude, devant être livré en janvier, a perdu 1,4 dollar pour afficher 51,49 dollars. Hier, pour la rencontre entre l'Opep et ses partenaires non membres, l'attention était portée sur la Russie dont le ministre de l'Energie, Alexandre Novak, avait quelque peu épaissi le brouillard en annonçant qu'il n'était pas évident que son pays baisse sa production. «Les conditions climatiques en Russie rendent beaucoup plus difficile la réduction de la production que dans d'autres pays», a, en effet, expliqué à partir de Saint-Pétersbourg le ministre russe pour laisser entendre qu'une réduction de la production de son pays ne pourrait intervenir que plus tard. Il faudrait rappeler que lors de leur rencontre en juin dernier, les membres de l'Opep et leurs partenaires avaient consenti de laisser Saoudiens et Russes produire plus afin de couvrir la défection du pétrole iranien sur le marché, l'Iran étant sous le coup de sanctions américaines. Mais la permission accordée par l'administration Trump, de s'approvisionner en pétrole iranien en quantités au-delà de ce qui était attendu, a contribué à l'effritement des cours ces derniers mois. En tous les cas, la fébrilité était de mise, hier jusqu'en début d'après-midi, les marchés observaient une certaine stabilité en attendant les nouvelles de Vienne où il n'était pas dit que les parties en présence allaient matérialiser, du moins pas aisément, leur volonté de diminuer les extractions par un accord chiffré. Azedine Maktour Le pétrole rebondit alors que ça discutait à Vienne En milieu d'après-midi d'hier, alors que le flou persistait sur la tournure prise par les discussions entre les membres de l'Opep sur la réduction de la production et la question des quotas, le cours du baril s'est envolé de 5% tout juste avant que, à Vienne, les membres de l'organisation et leurs partenaires entament leurs pourparlers. Vers 14 heures, le cours du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février était en forte hausse de 5,01%, atteignant 63,07 dollars au moment où, à New York, le pétrole de référence américain, livraison en janvier, grimpait à 53,98 dollars, soit près de 5% par rapport à son cours de clôture de jeudi Azedine Maktour