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Les révisionnistes à l'assaut de Novembre
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 07 - 2021

J'ai déjà écrit que le novembrisme est en train de se transformer en auberge espagnole. Chacun y vient avec son propre programme politique, ses penchants idéologiques et sa volonté clairement affichée de changer l'Histoire. Les premiers à se présenter en front uni pour faire dans un révisionnisme abject sont ces retardataires de l'Histoire qui veulent nous faire croire que les acteurs de Novembre sont des religieux imprégnés d'idées fondamentalistes. Ils s'accrochent à cette courte référence aux «principes islamiques» qui figure dans la déclaration du 1er Novembre.
Novembre est un acte révolutionnaire et, à ce titre, il garde ses distances avec le discours religieux des Ulémas qui, du reste, refusèrent l'idée d'une insurrection armée en 1954 comme le prouvent plusieurs témoignages. Ils avaient leurs raisons certainement, comme le leader historique Messali Hadj. Mais contrairement à ce dernier qui rejeta l'idée de se joindre au FLN et dirigea même une organisation armée opposée au Front, les Ulémas se portèrent aux côtés des patriotes en 1956, tout comme le Parti communiste algérien qui renforça les rangs de la révolution la même année. Certes, et à l'instar des Scouts musulmans algériens, la pensée de Ben Badis a joué un rôle dans l'éveil de la conscience nationale chez une partie des résistants sortis des Médersas mais il est faux d'affirmer que les Ulémas furent aux premiers rangs en novembre 1954 ! C'étaient des acteurs parmi d'autres dès 1956, mais pas les concepteurs, les initiateurs ou les déclencheurs. Et pourtant, à écouter trois historiens improvisés qui occupent en permanence la chaîne TV "Mémoire", la révolution n'appartient ni à Ben M'hidi, ni à Abane mais aux religieux ! Ce révisionnisme n'est pas un épiphénomène ou une coquetterie de plateau ; il s'inscrit dans une démarche cohérente qui tente, à travers l'école, le discours politique, la télévision et la presse, d'inverser les rôles et de donner au 1er Novembre un caractère religieux qu'il n'avait pas.
S'inscrivant dans le courant révolutionnaire émancipateur qui secouait le tiers-monde à l'époque, notre révolution fut d'abord un acte libérateur et le début d'un processus révolutionnaire devant chasser l'occupant pour installer les fondements d'un Etat populaire, social et démocratique. Ce n'était pas la révolution khomeiniste, ni celle des talibans ni un combat pour instaurer un Etat islamique ! Et c'est l'un des derniers survivants de Novembre, un moudjahid de la première heure qui l'a clairement dit dans un rappel historique cinglant, Salah Goudjil : «La révolution de Novembre ne visait pas à instaurer la charia» ! Clair, net et précis.
Ceci étant, il faut aussi rappeler certaines vérités. Le peuple algérien vivait sous une domination coloniale brutale qui a longtemps caressé le rêve de l'évangéliser comme le firent les premières colonnes impérialistes en Amérique. Mais cette volonté de changer l'identité des Algériens se heurta à une forte résistance menée par des chefs religieux. En l'absence d'unité nationale, l'islam fut le levier des insurrections tribales du XIXe siècle mais cet islam-là, pratiqué dans la sérénité depuis des siècles par les Algériens, n'avait rien à voir avec l'islam politique de ceux qui veulent refaire l'Histoire.
En fixant les objectifs généraux du futur Etat, les rédacteurs de l'appel de Novembre se devaient de rappeler un trait fondamental de notre identité. Ils voulaient dire qu'ils n'allaient pas libérer le pays pour le livrer à nouveau à la religion des envahisseurs ou aller vers une laïcité qui mettrait en cause le caractère sacré des croyances de nos pères et sortirait de cet islam social dans lequel baignait la vie de nos cités populaires et déchras. C'est ce qu'ils voulaient dire par «principes islamiques». C'était un rappel direct de la volonté de récupérer l'identité nationale bafouée et un signe d'unité et de symbiose dans la mesure où le peuple algérien est musulman dans sa grande majorité. C'est un point qui méritait d'être précisé parce que les tenants des nouveaux courants fondamentalistes font tout pour détourner ce passage de la déclaration du 1er Novembre de son cadre initial.
Être novembriste aujourd'hui, ce n'est pas se parer d'idées intégristes importées du Golfe ou de Turquie, ce n'est pas s'habiller à la manière des Afghans, ce n'est pas suivre les us et coutumes venues des tribus arabes du désert saoudien. Être novembriste, c'est poursuivre le combat pacifique pour la réalisation de tous les objectifs de la révolution de Novembre, corriger les erreurs accumulées depuis l'indépendance, réduire le rôle les oligarchies, mieux distribuer la richesse nationale, continuer à soutenir les prix des produits de première nécessité, mieux protéger les travailleurs, préserver la gratuité de la médecine et de l'instruction publiques, créer de l'emploi, rendre performante notre économie, améliorer les conditions de vie des populations déshéritées, garantir un logement pour chaque famille, renforcer les capacités de l'Armée nationale populaire, soutenir toutes les causes justes et appuyer la lutte des peuples ployant sous le joug impérialiste. Enfin, c'est être fier de son algérianité, de son passé de résistances héroïques accumulées au cours des siècles. C'est être fier du parler algérien, des coutumes algériennes différentes d'une région à l'autre, de tout ce qui fait notre culture et notre personnalité. Ne faut-il pas ici rappeler que le musulman américain s'habille de Jean's et écoute le rock ? Idem pour le musulman pakistanais, azerbaïdjanais ou sud-africain qui vivent selon les us de leurs pays. Pourquoi alors, chez nous, pour être musulman, il faut s'habiller et vivre comme des non-Algériens ?
Non, Novembre n'est pas et ne peut être la porte ouverte aux tentatives répétées de changer le sens d'une grande révolution pour lui faire quitter les boulevards lumineux de la liberté et du progrès et la pousser sur les petits sentiers du renoncement et de l'insignifiance ! Pour être novembriste (nouvambari), il faut encore croire aux bienfaits de la révolution, c'est-à-dire à cette nécessité immuable de travailler pour changer les choses. Rien ne changera tout seul. C'est l'esprit révolutionnaire qui peut vaincre toutes les difficultés. C'est grâce à cet esprit-là qu'une poignée de résistants n'ayant que quelques fusils ont pu venir à bout d'une puissance mondiale soutenue par l'Otan !
Aujourd'hui, et avec le formidable potentiel matériel et humain dont nous disposons, nous pouvons créer des miracles. Comme tous ces Algériens émérites qui, de Sonatrach à Cosider, en passant par les secteurs les plus avancés technologiquement, apportent la preuve que le génie algérien n'est pas mort. Au contraire, il s'épanouit dans la discrétion et l'efficacité. Peu de pays du tiers-monde peuvent se targuer de «rouler» sans aide et assistance massive de cadres étrangers. Les conditions existent. Reste la vision politique. À chaque fois qu'elle s'écarte du rayon lumineux lancé par le phare Novembre, nous perdons notre chemin. Revenons à Novembre, le vrai, pas celui des charlatans !
M. F.


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