Nos amis sétifiens, dont le génie linguistique s'abreuve à l'eau bénite de Aïn-el-Fouara, appellent un enculeur de mouches un « khassay el wezz », autrement dit, en français tout aussi éloquent, un castrateur d'oies. C'est-à-dire un casse-bonbons, un coupeur de cheveux en quatre, un chercheur de poux sur la tête d'un chauve. Ici, le «chauve» en question, c'est M. Djamel Belmadi, sélectionneur national de son état et incarnation parfaite de l'excellence managériale et de la performance sportive. Un entraîneur thaumaturgique que des personnages interlopes, appuyés par des folliculaires sportifs, spécialistes des fonds de poubelles, s'ingénient à déstabiliser depuis plusieurs semaines. Précisément, à le pousser à jeter l'éponge, alors que les Verts, auxquels il a déjà tressé des lauriers de gloire, s'apprêtent à entrer dans deux compétitions majeures : la prochaine CAN au Cameroun et la Coupe du monde au Qatar en 2022. On sait depuis l'avènement du successeur de Rabah Madjer à la tête de l'EN que les Fennecs sont des oies pondeuses d'œufs d'or, comme dans les Fables d'Esope. En seulement deux ans et demi comme coach de l'équipe nationale, qui avait connu 5 sélectionneurs en seulement un an et demi avant lui, il a gagné une CAN, s'est qualifié pour une autre en qualité de meilleur entraîneur africain, et entame les qualifications pour le Mondial qatari dans une pole-position. Mais c'était sans compter sur les intrigants de tout bord, y compris dans les travées de la FAF sous le règne finissant de M. Kheireddine Zetchi. Ces comploteurs sont relayés par des Torquemada sur Web et autres sectaires des colonnes sportives, sélectionneurs de comptoir de café maure et fouteurs de merde à plus d'un titre ! Un coup, Belmadi a disparu, un autre, il est mécontent ou est en colère, une troisième fois, il a tapé du poing sur la table, quand il ne serait pas résolu à carrément la renverser pour mieux démissionner avec fracas ! Et alors même que le concerné était totalement mutique, ce parasitage est intervenu opportunément au moment même où la succession de Zetchi était ouverte. Et a augmenté d'intensité à l'instant précis où il s'agissait d'élire son successeur en la personne du président du CRB, CEO et top manager discret d'un grand groupe économique public, M. Amara Charafeddine. Ces magouilleurs devaient penser que Djamel Belmadi serait un sanguin et donc un impulsif, un caractériel prêt à claquer la porte à la moindre contrariété et au moindre malentendu, s'ils existent bien sûr ! Or, ils ne connaissent pas manifestement l'homme passionné mais posé, tout autant que le professionnel méthodique et persévérant. Un sélectionneur qui a un sens aigu de ses responsabilités, et qui mesure parfaitement cet avantage fabuleux d'être depuis l'indépendance du pays le manager algérien le plus précieux en termes d'efficacité et de performance, selon les ratios de rentabilité et de solvabilité ! En outre, le grand patriote qu'il est doit mesurer au plus haut point le bonheur d'être à la tête d'une sélection nationale qu'il a façonnée à son image de combattant intraitable et formatée pour le succès durable. Grâce à lui, l'EN de football, avec ses joueurs du cru et ses nombreuses étoiles venues des grands championnats à l'étranger, a abandonné son complexe d'infériorité et acquis la culture de la gagne. Héritage des plus précieux qu'il n'est pas prêt à dilapider sur un simple coup de tête. Quand bien même des vulgaires picaros et des petits combinards s'évertuent à lui savonner la planche dans les coulisses, et visiblement à travers les colonnes vénéneuses d'une partie putride de la presse sportive. Mais gentleman Djamel est clairement au-dessus de ces turpitudes ! Supposons que le sélectionneur national aurait un instant, un seul, songé à démissionner de son poste. Aurait-il alors quitté ses fonctions sans attendre d'en discuter avec le successeur de Kheireddine Zetchi, avec lequel, dit-on, il a aimé travailler ? Djamel Belmadi aurait-il préjugé à ce point d'Amara Charafeddine, au point de ne pas s'accorder le temps de discuter avec lui ? Le cas échéant, cela aurait été de sa part l'expression d'un procès d'intention, d'un jugement a priori, ce qui n'est pas, il faut le souligner, la marque distinctive du présent sélectionneur national, réputé être aussi responsable que lucide et intransigeant. Gageons donc que les deux personnages les plus concernés par le destin de notre EN de football, les plus impliqués dans la fabrication de sa future gloire et, de ce fait, les plus soucieux dans la galaxie du football de l'intérêt national et du prestige du pays, sauront trouver rapidement le terrain d'entente nécessaire. Nul doute qu'ils le trouveront pour s'épauler, se serrer les coudes et marcher côte à côte pour gagner une troisième CAN, et aller le plus loin possible en Coupe du monde au Qatar où se trouvent actuellement, et fort opportunément, Djamel Belmadi et Amara Charafeddine. L'un comme l'autre sont, d'autre part, assez conscients des enjeux et suffisamment patriotes et intelligents pour laisser s'escamoter le patient et fructueux travail que l'ancien joueur de l'Olympique de Marseille, de Manchester City, de l'équipe nationale algérienne et de celle du Qatar a effectué en un temps record ! Depuis 1963, l'EN aura connu, en cinquante-huit ans de temps, cinquante-six sélectionneurs, quatre en seulement une année, et d'ailleurs juste avant l'arrivée du vainqueur de la dernière CAN ! Amara Charafeddine et Djamel Belmadi, qui doivent se rencontrer en marge du tirage au sort de la Coupe arabe de la FIFA au Qatar, penseront certainement que les Fennecs n'auront pas besoin de connaître un cinquante-septième entraîneur, dût-il s'appeler José Mourinho, Pepe Guardiola ou Zinedine Zidane. Dans ce cas, échec et mat pour les diptérosodomites et les castrateurs d'oies ! N. K.