Le 29 septembre 2005, Abdelaziz Bouteflika proposait aux Alg�riens une �Charte pour la paix et la r�conciliation nationale�, cens�e parachever son projet politique entam�, en 1999, par �la loi sur la concorde civile�. Pour ce r�f�rendum, c�est lui-m�me qui m�nera campagne, comme en 1999. �C�est le maximum que je puisse donner. C�est tout ce que permet le rapport de force aujourd�hui�, disait-il lors de son dernier meeting � Alger. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) -L�issue du r�f�rendum �tant scell�e � l�avance, tout l�int�r�t est port� sur �l�apr�s cette charte�. C'est-�-dire dans ce qu�en fera Bouteflika. Car tout est dans cette phrase contenue dans le texte de la charte : �Le peuple alg�rien souverain approuve la pr�sente charte et mandate le pr�sident de la R�publique pour prendre toutes les mesures visant � en concr�tiser les dispositions.� Il va sans dire qu�avec un tel �mandat�, Bouteflika pouvait donner � la charte la direction qu�il voulait. D�j� qu�il rendait lui-m�me caduque la loi portant concorde civile en annon�ant, la veille de l�expiration des d�lais de rigueur accord�s aux terroristes pour le d�p�t des armes, une gr�ce amnistiante globale et jamais limit�e dans le temps. C��tait le 12 janvier 2000 alors que la loi sur la concorde civile devait prendre fin le 13 janvier 2000 pour laisser place, mena�ait Bouteflika, � la politique de �Seif el Hadjadj�, autrement dit une lutte sans merci contre le terrorisme. La substance m�me de la loi sur la concorde civile reposait sur un principe simple : les terroristes acceptant la repentance et le d�p�t des armes entre le 13 septembre 1999 et le 13 janvier 2000 � minuit b�n�ficieront d�une extinction de toute poursuite judiciaire � l�exclusion des auteurs de crimes de sang ou d�attentats � l�explosif dans les lieux publics. Mais dans les faits, les terroristes ont tous �t� amnisti�s, � commencer par les plus sanguinaires des �mirs du GIA et du GSPC ! Pis encore, les terroristes b�n�ficieront d�indemnit�s, directes ou indirectes, faisant de certains d�entre eux de v�ritables barons dans le commerce et les affaires ! En cet automne 2005, le pire �tait donc � craindre. Du moins, un remake de 1999 planait comme l��p�e de Damocl�s sur le destin du pays. Que fera Bouteflika du �oui massif� du 29 septembre ? Un incident impr�vu et brutal surviendra toutefois juste apr�s ce r�f�rendum : Bouteflika sera surpris par une lourde maladie et sera hospitalis� pendant plusieurs semaines au Val de Gr�ce � Paris pour ne regagner le pays que le 31 d�cembre 2005. Il regagne le pays mais pas son impressionnant dynamisme et son activit� d�bordante. Depuis cette date en effet, l�homme n�est plus le m�me. Il fera campagne en 2009, mais une campagne o� il se contentera du stricte minimum : des meetings d�passant rarement un quart d�heure et des bains de foule symboliques. Et, pour th�me de campagne, l�exact contraire de 2005 : il axera son discours sur la n�cessit� d��radiquer le terrorisme. Il ira m�me plus loin en d�signant, pour la premi�re fois, les islamistes du FIS comme responsables du drame alg�rien. Il faut dire qu�entre temps, lui-m�me �chappera miraculeusement � un attentat suicide. C��tait le 7 septembre 2007 � Batna. Le 11 avril de la m�me ann�e 2007, c��tait le Palais du gouvernement qui �tait la cible d�un violent attentat kamikaze. C�est donc apr�s ces terribles �v�nements que l�Etat abandonne �l�esprit� d�faitiste de �la charte nationale�, et repasse aux choses s�rieuses s�agissant de la lutte antiterroriste. Les policiers seront r�arm�s, eux qui subissaient les pires humiliations de la part de repentis arrogants et m�me d�un Etat complaisant. Les services sp�cialis�s dans la lutte contre le terrorisme, marginalis�s et d�mobilis�s par une politique de reniement nationale suicidaire, seront r�habilit�s. D�o� la nette r�gression de la nuisance terroriste, dans la capitale notamment. Ceci au plan s�curitaire. Pour le reste, c'est-�-dire au plan politique, force est de constater que, malheureusement, les d�g�ts sont �normes ! Le FIS n�a certes plus d�agr�ment et ne l�a plus repris, mais l�islamisme, lui, est partout ! Du gouvernement � la soci�t�, de la justice aux m�dias et � l��cole, le p�ril vert a infest� pratiquement tous les secteurs et durablement.