Pour la première fois depuis 30 ans la demande mondiale devrait enregistrer en 2008 et 2009 deux baisses consécutives, estime le département américain de l'Energie (DoE). La demande globale devrait reculer de 50 000 barils/jour (b/j) cette année et de 450 000 b/j l'an prochain. La demande des Etats-Unis devrait en particulier tomber à son plus bas niveau depuis 11 ans, ayant déjà reculé de 1,2 million de b/j en 2008. En novembre, le DoE, l'AIE et l'Opep avaient sensiblement réduit leurs estimations de demande de pétrole brut en 2009 de respectivement 1 million de b/j, 670 000 b/j et 270 000 b/j. Leurs prévisions de croissances de la demande s'établissaient alors à 490 000 b/j pour l'Opep, 350 000 b/j pour l'AIE et 0 pour le DoE. Le décor ainsi planté ne peut donc qu'accentuer la pression sur le marché pétrolier. Hier matin, les cours du pétrole remontaient un peu, avec le concours d'une série de facteurs légèrement haussiers. Vers 11H30 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 42,56 dollars, en hausse d'1,03 dollar par rapport à la clôture de mardi soir. A la même heure, à New York, le baril de "light sweet crude" pour la même échéance s'échangeait à 43,23 dollars, gagnant 1,16 dollar. Par ailleurs, les investisseurs attendaient la publication, à 15h35 GMT, de l'état des stocks américains la semaine dernière. Les analystes interrogés par Reuters s'attendaient à une poursuite de la consolidation des réserves de brut, qui devaient avoir augmenté de 1 million de barils. Les stocks d'essence et de produits distillés, dont le fioul domestique, devaient avoir diminué, respectivement de 300.000 et 900.000 barils. Plus globalement, le marché reste peu actif. A court terme, il attend une initiative forte de l'Opep qui pourrait décider de réduire sa production de 2,5 mbj selon certaines rumeurs. Rappelons que le président de l'Opep a évoqué le week-end dernier une annonce "surprise et importante" concernant la production de pétrole de l'organisation en vue de la prochaine réunion qui doit avoir lieu le 17 décembre à Oran. Le dernier sommet du Caire n'avait débouché sur aucune décision concrète en donnant rendez-vous au marché mi-décembre après l'annonce d'une réduction de la production quotidienne de 1,5 million de barils en octobre qui avait été insuffisante pour inverser la tendance baissière du marché. Par ailleurs, la Russie rendra publiques d'ici au 17 décembre des propositions de baisse de sa production de pétrole, a déclaré hier le ministre de l'Energie Sergueï Chmatko, alors que le marché s'attend à la voir coordonner son action avec l'Opep pour faire remonter les cours du brut. "L'Opep prévoit des mesures importantes de réduction" de la production, a déclaré le ministre russe à des journalistes. "Nous préparons nos propres propositions, que nous publierons au plus tard le 17 décembre", a-t-il dit. Selon la presse russe, le vice-Premier ministre russe en charge de l'énergie, Igor Setchine, et M. Chmatko seront présents à la réunion d'Oran. Cette annonce du ministre du Pétrole russe ne peut que rassurer le marché qui peine à trouver l'équilibre de ses fondamentaux. Malgré cela, les gains du pétrole pourraient être limités par la lenteur avec laquelle l'Organisation pétrolière applique concrètement les réductions de production. Ainsi, une étude du fournisseur de données sur l'énergie Platts a-t-elle révélé hier que les 11 membres du cartel soumis au système des quotas n'avaient retiré du marché que 950.000 barils, soit les deux tiers environ des 1,5 million de barils devant être supprimés à compter du 1er novembre.