Plus de 15 jours du mois sacré de Ramadhan sont passés et les fidèles du sport font toujours leur runing. Pour cette année, ils sont encore plus nombreux à profiter des espaces en plein air pour effectuer leur séance. L'an passé, confinement oblige, ils n'ont pas pu pratiquer leurs exercices. Cette année, hommes et femmes courent à jeun pour le plus grand bien du corps et de l'esprit. Il y a tout juste quelques mois que les athlètes, pour la plupart des disciplines, ont pu reprendre leurs activités. «J'ai essayé de m'entraîner seule chez moi mais c'était impossible. J'ai pris quelques kilos et surtout mes muscles se sont relâchés. Alors avec la reprise des entraînements, uniquement en plein air, je ne veux plus encore arrêter», explique cette jeune lycéenne. Un avis partagé par ses parents et son entraîneur. «Je la comprends parfaitement. Il s'agit de beaucoup d'heures de sacrifices. Il ne faut pas que cela disparaisse de cette façon», l'encourage sa maman. Pour son entraîneur, le Ramadhan n'est pas un obstacle. «Pendant plusieurs années, nous avions adapté le programme sportif durant ce mois. Il y avait même les séances d'après-l'iftar. Pour cette année, nous ne l'avons pas fait à cause des horaires de confinement. Pour la séance d'avant la rupture du jeûne, nous la pratiquons deux heures avant le Maghreb. C'est suffisant !» C'est le même état d'esprit qui anime les sportifs professionnels rencontrés lors de ce début de carême. «Nous nous sommes concertés pour trouver les lieux en plein air. Il n'y en a pas beaucoup, mais nous faisons avec ce qu'il y a», déplore encore cet entraîneur. C'est le même son de cloche qui prime auprès des sportifs amateurs. Ces derniers sont animés chacun en ce qui le concerne par des objectifs distincts. Mohcine, la quarantaine : «je veux déstresser » Mohcine est le profil type du sportif du week-end : tenue sportive impeccable, les baskets dernier modèle, Iphone branché sur le bras avec toutes les applications nécessaires. Mais il avoue : «Je n'ai rien à voir avec l'endurance ou les objectifs à atteindre en terme de perte de poids. Durant le mois de Ramdhan, je suis le genre nerveux et qui stresse beaucoup. Je peux créer beaucoup de faux problèmes. Mes amis m'ont convaincu de les accompagner aux Sablettes pour faire du sport. Eux, ce sont de vrais fans. Ils en pratiquent tout au long de l'année. Ils étaient vraiment malheureux lors de la période de confinement. Et dès la reprise d'une vie « normale», ils n'ont pas raté leurs séances. Pour ma part, c'est la première fois que j'en fais durant le mois de carême. Comme l'un des membres de notre groupe est médecin, je me sens en confiance. Mais pour dire la vérité, je pense que j'ai investi plus dans ma tenue que dans ma course. Mais cela fait un bien fou à mon moral. Nous nous donnons rendez-vous à 17h30 pour une activité sportive d'une heure. De retour à la maison, je prends une douche et je m'allonge un peu en attendant l'Adhan. Je suis bien et ma famille aussi. Sans qu'ils me le disent, je me rends compte que les membres de ma famille sont plus tranquilles sans mes crises de nerfs d'avant l'iftar ou bien mes remarques assassines. Pour l'instant, tout le monde est heureux. Pourvu que cela dure jusqu'à la fin. Heureusement, il ne reste plus que quelques jours». Nazim et Amina, un couple : «ensemble pour lutter contre nos kilos» Pour ce jeune couple, ce 1er mois de Ramadhan en tant que mari et femme ne peut absolument pas ressembler à ceux des années précédentes. «Je n'ai jamais voulu vivre comme mes parents où les traditions primaient sur leur bonheur. Ils se sentaient obligés de faire comme tout le monde. Alors pour notre premier mois de carême ensemble, mon épouse et moi avons décidé de vivre à notre rythme», explique tout de go Nazim, cadre dans une entreprise étatique. Amina, son épouse ajoute : «Déjà, nous ne faisons pas tous les jours la chorba frik, mais changeons l'entrée tous les deux jours et nous varions. Chose qui est impensable pour nos parents. Nous ne faisons pas de deuxième plat mais privilégions les salades et les petits salés, hormis les boureks. Pour nos familles respectives, c'est une hérésie. Quand je dis à ma mère par exemple que nous avons adopté ce régime alimentaire et que nous ne sommes pas fatigués, elle est outrée. Comme si nous commettions un sacrilège.» Alors, au bout d'une semaine de carême, ils ont pris la résolution de pratiquer du footing et des exercices sportifs au niveau du complexe du 5-Juillet. « Comme nous partageons le même véhicule pour nos déplacements et que vers 17 heures, il n'y a plus rien à faire à la maison, nous avons décidé de faire du sport. Au départ, c'était plus pour tuer l'ennui et nous aérer l'esprit. Mais avec l'ambiance qui règne avec tous les sportifs autour de nous, nous nous sommes pris au jeu. Alors que nous avons entamé cette activité d'une demi-heure au départ, cela a évolué progressivement vers une heure et de façon quasi quotidienne. Nous avons sympathisé avec des gens, et cela nous fait énormément de bien physiquement et moralement», complète Nazim. Nadia, la quarantaine, mère au foyer : «je veux maigrir et prendre du temps pour moi» «L'année dernière, le mois de Ramadhan a été un véritable calvaire pour moi. Toute la journée avec mes enfants et mon mari, collés à moi, sans aucune possibilité de sortir ou d'avoir un peu de temps ou d'espace rien que pour moi. Cela m'a vraiment impactée moralement et j'ai frisé la crise de nerfs. Cette année, j'ai décidé que les choses se dérouleront autrement. À cause du manque d'activité, j'ai pris du poids. J'ai considéré que ce mois béni sera aussi bienfaiteur pour mon corps. De ce fait, j'ai adopté une organisation quasi militaire pour cuisiner, ranger la maison et m'occuper des enfants. À 16h30, je dresse la table et je ferme à clef le salon. De cette façon, mon mari ne trouve rien à redire. À 17 heures, je prends le chemin de la salle de sport pour entamer ma séance, une demi-heure après. Il s'agit plus d'étirements, d'exercice de souplesse et un peu d'abdos. J'en ressors vers 19 heures. Après ma douche, le moral est au beau fixe. Je réchauffe la chorba et j'entame l'iftar. Cela me fait un bien fou !» Sarah Raymouche