Un décret présidentiel, publié sur le Journal officiel n°36 daté d'hier, est venu officialiser la ratification par la partie algérienne de l'accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine. Les jalons pour le commerce intra-africain ont été posés il y a près de dix ans maintenant, après la décision de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement, adoptée au cours de sa dix-huitième session ordinaire tenue les 29 et 30 janvier 2012 à Addis-Abeba. Il s'agissait alors d'œuvrer à l'accélération de la création rapide de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Du temps s'est écoulé depuis et beaucoup de pays ont traîné la patte avant de s'y mettre et donner corps au vieux rêve du marché unique africain. On en est certes loin, mais la Zlecaf est une belle opportunité qui s'offre à l'Afrique pour, comme annoncé dans l'accord scellé lors de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de janvier 2012, mettre sur la voie le plan d'action pour la stimulation du commerce intra-africain. L'accord en question stipule que la création de la Zlecaf vise, d'abord, à créer un marché unique pour les marchandises et les services facilité par la circulation des personnes afin d'approfondir l'intégration économique du continent africain et conformément à la vision panafricaine d'une « Afrique intégrée, prospère et pacifique » telle qu'énoncée dans l'agenda 2063, ensuite, créer un marché libéralisé pour les marchandises et services à travers des cycles successifs de négociations, puis, contribuer à la circulation des capitaux et des personnes physiques et faciliter les investissements. Il s'agira, ensuite, de poser les bases de la création d'une union douanière continentale à un stade ultérieur, puis promouvoir et réaliser le développement socioéconomique inclusif et durable, l'égalité de genres et la transformation structurelle des Etats parties. L'accord devant aboutir à la création de la Zlecaf doit, également, permettre de renforcer la compétitivité des économies des Etats parties aux niveaux continental et mondial, promouvoir le développement industriel à travers la diversification et le développement des chaînes de valeurs régionales, le développement de l'agriculture et la sécurité alimentaire, et enfin résoudre les défis de l'appartenance à une multitude d'organisations qui se chevauchent, et accélérer les processus d'intégration régionale et continentale. Une multitude de challenges qui passe par la réalisation d'objectifs «spécifiques» énoncés à travers l'article 4 de l'accord. Ainsi, les Etats signataires procéderont progressivement à l'élimination des barrières tarifaires et non-tarifaires au commerce des marchandises, la libéralisation, toujours de façon aussi progressive, le commerce des services. Les Etats signataires, énonce également l'accord, coopèrent en matière d'investissement, de droits de propriété intellectuelle et de politique de concurrence, coopèrent dans tous les domaines liés au commerce, coopèrent dans le domaine douanier et dans la mise en œuvre des mesures de facilitation des échanges, établissent un mécanisme de règlement des différends concernant leurs droits et obligations, et enfin établissent et maintiennent un cadre institutionnel de mise en œuvre et de gestion de la Zlecaf. La Zlecaf est entrée en activation depuis le 1er janvier dernier pour, in fine, commencer à capitaliser le potentiel marchand du continent évalué à plus de 3 000 milliards de dollars. Avec son statut de puissance économique du continent, l'Algérie est appelée à jouer un grand rôle dans la Zlecaf, à l'instar de l'Afrique du Sud, l'Egypte et le Nigeria, puis d'autres pays réunis dans de grands ensembles, comme la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao). L'Algérie a ratifié, il y a plus d'une année, son adhésion à l'accord instituant la Zone de libre-échange continentale africaine, avant que la publication au Journal officiel du décret présidentiel intervienne hier. Il est à rappeler que la Zlecaf devait entrer en vigueur en juillet de l'année dernière, mais a été remise au 1er janvier dernier en raison de la crise sanitaire mondiale. Azedine Maktour