L'organisation Human Rights Watch a révélé vendredi l'existence d'éléments prouvant que la police marocaine avait torturé des manifestants et activistes du mouvement Hirak du Rif, en les forçant à reconnaître des actes qu'ils n'avaient pas commis, invitant la Cour d'appel de Casablanca, qui doit rejuger prochainement ces militants, à y tenir compte. "Un tribunal ne peut pas tout simplement ignorer des preuves de torture" (Ahmed Benchemsi) Dans un rapport rendu public, vendredi, Human Rights Watch est revenu sur le déroulement du procès du mouvement Hirak, en apportant des éléments nouveaux prouvant de "graves actes de tortures" commis par la police marocaine à l'encontre des activistes rifains durant leur arrestation et emprisonnement à la prison d'Oukacha à Casablanca. Le 26 juin, un tribunal de première instance avait condamné l'ensemble des 53 accusés à des peines allant jusqu'à 20 ans de prison après avoir retenu leurs "aveux" comme "preuves" à charge et balayé leurs réfutations desdits "aveux", qu'ils disaient arrachés sous la contrainte. Parmi eux le journaliste Al Ablaq qui a été forcé par un policier marocain à brandir un drapeau marocain et à clamer "Vive le roi !", avant que d'autres le frappent et le soumettent à la torture. "Malgré les blessures subies et des angoisses apparentes, un médecin légiste mandaté par le tribunal a conclu que l'examen médical ne décèle pas de signe de violence corporelle, sans s'attarder sur l'état psychologique de l'accusé", a relevé l'Organisation. Human Rights Watch, qui a répertorié dans son rapport plusieurs cas types d'exactions commises durant le procès des militants rifains, a réclamé aux autorités marocaines de garantir un procès "équitable", tel que garanti par les traités de l'ONU et africains, insistant sur le droit de la défense de présenter au tribunal ses témoins clés au même titre que l'accusation.