Le moment semble bien choisi, le continent renferme des poches de crises qui perdurent pour certaines, la Libye, qui ressurgissent pour d'autres, le barrage de la Renaissance en Ethiopie, des crises latentes, menaçantes, la Tunisie, et le tout se déroule sur fond d'instabilité sanitaire bien sûr liée à une pandémie elle-même génératrice de tensions. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - À peine un mois après sa prise de fonction, Ramtane Lamamra se lance dans un périple sans cacher les intentions de l'Algérie qui veut « être une partie de la solution dans les grands dossiers qui concernent nos frères, quand les conditions sont favorables », déclare le nouveau MAE au Caire en abordant ouvertement l'affaire du barrage de la Renaissance. « Nous souhaitons que l'Ethiopie, l'Egypte et le Soudan puissent parvenir à des solutions satisfaisantes qui garantissent les droits de chaque partie», déclarait Lamamra lors d'une conférence de presse animée avec son homologue égyptien. Le sujet est sensible, le traité régissant l'utilisation du barrage de la Renaissance que se partagent Khartoum, le Caire et Addis-Abeba semble ne pas être respecté par l'Ethiopie, un fait d'où découle la résurgence d'un vieux conflit pouvant dégénérer en guerre. L'Ethiopie, qui a annoncé officiellement l'achèvement du remplissage du barrage, a fait réagir le Soudan et l'Egypte qui craignent que leur part des eaux ne soit pas respectée. «L'Algérie, ajoute Lamamra à ce sujet, considère que la relation entre les Etats du bassin du Nil, notamment l'Egypte, le Soudan et l'Ethiopie, passe par une période délicate et nous ne devons pas nous contenter d'une connaissance superficielle du dossier du barrage de la Renaissance (...) nous tenons à ce que la relation entre les Etats arabes et africains soit distinguée». Alger se présente d'emblée dans le rôle de médiateur, son ministre des Affaires étrangères entame un périple qui le mène successivement à Addis-Abeba, Khartoum et au Caire. Le missionnaire de Abdelmadjid Tebboune est un poids lourd en matière de règlement de conflits (il a été à deux fois commissaire pour la paix de l'Union africaine), son expérience et l'aura dont il jouit à l'échelle internationale transforment son périple en événement africain. À Addis-Abeba, il est reçu par la présidente éthiopienne qui fait savoir que le dossier du barrage de la Renaissance était au menu des discussions. Lamamra se rend ensuite en Tunisie, un pays qui tente aussi de contribuer à une résolution pacifique du problème, Tunis l'a fait en soumettant au Conseil de sécurité un projet de résolution pour l'arrêt du remplissage du barrage. Il arrive au moment où le pays se trouve dans une conjoncture marquée par des événements politiques importants (dissolution du Parlement, limogeage du Premier ministre...) et une aggravation de la situation sanitaire. C'est le second déplacement qu'il effectue à Tunis en une semaine. Cette fois, il est reçu par le Président tunisien auquel il remet une lettre de fraternité et d'amitié du chef d'Etat algérien. Un grand rapprochement marqué les relations entre les deux pays. A. C.