L'affaire de Saïd Chetouane, mineur de quinze ans, accusant les services de sécurité d'avoir commis des actes immoraux à son encontre, a fait réagir la justice qui s'est exprimée, hier lundi, par la voix du procureur général lors d'une conférence de presse organisée en fin de journée. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - « Dès la diffusion de la vidéo, la justice les a convoqués tous les deux, et le concerné a été soumis à une visite médicale menée par un médecin légiste », déclare le procureur général, avant d'ajouter que ce médecin avait établi un rapport attestant que Saïd Chetouane n'avait pas « subi d'actes immoraux ». Il ajoute : « Il a refusé d'être examiné de manière approfondie par un second médecin, c'est son droit. Nous ne pouvons obliger personne à subir un examen approfondi s'il n'est pas d'accord, à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'un mineur .» Le magistrat reste sur ces faits : pas de traces d'agression sexuelle prouvée par des tests médiaux effectués à l'hôpital Mustapha, et le refus du concerné de se laisser examiner par un deuxième médecin légiste le confirme. D'autres informations sont livrées au cours de cette même conférence de presse. « Saïd Chetouane, fils d'un couple séparé, vit avec sa mère à Blida, il a pris part à une manifestation non autorisée. Selon les premiers éléments de l'enquête, il paraît qu'il a été conduit à Alger par un groupe de personnes, des adultes, et certains de ces membres ont été arrêtés. L'enquête est toujours en cours, et nous tiendrons l'opinion publique informée de tous les développements .» Le procureur de la République dément par ailleurs l'existence de tout acte de violence commis à l'encontre du mineur. « Les éléments des services de sécurité qui l'ont interpellé ignoraient à ce moment qu'il s'agissait d'un mineur. Le père ignorait, de son côté, que son fils allait prendre part à ces manifestations .» Cette conférence de presse intervient au lendemain de la diffusion d'une vidéo dans laquelle apparaît Saïd Chetouane entouré de plusieurs personnes (parmi elles des activistes connus du Hirak), qui lui demandent de révéler au public les « sévices » qu'il aurait subis. Le mineur, en pleurs et visiblement choqué, a du mal à s'exprimer. Il s'est fait arrêter durant une manifestation improvisée qui s'est déroulée samedi à Alger. Cette manifestation s'inscrit dans la logique du « tassiid », radicalisation, une logique visiblement très peu partagée par le mouvement Hirak, à voir le nombre peu important de personnes qui prennent part ces jours-là aux marches. Beaucoup imputent également ces appels à la radicalisation et la multiplication des marches au mouvement Rachad, qui tente, depuis un moment, de s'emparer des rênes du mouvement pacifique. Les premiers appels à sortir le samedi et intensifier la pression de la rue ont été d'ailleurs lancés par les représentants de Rachad à l'étranger. Ce fait a d'ailleurs eu pour conséquence de jeter le doute sur les accusations du jeune Saïd Chetouane, et même les plus fervents défenseurs et activistes du Hirak ont préféré rester prudents, dans l'attente de plus amples informations. A. C.