Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a débuté sa visite à New Delhi par un avertissement sur un risque de « régression démocratique», au moment où Washington compte plus que jamais sur cet allié-clé en Afghanistan ou face à la Chine. « La relation entre nos deux pays est l'une des plus importantes au monde », a-t-il déclaré dans une capitale indienne en pleine mousson. Antony Blinken, pour sa première visite en Inde en tant que secrétaire d'Etat, s'est entretenu avec le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar avant de rencontrer le premier ministre Narendra Modi. New Delhi est sous le feu des critiques des défenseurs des droits humains en raison de son usage croissant des lois antiterroristes pour multiplier les arrestations et, selon les détracteurs du gouvernement Modi, bâillonner ses opposants. Malgré les dénégations du premier ministre, son exécutif nationaliste hindou est aussi accusé d'avoir fait adopter une loi discriminant la minorité musulmane, qui compte 170 millions de personnes. Joe Biden a mis au coeur de sa politique étrangère la constitution d'une alliance des démocraties face à « l'autocratie » incarnée selon lui par la Chine. En retour, les autorités indiennes réclament du gouvernement américain un soutien aussi déterminé que celui apporté par l'administration Trump lors des affrontements meurtriers de l'an dernier entre l'Inde et la Chine à leur frontière himalayenne. Le gouvernement américain espère que New Delhi participera activement à la stabilisation du pays en guerre, au moment où le président des Etats-Unis a entrepris de retirer toutes ses troupes d'ici le 20e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, qui avaient déclenché leur intervention. Mais l'Inde, l'un des plus fidèles soutiens du gouvernement afghan, redoute un retour au pouvoir des talibans. L'Afghanistan ne doit pas être « un refuge pour les terroristes », a prévenu le chef de la diplomatie indienne. Et Washington ne peut pas vraiment lui apporter des assurances, après avoir reconnu que les insurgés avaient pour eux un « avantage stratégique ». Antony Blinken s'est borné à mettre en garde les talibans contre une prise du pouvoir par la force qui ferait de l'Afghanistan un « Etat paria ». R. I.