Mardi, les 23 membres du groupe Opep + devraient se rencontrer de nouveau et, si l'on se fie à la démarche qu'ils suivent depuis l'accord d'avril 2020, ainsi qu'à leur propension à éviter de se laisser griser par la remontée des prix, ils seraient enclins à confirmer leur plan de mai-juillet visant à alléger les réductions de la production de pétrole. La Russie, par la voix de son vice-Premier ministre Alexandre Novak, une des personnalités les plus influentes du groupe Opep+, estime que le marché mondial du pétrole manque actuellement d'environ 1 million de barils de pétrole par jour, mais cela n'a pas eu d'influence sur la conviction que, mardi prochain, les 23 membres du groupe se hasarderaient à donner le feu vert pour augmenter les quotas de production après la fin juillet, du moins pas d'un niveau qui avoisinerait ce million de barils manquant, selon les Russes. Des agences américaines auxquelles se sont confiées des sources de l'Opep écartent, malgré la «remarque» russe, toute surprise sur l'issue de la réunion de mardi qui devrait se conclure avec un accord dans la lignée du précédent, celui par lequel il avait été décidé que la production collective de pétrole d'Opep + devrait augmenter de 350 000 b/j en mai et juin et de plus de 400 000 b/j en juillet. Ceci au moment où l'Arabie saoudite a décidé d'assouplir progressivement son effort de réduire unilatéralement son quota de production d'un million de b/j au cours des prochains mois, en commençant par des augmentations de production mensuelles de 250 000 b/j en mai et juin. En tout, d'ici juillet, l'Opep+ devrait apporter au marché jusqu'à 2,1 millions de b/j sans craindre un effet négatif sur les prix, la demande étant en croissance, illustrant jusque-là la confiance des dirigeants de l'alliance Opep + sur le fait que le marché serait en mesure d'absorber autant d'offre, les programmes de vaccination s'accélérant partout dans le monde et les gens se remettant à voyager davantage. Un état des lieux qui fait que l'Opep + et tous les analystes s'attendent à ce que la demande mondiale de pétrole rebondisse fortement au second semestre 2021, et atteigne presque les niveaux d'avant la crise d'ici la fin du quatrième trimestre de cette année. Plus encore, comme le relève une spécialiste américaine, malgré la résurgence de la pandémie sur les principaux marchés importateurs de pétrole en Asie, tels que l'Inde et le Japon, l'Opep et ses alliés, ainsi que les prévisionnistes et les analystes, s'attendent à ce que le marché absorbe les barils supplémentaires, même au cas où l'Iran reviendrait légitimement parmi les exportateurs de pétrole à n'importe quel moment dans la seconde moitié de cette année. Le comportement du marché durant la semaine qui vient de s'écouler conforte l'analyse en vogue ces dernières semaines. Jusqu'à avant-hier vendredi, les prix du pétrole ont affiché tout au long de la semaine leur plus forte hausse depuis mi-avril dernier dans un contexte d'optimisme auquel sont venues s'ajouter les prédictions sur la demande américaine de brut avant le week-end prolongé du Memorial Day, demain lundi, jour de congé aux Etats-Unis, qui lance habituellement le début des grands déplacements d'été. Une demande de carburant qui devrait s'intensifier dans les semaines à venir et solliciter fortement la production dans les raffineries, selon une analyse d'un spécialiste américain. Contexte on ne peut plus favorable donc pour les pays producteurs, même s'ils doivent quelque peu «serrer encore la ceinture» sur le plan de la production, et même si certains pays dépassent allègrement le quota qui leur alloué et d'autres pays, à l'instar de l'Algérie, qui éprouvent des difficultés de production assorties, dans le cas de Sonatrach, de «lourdeur» pour l'entrée en application de la Loi sur les hydrocarbures pour fouetter l'investissement et l'exploration. Azedine Maktour