Les cinq partis islamistes qui ont participé aux élections, réunis, ont obtenu presque autant de sièges que le FLN à lui seul. Leur rêve de dominer l'Assemblée s'est, encore une fois, évaporé. Le président du MSP a dénoncé de « graves dépassements », qui auraient modifié les résultats en défaveur de son parti. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Des leaders des partis islamistes avaient annoncé avant l'heure leur percée à l'occasion des élections législatives, et l'un d'eux avait même proclamé sa victoire avant l'annonce des résultats officiels. Des observateurs avaient mis en garde contre tout raz-de-marée de cette mouvance, alertant contre les dangers d'une telle perspective. Au final, aucune de ces prévisions ne s'est réalisée. Tous les partis islamistes réunis, ayant participé à ces élections, à savoir le MSP, El Islah, Ennahda, El Binaa et le FJD, n'ont arraché qu'une centaine de sièges sur les 407 que compte l'Assemblée populaire nationale, soit une moyenne de 20 sièges chacun. En effet, le plus important parti islamiste, à savoir le MSP de Abderrazak Makri, a obtenu 64 sièges, alors que la veille, il avait proclamé sa victoire dans toutes les wilayas du pays et au sein de l'immigration. Le Mouvement El Binaa de Abdelkader Bengrina, lui aussi avait misé sur une large victoire, mais n'a obtenu que 40 sièges, alors que le FJD de Abdellah Djaballah n'a réussi à gagner que deux pauvres sièges. Les deux autres partis, El Islah et Ennahda, en sont sortis avec zéro siège chacun. Ces formations islamistes ont obtenu le même nombre de sièges que le seul parti FLN, avec ses 105 députés, score que l'ex-parti unique a réalisé grâce à la mobilisation de sa base et à la forte abstention. Avec une centaine de sièges, éparpillés, les islamistes seront impuissants durant ce mandat et se contenteront de jouer un rôle de figurants, en assumant celui de l'opposition parlementaire. Du moins pour le MSP, car le Mouvement El Binaa, dans ses positions, est plus proche du parti FLN et du RND qu'il l'est vis-à-vis du parti de Makri. Il est, en effet, fort probable que le mouvement de Bengrina rejoigne une alliance qui inclut les deux vieux partis du pouvoir que de s'allier avec le MSP. De ce fait, le rêve entretenu par les islamistes depuis au moins les élections législatives de 2012 en pleine révolte populaire de ce qui est appelé « le printemps arabe » s'est évaporé pour la énième fois. Certes, le MSP a enregistré une avancée par rapport au précédent mandat de l'APN. Lors des législatives de 2017, le parti avait remporté 33 sièges de l'Assemblée. Le Mouvement El Binaa a également réalisé une forte progression. En 2017, en alliance avec deux autres partis islamistes (Ennahda et El Adala), cette alliance n'a réussi à obtenir que 15 sièges. Mais par rapport aux attentes optimistes des dirigeants islamistes et les prévisions des observateurs et certains autres acteurs politiques, les partis islamistes, malgré les progressions réalisées par rapport aux législatives de 2017, sont les plus grands perdants de cette échéance qui a enregistré un faible taux de participation de 23%, uniquement. Et pour cause ! Les partis islamistes voulaient profiter de la conjoncture, marquée par le boycott des élections par les partis de l'opposition démocratique et les crises du FLN et du RND, pour rafler la mise. Finalement, ils en sont sortis déçus et leur rêve évaporé. Pourtant, hier mercredi, en conférence de presse, le président du MSP, Abderrazak Makri, a évoqué la réussite de sa formation, lui qui claironnait même avant le début de la campagne électorale que sa formation allait l'emporter. Il a dénoncé de «graves dépassements » qui ont changé les résultats des élections, appelant le président de l'Anie à répondre aux observations de son parti. Il a annoncé que des recours en masse seront déposés. Il a souhaité que les futures générations du parti réalisent ce qui n'est pas encore réalisé. K. A.