Le taux d'inflation moyen annuel en Algérie, calculé sur la base de l'évolution de l'indice des prix à la consommation entre juin 2020 et mai 2021 comparé à la même période entre juin 2019 et mai 2020, a atteint 3,9% à la fin mai dernière, nous apprend l'Office national des statistiques (ONS). La variation mensuelle des prix à la consommation, entre mai et avril derniers, a été, quant à elle, de -0,11%, a encore indiqué l'ONS. Des chiffres dans l'ordre prévu par les pouvoirs publics qui, début juin à travers un communiqué du ministère des Finances traitant de la conjoncture économique, soulignaient que l'évolution de l'inflation moyenne en 2021 devrait se situer autour de 4%, en relation avec la reprise de l'activité et le retour progressif à l'approvisionnement normal des marchés, notamment des produits alimentaires. Des marchés qui, doit-on le rappeler, ont été rudement perturbés plusieurs mois durant depuis le début de l'année. Perturbations qui se sont caractérisées par une flambée des prix dans plusieurs secteurs d'activités, particulièrement dans l'agroalimentaire comme cela s'était illustré durant le mois de Ramadhan. Il était clair que les coûts des approvisionnements des producteurs, durement impactés par la pandémie, allaient être répercutés sur les prix de vente au détail. La dépréciation de la valeur du dinar par rapport aux deux monnaies dans lesquelles sont libellées les opérations commerciales du pays n'a pas contribué pour un retour du marché à la normale, d'autant plus qu'en parallèle sont apparus au grand jour toutes les tares dont souffre la structuration du marché algérien, avec notamment la faune d'intermédiaires dans le secteur tentaculaire de la distribution qui n'est pas pour rien dans la formation «sauvage» des prix qu'endurent les consommateurs. Ceci sans parler de l'informel qui n'en finit pas de polluer l'activité économique hautement incertaine par les temps qui courent. Selon le dernier bulletin de l'ONS, pour l'évolution mensuelle et par catégorie de produits, les prix des biens alimentaires ont baissé de 0,7%, une baisse due particulièrement à l'évolution baissière des prix des produits agricoles frais (-2,1%), elle-même due au fléchissement des prix d'un grand nombre de produits de la même catégorie, notamment la viande de poulet (-7,3%), les légumes (-14%) et les œufs (-5,2%). Les prix d'autres produits de la même catégorie ont, par contre, enregistré des hausses. Il s'agit essentiellement de ceux des fruits frais (+3%) et de la pomme de terre dont l'augmentation du prix a atteint 35%. Concernant les produits alimentaires industriels, leurs prix se sont caractérisés par une légère hausse (0,8%) consécutivement à un relèvement des prix des huiles et graisses (+1,2%), des sucres et produits sucrés (+1,7%) et des pains et céréales (+0,8%) en mai dernier par rapport au mois d'avril 2021, selon les évaluations de l'ONS. Pour les produits manufacturés et les services, leurs prix ont connu des variations respectives de +0,2% et +0,6%. Par groupe de biens et de services, les prix des groupes «habillement-chaussures» et «santé et hygiène corporelle» ont connu des hausses de +0,9% pour chaque groupe, contre +0,7% pour le groupe «divers», tandis que la variation mensuelle des prix à la consommation dans le reste des groupes a été marquée par des stagnations. Gare à la poussée inflationniste ! L'indice national des prix à la consommation est établi par l'ONS sur la base d'observation des prix effectuée auprès d'un échantillon de 17 villes et villages représentatifs des différentes régions du pays. Cet indice permet essentiellement de disposer d'indicateurs d'évolution des prix de détail sur l'ensemble du territoire national, permettant ainsi une analyse comparative de l'évolution des prix. Ainsi, à titre de comparaison, au fil des mois depuis le début de cette année, selon les relevés de l'Office, au mois de janvier 2021, l'indice général des prix à la consommation, au niveau national, a enregistré une hausse de 1,4% par rapport au mois de décembre 2020. Les prix des biens alimentaires observent une croissance de 2,5% durant le même mois de janvier. Au mois de février 2021, l'indice général des prix à la consommation, au niveau national, a été marqué par une variation de +0,7% par rapport au mois de janvier alors que les prix des biens alimentaires avaient marqué une croissance de 1,1%. En mars 2021, l'indice général des prix à la consommation au niveau national a presque doublé, enregistrant une évolution de +1,3% par rapport au mois précédent quand les prix des biens alimentaires observaient une croissance de 2,6%. Au mois d'avril 2021, l'indice général des prix à la consommation à l'échelle du pays a enregistré une augmentation de 1,3% par rapport au mois précédent tandis que les prix des biens alimentaires observaient une croissance de 2,2%. En mai dernier donc, l'indice général des prix à la consommation au niveau national a enregistré une variation de +0,5% par rapport au mois précédent lorsque les prix des biens alimentaires affichaient un taux de +0,5%. Des allures claires de poussée inflationniste à «pas cadencés» qui n'a pas eu le don d'inquiéter le gouvernement en charge des affaires du pays, sûr du fait qu'il avait mis en place les outils pour juguler toute espèce d'inflation incontrôlable, comme l'illustrent les prévisions étalées sur la loi de finances complémentaire 2021. Un autre motif en somme tout indiqué pour que le nouvel exécutif se retrousse les manches. Azedine Maktour