Le tubercule met dans la «purée» les ménages. La pomme de terre fait dans la résistance et maintient son prix à la hausse. Quelles sont les raisons de cette flambée prolongée ? Explications. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - L'épisode de la flambée du prix de la pomme de terre se poursuit. Cédé entre 80 et 100 dinars le kilogramme durant tout le mois de Ramadhan, ce produit a atteint à la veille de l'Aïd el-Fitr 140 dinars dans les marchés de la capitale. Aujourd'hui, il est maintenu entre 90 et 100 dinars. Une situation qui pénalise nombre de ménages, dont le pouvoir d'achat a été considérablement affecté. Le président de l'association El-Aman de protection des consommateurs, Hacène Menouar, souligne l'anarchie qui touche la production, mais aussi la distribution du tubercule. Il accuse à cet effet, les intermédiaires mais aussi les producteurs de la pomme de terre de spéculation. «Le marché des produits agricoles, notamment la pomme de terre, est entre les mains d'un circuit d'intermédiaires puissants. Ils exercent dans l'informel et imposent une régulation à leur manière. Ils stockent la pomme de terre pour provoquer un manque sur le marché, afin de pouvoir la vendre plus cher», explique-t-il. Même procédé du côté des producteurs. «La wilaya d'El-Oued est la région de production de la pomme de terre par excellence. D'après les informations collectées, les producteurs stockent leurs récoltes en attendant la réouverture des frontières pour l'exporter en Tunisie», précise-t-il. Déplorant l'anarchie qui sévit dans le marché des produits agricoles, Hacène Menouar fait remarquer l'absence des pouvoirs publics. «Les autorités publiques n'ont rien fait à ce jour, pour une meilleure régulation du marché de la pomme de terre», dit-il. Afin de réguler ce marché, il plaide pour la planification agricole. «C'est au ministère de l'Agriculture de passer commande auprès des agriculteurs pour produire les quantités suffisantes de produits agricoles destinés à la consommation locale directe, à la transformation industrielle, à l'exportation, et au stockage pour faire face aux périodes de soudure», suggère-t-il. Quant au ministère du Commerce, poursuit le président de l'association El-Aman, son rôle est d'assurer la distribution des produits agricoles sur les marchés régionaux, les marchés de gros et les marchés de proximité. Selon lui, cette organisation permettra d'assurer la disponibilité de ces produits et de maintenir la stabilité de leurs prix. Il rappelle, par ailleurs, les dernières déclarations du ministre du Commerce qui s'est félicité du fait que la mercuriale ait été assez clémente pendant ce mois de Ramadhan, sauf pour la pomme de terre et la tomate, deux produits hors saison, selon lui. «Lorsqu'un responsable politique nie la flambée des prix des produits alimentaires, cela affecte davantage les consommateurs. En niant la forte perturbation des prix, le ministère du Commerce n'envisage pas apparemment de changer cette situation pour les mois prochains», clame-t-il. De son côté, le président de l'Association nationale des commerçants et des artisans (Anca), El Hadj Tahar Boulenouar, pointe du doigt le manque de chambres froides. «La production de la pomme de terre dépend des saisons et la disponibilité des stocks dépend de la demande», dit-il. Selon lui, la nouvelle récolte ne va pas tarder à arriver sur le marché. «La moyenne nationale du prix de la pomme de terre est, aujourd'hui, de 6 dinars le kilo. D'ici la fin du mois de mai, la nouvelle récolte sera prête et les prix vont donc baisser», assure-t-il. Boulenouar insiste, en outre, sur un programme d'agriculture pour orienter les fellahs sur les besoins agricoles nationaux suivant les saisons. «Pourquoi ne pas aller vers la spécialisation agricole des régions ?», soutient-il. Ry. N.