Il y a un an et demi, il était encore un joueur anonyme évoluant parmi les moins de 17 ans espagnols. Aujourd'hui, Pedri est l'un des maîtres à jouer de l'Espagne partie en reconquête à l'Euro et opposée à la Suisse vendredi en quart. Une éclosion précoce pour ce jeune joueur à peine majeur, qui s'est révélé au plus haut niveau cette saison aux côtés de Lionel Messi au FC Barcelone, finissant par séduire le sélectionneur espagnol Luis Enrique, qui l'a titularisé sur les quatre matchs de la «Roja» à l'Euro. «Pedri est un joueur unique, totalement différent de tout ce que l'on connaît», l'a encensé Luis Enrique dimanche avant la victoire 5-3 après prolongations face à la Croatie de Luka Modric en huitième de finale. Un match fou, où Pedri, lui aussi, est passé par toutes les émotions : l'inspiration, avec ce service en profondeur génial pour Koke, qui a manqué son duel face au gardien (16e). La désolation, avec cette passe en retrait pour son gardien Unai Simon qui a fini dans ses propres cages après un contrôle manqué du portier basque (20e). Puis l'extase, avec la qualification arrachée après prolongation. Trajectoire fulgurante La trajectoire de Pedro Gonzalez Lopez, dit Pedri, est fulgurante. Arrivé au Barça à l'été 2020 en provenance de Las Palmas, le jeune milieu de terrain canarien incarne (avec Ansu Fati, Riqui Puig et Oscar Mingueza) la nouvelle génération blaugrana que Ronald Koeman a couvée pour rebâtir l'équipe. «Je remercie celui qui a dit que je n'étais pas assez bon. Aujourd'hui, je joue pour le club que j'ai toujours aimé», avait confié Pedri dans un entretien à la radio Cadena Ser, révélant que le Real Madrid l'avait éconduit après un essai non-concluant. Elégant balle au pied, doué pour briser les lignes défensives, doté d'une vision de jeu sans égal et d'un sens inné de la passe : ses qualités lui ont vite valu la comparaison avec les légendes du Barça et de la «Roja» Xavi et Andrés Iniesta. «Je comprends cette comparaison, c'est normal, mais Pedri ne doit ressembler qu'à Pedri», avait balayé Luis Enrique après la première sélection du jeune Canarien, le 25 mars contre la Grèce. «A son âge, ce qu'il fait, c'est merveilleux. Il est humble, bosseur, intelligent... et très bon camarade», avait ajouté le sélectionneur, élogieux, précisant qu'il faut «le laisser faire son chemin». En un an, la valeur de Pedri a décuplé, passant de 7 M euros en avril 2020 alors qu'il évoluait encore à Las Palmas en D2 espagnole... à 70 M euros aujourd'hui, selon le site internet spécialisé Transfermarkt. «Un rêve d'enfant» «Il y a un an, je n'aurais jamais imaginé être ici, encore moins être titulaire lors du premier match de l'Espagne à l'Euro. C'est un rêve d'enfant qui devient réalité», s'est émerveillé Pedri le 15 juin en conférence de presse. Pourtant, sa réalité, c'est bien celle d'un jeune homme de 18 ans au visage juvénile qui fait tomber les records les uns après les autres, pour devenir l'une des pièces-maîtresses de cette «Roja» ambitieuse. Contre la Suède, lors du premier match, Pedri est devenu le plus jeune joueur de l'histoire de la sélection espagnole à être titulaire dans un Mondial ou un Euro, devant Cesc Fabregas en 2006. Contre la Croatie, à 18 ans et 215 jours, il est devenu le plus jeune joueur de l'histoire à jouer un match à élimination directe d'un grand tournoi international, devant Marcus Rashford (18 ans et 240 jours) et Wayne Rooney (18 ans et 244 jours). Et l'année 2021 risque de lui réserver bien d'autres surprises : nommé parmi les 100 joueurs retenus pour le prix du Golden Boy (récompensant le meilleur joueur de moins de 21 ans), Pedri figure aussi dans la dense pré-liste de l'Espagne pour disputer les Jeux olympiques au Japon (23 juillet-8 août), ce qui empièterait sur sa pré-saison avec le Barça. Mais jusqu'où ira-t-il ?