Dans sa course pour l'acquisition des vaccins anti-Covid-19, l'Algérie n'a pas rencontré que des partenaires prêts à lui en fournir. Certains laboratoires ont imposé des conditions jugées inacceptables. C'est le cas de Pfizer qui voulait non seulement être payé en totalité à l'avance mais surtout être à l'abri de toute poursuite si le vaccin présentait des effets secondaires. C'est le ministre de la Santé qui l'a fait savoir. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - D'habitude peu enclin à s'étaler au sujet de la campagne de vaccination anti-Covid-19, le ministre de la Santé l'a longuement évoquée en fin de semaine passée. Le Pr Abderrahmane Benbouzid évoque pour la première fois les conditions dans lesquelles l'Algérie a dû engager une véritable course contre la montre pour lancer sa campagne de vaccination. Il révèle, en effet, qu'«en novembre, nous avons convenu avec Pfizer, mais il nous a mis dans une situation que nous ne pouvions pas accepter dans la mesure où il nous a demandé d'acheter un certain nombre de vaccins, de payer à l'avance et d'exonérer totalement Pfizer de toutes poursuites dans le cas où le vaccin aurait des travers. Nous ne l'avons pas accepté, nous ne l'acceptons toujours pas. Ça c'est pour Pfizer». L'Algérie a-t-elle tardé à entamer les commandes ? Le ministre de la Santé explique que «nous avons, dès début août, engagé les prospections en invitant les ambassadeurs d'Angleterre, de Russie, de Chine, tous les laboratoires, en signant des mémorandums». Alors que le président de la République avait fixé comme ultimatum fin janvier pour le début de la vaccination, le ministre de la Santé révèle que ce n'est qu'en décembre que les discussions ont réellement été engagées puisqu'il assure que «pour le reste, nous avons commencé le 20 décembre. Le président de la République nous a demandé de ramener le vaccin pour janvier. Nous avons engagé intensément des discussions avec la Chine, avec AstraZeneca, Gamaleya ou le Fonds d'investissement direct russe qui fait le vaccin Spoutnik V». C'est ainsi que l'Algérie avait pu recevoir non pas toutes les doses commandées mais une petite partie seulement. «Nous avons reçu 50 000 doses, alors qu'au 13 janvier, j'avais signé un accord avec la partie russe pour l'acquisition d'un million de doses. Nous n'avons reçu que 50 000 à la fin janvier, on en a reçu encore 50 000 d'AstraZeneca, ensuite 30 000 du vaccin russe et on a commencé la vaccination.» L'Algérie avait, par la suite, reçu un don de 200 000 doses du vaccin chinois Sinopharm puis son quota de plus de 300 000 vaccins dans le cadre du système Covax. Des doses qui, de l'avis du ministre de la Santé, n'auront pas permis d'atteindre la cadence voulue puisque, dit-il, «c'est difficile de répartir ce faible quota sur la population». Les difficultés rencontrées par l'Algérie dans sa quête des vaccins sont expliquées par «une tension dans le monde, il y a eu même des situations conflictuelles». Le ministre de la Santé affirme, néanmoins, que « nous maintenons la même détermination. Il y a aussi la partie diplomatique. Il faut également savoir que ce n'est plus que du ressort de la santé. La santé identifie la nature du vaccin, il est qualifié, il est enregistré, il est perçu favorablement par les membres du comité scientifique et l'ensemble de la corporation et nous faisons la commande», ajoutant : «Ensuite si la commande ne parvient pas, on fait intervenir la partie diplomatique ; bien entendu, le ministère des Affaires étrangères, le Premier ministère et pourquoi pas le président de la République pour mettre le poids de la dimension politique vis-à-vis de certains pays avec lesquels nous avons d'ailleurs des relations stratégiques, j'entends par là la Chine ou la Russie.» C'est dire toute la complexité du processus d'acquisition du vaccin. N. I.