«Je prends de la chorba fric pas très grasse et du bourek cuit au four et non pas frit à l'huile. Pour ce qui est du deuxième plat, je n'ai vraiment pas de préférence.» Durant votre carrière de joueur, avez-vous eu un problème avec un entraîneur ou un dirigeant à propos du jeûne de Ramadhan ? Moi, j'ai joué en Algérie et à l'étranger et, à chaque fois, je n'ai jamais eu de problème. J'avais joué en France, à Sedan, durant la saison 1999-2000 et, si mes souvenirs sont bons, le Ramadhan était tombé le mois de novembre ou de décembre. La rupture du jeûne était aux environs de 16h45 et les matches étaient programmés à 20h00. Les entraînements étaient biquotidiens, mais mon entraîneur à l'époque, Patrick Rémy, s'était montré compréhensif. Il m'avait demandé de m'entraîner une fois par jour seulement, me laissant le choix entre la séance de la matinée et celle de l'après-midi. Il a été souple avec moi. J'ai pu ainsi jeûner et participer aux matches le plus normalement du monde. Donc, Patrick Rémy ne vous a jamais obligé à manger durant le Ramadhan, même les jours de matches ? Non, jamais. Il a été cool avec moi de ce côté. Quelle était votre astuce pour gérer vos efforts à l'entraînement et dans les matches durant le mois de Ramadhan, que ce soit en Algérie ou à l'étranger ? Lorsque j'étais à Sedan, c'était l'hiver et le lever du soleil était aux environs de 07h00. Je m'entraînais donc le plus normalement du monde, sans ressentir trop de fatigue car, quand il fait froid, on a pas beaucoup soif. Dans les séances de l'après-midi, qui débutent à 16h30, j'effectuais des exercices jusqu'au moment de l'adhan. Là, je m'arrêtais quelques instants, le temps de rompre le jeûne en buvant quelques gorgées d'eau. Puis, je reprenais l'entraînement et ce n'est qu'à son terme, après avoir pris une douche, que jeprenais l'iftar. Avec la sélection nationale, avez-vous joué des matches internationaux en plein Ramadhan ? Oui, bien sûr. Lorsque les matches se déroulaient en Algérie, ils jouaient en nocturne, après la rupture du jeûne. En revanche, en Afrique subsaharienne, il fallait jouer durant la journée. Là, ce n'était pas du tout équilibré car un joueur jeûneur perdait de l'énergie duranr le match sans pouvoir la récupérer ou la compenser avec de l'eau ou des sucres, contrairement aux joueurs adverses. Bien sûr, il avait toujours des responsables qui nous sensibiliaient sur la nécessité de manger le jour du match en faisant valoir le fait que nous étions en voyage et que des fetwas ont été délivrées en ce sens par les autorités religieuses. En fait, c'était simple : celui qui voulait jeûner le faisait et celui qui ne voulait pas était protégé par la fetwa. Lors de la CAN-96, nous avions eu l'autorisation pour manger avant le match face à l'Afrique du Sud et chaque joueur a géré cela comme il l'entendait. C'était certainement dur par temps de chaleur... Ah, oui ! Quand on joue par 40° à l'ombre, ce n'est vraiment pas évident. Je me rappelle d'un match joué au Mali. Savez-vous avec quoi j'avais rompu le jeûne ? En buvant 5 litres d'eau ! Les plats spécifiques au Ramadhan ne sont pas recommandés aux sportifs. Comment gériez-vous cela ? A vrai dire, tous les plats traditionnel du Ramadhan sont gras, donc déconseillés aux sportifs : la chorba, le bourek, la dolma... Un sportif de haut niveau, qui a des compétitions importantes à disputer, doit savoir être sage et mesuré. Déjà, il ne faut pas tout manger d'un coup à l'heure du iftar, à plus forte raison quand on a un entraînement en soirée. Par exemple, pour ce Ramadhan, la rupture du jeune se fait vers 20h15 et les entraînements sont programmés pour 23h00. Il faud donc manger léger à l'heure de l'iftar avec, de préférence, un plat sucré car un sportif, contrairement à d'autres, a besoin de remonter son taux de glycémie après l'effort. Puis, après l'entraînement du soir, il pourra compléter son repas. Autre chose très importante : un sportif doit boire beaucoup d'eau, en moyenne 4 à 5 litres par jour. Or, les joueurs algériens n'ont pas la culture de boire beaucoup d'eau. Même en dehors du Ramadhan, ils ne boivent pas beaucoup. Mais avouez qu'il vous arrivait de fermer les yeux et vous permettre un plat ou une boisson peu recommandée... C'est vrai que je me permettais de temps en temps quelques plaisir, comme par exemple boire une canette de Coca-Cola, mais jamais je n'en abuse durant le Ramadhan. Quand on est un sportif de haut niveau, ça ne fait pas sérieux. Vous est-il arrivé de réussir un grand match en étant à jeun ? Oui, mais il faut reconnaitre que c'est parce que tous les joueurs du match sont à jeun, dont physiquement diminués, que celui qui est un peu plus en forme que les autres donne l'impression de sortir un grand match. C'est que, dans ces matches, les spectateurs sont eux-mêmes à jeun, ce qui fait qu'une prestation moyenne peut leur paraître une grande performance ! Vous arrivait-il de vous énerver avec un arbitre ? Non, jamais. Je ne perds jamais mon calme. D'ailleurs, il faut le reconnaître : celui qui souffre le plus dans un match est l'arbitre. Un latéral droit peut balancer le ballon devant et rester à sa place, mais l'arbitre doit courir pour suivre le ballon. Son menu de rêvepour le ramadhan «Je prends de la chorba fric pas très grasse et du bourek cuit au four et non pas frit à l'huile. Pour ce qui est du deuxième plat, je n'ai vraiment pas de préférence. Depuis que je suis marié, je mange ce que prépare mon épouse. Je ne suis pas exigeant, côté bouffe. D'ailleurs, cela fait 3 ans que j'ai arrêté de jouer et mon poids a augmenté à peine d'un petit kilo. Tout cela accompagné d'eau. Je prends peut-être un verre de soda tous les trois ou quatre jours, même pas une bouteille entière durant tout le mois. Après le repas, je prends un peu de qalb ellouz ou de zlabia, juste pour déguster quelque chose de sucré.»