La cote d'alerte est atteinte et même dépassée. Le nombre de cas de diabète a plus que doublé en deux décennies, alors que les spécialistes ne prévoyaient ce chiffre qu'à l'orée de 2040. Selon eux, les raisons sont à chercher dans la mauvaise hygiène de vie et les comportements alimentaires. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Cent ans se sont écoulés depuis la découverte de l'insuline par une équipe de chercheurs canadiens. Une hormone qui a révolutionné le traitement du diabète et sauvé des milliers de patients. «L'insuline est l'hormone de la vie, un miracle dans l'épopée des sciences médicales», affirme d'emblée le Pr Aïssa Boudiba, ancien chef de service de diabétologie-maladies métaboliques au CHU Mustapha-Pacha, en marge de l'événement Science week-end sur les 100 ans d'insuline, organisé par le laboratoire Novo Nordisk Algérie, hier, à Alger. Il fait savoir que le nombre de cas de diabète a connu une croissance effrénée en un temps record. Selon lui, il a doublé en seulement 20 ans, alors que les scientifiques avaient prédit ce chiffre pour 2040. «C'est dire l'impact de la détérioration de l'hygiène de vie. Nous sommes à l'encontre des recommandations de l'hygiène de vie et des comportements alimentaires», dit-il. Le spécialiste s'indigne de voir des dizaines de fast-foods alignés sur la même rue, et se demande s'il est normal que des buralistes et des libraires vendent des chips. Il appelle ainsi à légiférer tout ce qui a trait à l'alimentation et à la santé alimentaire. Il souligne également la précarité qui, selon lui, pousse les gens à opter pour une alimentation non équilibrée et nuisible à leur santé. «Les régimes et l'alimentation diététique coûtent chers», fait-il remarquer, avant d'insister sur la prévention et la sensibilisation, surtout pour les jeunes. S'agissant de la pandémie de Covid-19, le Pr Boudiba précise que la contamination par ce virus «peut révéler un diabète jusque-là méconnu et aggraver un diabète déjà existant». De son côté, le directeur des affaires publiques et Market Access à Novo Nordisk Algérie, Karim Djeraoud, souligne l'engagement de son laboratoire dans la gestion du diabète dans notre pays. «Nous avons été les précurseurs en terme d'initiation au programme de prévention et d'éducation thérapeutique santé auprès des patients algériens», dit-il. Il cite ainsi les programmes de partenariat avec les autorités de santé mis en place, notamment la clinique mobile «Changing Diabetes», qui fête ses 10 ans, et dont l'objectif est l'amélioration de l'accès aux soins, le dépistage précoce et l'encouragement de la prévention contre le diabète, ainsi que les centres baromètres du diabète et de l'hémophilie qui permettent, précise-t-il, «de générer des données algériennes que les autorités sanitaires nationales pourraient exploiter pour mettre en place des politiques de santé adaptées à l'Algérie, et ne plus recourir aux extrapolations des données étrangères». Karim Djeraoud assure qu'à travers ses partenariats industriels, Novo Nordisk a proposé en Algérie un outil industriel solide qui n'existe nulle part. «L'Algérie est le seul pays dans le monde où nous disposons de deux unités de production. Le site de Tizi-Ouzou qui produit 20 millions d'unités d'insuline de forme sèche par an , et l'usine de Boufarik pour les stylos d'insuline. Celle-ci est d'ailleurs prédestinée à fabriquer les dernières générations des produits de Novo Nordisk en matière d'insuline que nous venons de commercialiser récemment», détaille-t-il. Ry. N.