Novak Djokovic avance comme un rouleau compresseur vers le Grand Chelem mais des grains de sable pourraient enrayer la machine serbe à l'US Open : Medvedev, Zverev, Tsitsipas... voire le Djoker lui-même. Daniil Medvedev (RUS, 2e mondial, 25 ans, 1,98m) Depuis qu'il a poussé Nadal au 5e set en finale de l'édition 2019, Medvedev a progressé sur les courts et au classement. Il a perdu sa deuxième finale majeure en février dernier à l'Open d'Australie face à Djokovic, mais rêve d'une revanche sur les courts de Flushing Meadows : il ne peut affronter le Serbe qu'en finale. «Nous sommes là pour l'empêcher de gagner l'US Open. Je veux remporter l'US Open. Je me moque d'affronter un qualifié ou Novak en finale, je veux juste gagner ce tournoi. Mais nous savons tous que Novak est très fort et qu'il est l'un des meilleurs joueurs de l'histoire. Quelque soit le tournoi où il s'engage, il en est l'un des grands favoris», a affirmé Medvedev trois jours avant le début de l'ultime levée du Grand Chelem 2021. Le Russe compte 3 victoires pour 5 défaites face au Serbe. Stefanos Tsitsipas (GRE, 3e mondial, 23 ans, 1,93 m) Installé solidement dans le Top 10 mondial depuis mars 2019, Tsitsipas a fini par remporter son premier Masters 1000 cette année sur la terre battue de Monte-Carlo, son premier gros titre avec les Masters de fin d'année en 2019. Le titre monégasque lui a donné de l'assurance puisqu'il a joué quelques semaines plus tard sa première finale majeure, perdue en cinq sets face à Djokovic à Roland-Garros. Avec deux demi-finales aux Masters 1000 du Canada et de Cincinnati en préparation à l'US Open, il compte prendre toute sa place, voire plus, à Flushing Meadows où son meilleur résultat est le 3e tour atteint l'an dernier. Il avait été battu par Borna Coric au tie break du cinquième set après avoir eu six balles de match. «Je considère que c'est une défaite positive même si j'ai été si proche de la victoire. J'en suis ressorti plus fort et certain que ça se passerait mieux à l'avenir», a-t-il commenté vendredi en assurant «avoir le jeu pour remporter des titres du Grand Chelem». Il compte deux victoires pour six défaites face à Djokovic qu'il pourrait affronter en finale à l'US Open. Alexander Zverev (GER, 4e mondial, 24 ans, 1,98 m) Finaliste l'an dernier, Zverev arrive cette année en ayant fait le plein de confiance. Médaillé d'or aux Jeux olympiques de Tokyo en ayant éliminé Djokovic en demi-finales, il a enchaîné sur un titre au Masters 1000 de Cincinnati où il a notamment écarté Tsitsipas en demies avant de dominer largement Andrey Rublev en finale. Leader de la jeune génération lorsqu'il a remporté ses deux premiers Masters 1000 en 2017 (Rome et Canada) et qu'il est devenu n°3 à l'ATP en fin de saison, l'Allemand s'est ensuite laissé déborder par Medvedev et Tsitsipas. Mais il n'a jamais perdu la foi, restant persuadé de pouvoir battre les meilleurs et s'imposer en Majeur. Surtout à New York où il est passé si près l'an dernier. «En un sens, ça attise la flamme en moi, parce que j'étais à deux points de gagner la finale. Je me suis déjà entraîné plusieurs fois sur le court central et des souvenirs sont remontés. Je m'en souviens, je l'ai toujours dans un coin de ma tête. Donc je suis très motivé et j'ai hâte de commencer le tournoi parce que... je n'étais vraiment pas loin l'an dernier», a-t-il commenté. Il affiche un bilan de 3 victoires pour six défaites face à Djokovic qu'il pourrait affronter en demi-finales. Le cas Djokovic En 2019, Djokovic a été contraint à l'abandon sur blessure à l'épaule droite. En 2020, en l'absence de Roger Federer et Rafael Nadal, la voie semblait libre, jusqu'à ce qu'un geste d'énervement ne soit puni par un coup du sort. Le Serbe avait frappé sans regarder une balle derrière lui et avait atteint à la gorge l'une des rares personnes présentes dans l'immense enceinte du court Arthur-Ashe vide de public... une juge de ligne. Sanction immédiate, la disqualification. Comment sera-t-il cette année, physiquement et psychologiquement, face à l'enjeu historique ? Tournoi féminin Osaka tenante embrumée, Barty prétendante assumée La Japonaise Naomi Osaka, tenante du titre, vise un troisième US Open en quatre ans, mais elle devra chasser les doutes qui la traversent depuis le printemps, dès aujourd'hui à New York où la n°1 mondiale Ashleigh Barty déboule en favorite. Depuis sa victoire en 2018, aux dépens de Serena Williams - dont l'avenir sur les courts, à bientôt 40 ans, est plus que jamais recouvert du voile de l'incertitude après son forfait en raison d'une déchirure à une cuisse -, Osaka règne en maîtresse ou presque à Flushing Meadows. Après un faux-pas en 8e de finale l'année suivante contre la Suissesse Belinda Bencic, elle a repris son dû en 2020 au terme d'un été particulièrement fort en émotions qui révéla, plus qu'une joueuse, une femme très engagée dans la lutte contre l'injustice raciale, dans le sillage de l'affaire George Floyd. Il y eut d'abord son refus de jouer sa demi-finale à Cincinnati, emboîtant le pas des Milwaukee Bucks qui venaient de boycotter un de leurs matchs des play-offs NBA. Elle finit par la disputer le lendemain, après que les organisateurs du tournoi eurent suspendu le jeu en signe de solidarité. Et à New York, elle entra sur le court à chaque match avec un masque portant le nom d'une victime afro-américaine de violences policières. «Beaucoup de choses à corriger» Semblant assumer ce statut de championne-militante, renforçant son aura de nouvelle star du tennis, Osaka, qui est selon le magazine Forbes la sportive la mieux payée du monde avec 60 millions de dollars perçus en 2020-21 (50,9 millions d'euros, 90% étant extrasportifs), s'est ensuite imposée à l'Open d'Australie en février, démontrant une solidité qu'on croyait alors sans faille. Mais il y eut la polémique, née de son refus de répondre aux questions des médias à Roland-Garros, qui lui a valu d'être sanctionnée financièrement et a entraîné son retentissant forfait avant le 2e tour. Le tout ayant mis à jour des problèmes d'anxiété, marqués par «plusieurs épisodes dépressifs». Après une pause qui l'a amenée à faire l'impasse sur Wimbledon, elle a manqué son retour aux Jeux de Tokyo où, après avoir allumé la vasque olympique, elle a craqué sous la pression en 8e de finale. A Cincinnati la semaine passée, elle a fondu en larmes pour sa première conférence de presse sur le circuit WTA depuis Roland-Garros, avant de céder au 3e tour face à la Suissesse Jil Teichmann, 76e mondiale. «Je n'ai pas joué autant de matchs que je l'aurais voulu (avant l'US Open). Mais je me sens assez heureuse de la façon dont je joue et assez confiante par rapport à ma situation actuelle. J'espère que ça marchera à la fin», a-t-elle dit vendredi face aux médias. Barty se sent «prête» Osaka a fait don de ses gains sur ce tournoi de Cincinnati aux secours déployés à Haïti après le séisme dans l'île natale de son père. Elle n'apparaît pas dans les meilleures dispositions en vue de l'US Open où elle aura dans sa partie de tableau la Bélarusse Aryna Sabalenka, qui l'a dépassée au 2e rang mondial. Celle qui occupe le trône est Ashleigh Barty, et ce pour la 83e semaine consécutive. Victorieuse à Wimbledon et à Cincinnati, l'Australienne de 25 ans, également titrée à Miami, Melbourne et Stuttgart cette année, sera sa plus grande rivale, sinon la favorite. «Je me sens bien, je me sens prête. C'est une grande année, mais il y a encore du chemin à parcourir», a récemment déclaré celle qui n'avait quasiment pas joué en 2020, après avoir refusé de voyager en pleine pandémie de Covid-19. «Une partie de moi ne savait pas trop comment cette année se déroulerait. D'abord, parce que j'ai longtemps été éloignée des courts, ensuite parce que j'allais vivre une nouvelle aventure, en étant loin de chez moi pendant un moment», a-t-elle expliqué. Son excellente saison a de quoi renforcer la confiance de Barty, dont la fraîcheur et la motivation tranchent avec l'impression de grande fragilité émanant d'Osaka. «Ces derniers mois ont évidemment été extrêmement difficiles. Mais elle (Osaka) revient là où elle a gagné deux fois. Habituellement, avec ce genre de souvenirs, on peut jouer du très bon tennis», estime néanmoins l'ex-joueuse Pam Shriver, consultante pour ESPN.