C'est dans le cadre de l'instruction du président de la République d'ouverture du dialogue avec « tous les partenaires sociaux » que le professeur Rachid Belhadj s'est exprimé, hier, sur les ondes de la Chaîne 3, pour saluer d'abord l'initiative, et ensuite faire le point sur la situation qui prévaut dans le milieu hospitalo-universitaire, en tant que syndicaliste à la tête du Syndicat des professeurs et chercheurs universitaires durant deux décennies. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Le professeur Rachid Belhadj considère que l'initiative intervient «dans un contexte particulier», et en même temps critique les pratiques vécues par le passé, du temps de l'activité syndicale «classique de l'UGTA» et de la tripartite. Il considère de ce fait que l'ouverture du dialogue avec tous les partenaires sociaux et «sans exclusion» comme étant un acquis, notamment pour la corporation des hospitalo-universitaires (la santé, l'enseignement supérieur et la recherche scientifique). Le fait d'ordonner à tous les ministères de dialoguer avec l'ensemble des partenaires sociaux est une «première», considère-t-il. Et de s'exprimer sur la situation actuelle que vit l'Algérie. Il dira à ce propos que «nous sommes tenus de dire des vérités afin de trouver des solutions et sortir d'une crise pour l'intérêt du système sanitaire et de l'université». Il fait savoir au passage que le dialogue pour un système de santé efficace «n'a jamais été interrompu depuis 2003», déplorant le manque de pérennité en raison du passage «de plusieurs ministres, de plusieurs dialogues et de plusieurs engagements». Car en fait, le syndicat a de tout temps milité contre le gaspillage, le chômage et les départs des compétences à l'étranger, mais sans pour autant parvenir à des résultats probants, précise-t-il. Le professeur Rachid Belhadj estime que beaucoup reste à faire dans le domaine de la recherche scientifique. Un secteur qui a besoin de la collaboration des tous les acteurs qui gravitent autour, comme les finances, la Fonction publique et l'enseignement supérieur. Et de ce fait, il appelle à «être écouté par l'Etat». En dehors des revendications socio-professionnelles légitimes, il dira que «nous sommes astreints à une obligation morale», celle d'améliorer le système de santé en Algérie. Parlant des départs massifs de compétences médicales, le représentant syndical admet leur reconversion vers le secteur privé en Algérie, mais il déplore par contre les départs de ces compétences demandées à l'étranger, qu'il considère comme étant des «pertes sèches», de par sa vision de praticien hospitalo-universitaire, qui assiste à la saignée qu'a connue le secteur durant ces dernières années. Pour cela, il appelle à revoir le système de santé afin de freiner cet exode de compétences algériennes. Dans le domaine des revendications socioprofessionnelles, Rachid Belhadj privilégie un débat serein et franc, dans le sens d'instaurer avant tout une équité professionnelle. «Le personnel qui fournit l'effort sur le terrain doit être mieux rémunéré», estime-t-il. Et dans le même domaine, il dira que les négociations sur les statuts entamées en 2003 et les revendications du passé sur les régimes indemnitaires ont abouti en 2008, mais avec la dévaluation actuelle du dinar, «l'on assiste au retour à la précarité des salaires», fait-il savoir. Enfin, parlant de la politique nationale de la gratuité des soins, il dira que c'est un acquis qui «ne doit pas être abandonné», mais que cette politique doit désormais être sélective et ne concerner que la frange de la population nécessiteuse. A. B.