Détectés depuis le mois de mai déjà, les nouveaux variants du Covid-19 continuent leur progression. L'Institut Pasteur d'Algérie les surveille de près. Dans son dernier bilan, il fait savoir que le variant Alpha dominait avec plus de 50% des cas, suivi par le Delta avec une prévalence d'un peu plus de 2%. Pourquoi ces variants sont-ils source d'inquiétude ? Quels sont les symptômes ressentis en cas de contamination ? Et, enfin, les vaccins développés jusque-là sont-ils efficaces contre ces souches ? Explications : Nawal Imès- Alger (Le Soir)- Ils ont beau porter des petits noms loin d'évoquer leur dangerosité, les variants du Covid-19 font planer le spectre d'une vague plus virulente sur de nombreux pays. L'Algérie ne fait pas exception. Dimanche soir, l'Institut Pasteur d'Algérie faisait savoir dans un communiqué que «dans le cadre de la surveillance de la circulation des différents variants du virus SARS-CoV-2», il avait enregistré, dès le 20 juin dernier, sept nouveaux cas du variant Delta au niveau de la wilaya d'Alger. Le nombre total des cas confirmés de ce variant s'élève ainsi à 31 cas depuis le 3 mai dernier avec une prévalence estimée à 2.63%. L'Institut Pasteur d'Algérie a également pu identifier des cas de variant Alpha à hauteur de 50.47%. Les deux variants sont classés dans la catégorie dite «préoccupante» alors que pour les variants classés d'intérêt, un taux de 44.18% de cas du variant Eta et de 2.72% de cas du variant A.27 est enregistré. Que représentent-ils ? Pourquoi inquiètent-ils tant ? Qu'est-ce qu'un variant ? Après s'être familiarisé avec le Covid-19, c'est au tour des variants d'être au-devant de la scène. Le terme variant signifie que le virus initial a muté. L'OMS explique que « tous les virus mutent avec le temps. La plupart des mutations n'ont que peu ou pas d'incidence sur les propriétés du virus. Cependant, certaines mutations peuvent affecter les propriétés du virus et influer, par exemple, sur la facilité avec laquelle il se propage, la gravité de la maladie qu'il entraîne ou l'efficacité des vaccins, des médicaments, des outils de diagnostic ou des autres mesures sociales et de santé publique». En matière de variants, l'OMS a choisi de les classer en deux catégories : ceux dits préoccupants et ceux qualifiés d'«intérêt». Les premiers ont pour caractéristiques, une augmentation de la transmissibilité, une augmentation de la gravité ou un changement de présentation clinique ou alors une diminution de l'efficacité des mesures de contrôle mises en place. Au début de leur apparition, les variants portaient les noms des pays où ils avaient été détectés la toute première fois. Les variants portaient alors les noms de britannique, indien ou sud-africain. L'OMS a fini par décider de changer de mode d'appellation en optant pour «des noms faciles à prononcer et non stigmatisant pour les variants à suivre et les variants préoccupants». C'est ainsi que le groupe d'experts sollicité a recommandé de nommer les variants à l'aide du nom des lettres de l'alphabet grec, jugeant cela «plus accessible à un public non scientifique». Il s'agissait surtout de ne plus associer un virus au pays où il avait fait sa première percée et d'adopter des appellations «neutres». Quels symptômes et quels vaccins ? Lorsque les spécialistes évoquent les deux variants qui inquiètent le plus actuellement, il ne s'agit en réalité que du variant britannique qui a pris le nom de Alpha et de celui indien devenu Delta. Ce dernier fait l'objet d'une attention particulière dans l'ensemble des pays touchés. La raison ? Ses spécificités. Une plus grande contagiosité et une circulation plus rapide que la souche originelle, ce qui explique une augmentation rapide des cas. Qu'en est-il des symptômes ? Le corps médical fait état d'une légère modification des symptômes par rapport aux toutes premières vagues. C'est ainsi que les personnes contaminées se plaignent essentiellement de maux de tête et d'écoulement nasal en plus d'une toux sèche pour certains et d'une perte du goût et de l'odorat. Chez les plus jeunes, c'est des symptômes se rapprochant de ceux d'une grippe qui sont le plus souvent signalés. Jugé tout aussi préoccupant, le variant Alpha se caractérise, quant à lui, par une aussi grande transmissibilité, une augmentation probable du risque d'hospitalisation estimé entre 40 et 64%, une hausse probable du risque de décès de l'ordre de 30 à 70%. Selon un descriptif de l'OMS, il existe des « éléments préliminaires en faveur d'une charge virale plus élevée et d'une détection prolongée dans les voies respiratoires supérieures ». Quels sont les symptômes ressentis ? Là encore, quelques différences existent puisque les personnes infectées par ce variant sont plus susceptibles d'avoir une toux, d'avoir mal à la gorge, et peuvent également ressentir des douleurs musculaires. Elles peuvent néanmoins ni subir de perte d'odorat et de goût ou encore avoir des troubles gastro-intestinaux. Depuis leur apparition, une question se pose avec acuité : les vaccins développés pour la première souche sont-ils tout aussi efficaces sur ces variants ? La question avait déjà été posée au Pr Kamel Djenouhat, président de la Société algérienne d'immunologie. Il y a répondu en affirmant que «tous les vaccins développés contre la Covid disponibles en Algérie ou ailleurs restent efficaces contre les nouveaux variants. Certes, cette efficacité a baissé contre les variants brésilien, sud-africain et nigérian, mais elle reste supérieure au seuil d'efficacité exigé et fixé par l'OMS pour la validation et l'homologation. Les dernières déclarations des firmes AstraZeneca et Pfizer sont rassurantes et affirment que leurs vaccins sont efficaces contre le variant indien». De son côté, l'OMS a clos jeudi dernier le débat à ce sujet, assurant que «tous les variants du virus du Covid-19 qui sont apparus jusqu'à présent répondent aux vaccins disponibles et approuvés». N. I.