Le président de la République a appelé, à la veille de la rentrée des classes, à trouver une solution immédiate à la souffrance des élèves due au poids du cartable. C'est possible ? Les syndicats sont catégoriques : non seulement, il ne peut y avoir aucune solution au poids du cartable à une semaine de la rentrée, mais la solution de ce problème est liée systématiquement à la refonte du système éducatif. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - L'idée de l'allégement du cartable est le vœu de l'ensemble des syndicats mais surtout des parents d'élèves. D'autant que ce problème à un impact sur la santé des élèves. Abdelmadjid Tebboune, qui a présidé un Conseil des ministres, dimanche, et en évoquant le volet de la rentrée scolaire, a exhorté le ministre de l'éducation à trouver une solution immédiate à la souffrance des élèves due au poids du cartable. L'appel aurait pu faire des heureux s'il avait été lancé quelques mois auparavant. Car peut-on s'attaquer à un tel chantier à quelques jours de la rentrée des classes, prévue le 21 septembre prochain ? Impossible, répondent unanimement les syndicats du secteur interrogés. Car, selon eux, il ne peut y avoir une solution à ce problème du moins pour cette rentrée. «Il est trop tard pour cette rentrée», affirment les partenaires sociaux qui expliquent qu'avant de proposer une solution au poids du cartable, il faut au préalable revoir le système éducatif. Un problème qui a été, d'ailleurs, exposé, rappellent-ils, depuis au moins une dizaine d'année. Des solutions ont été proposées mais la refonte du système éducatif rencontre des blocages à chaque fois que le dossier est remis sur la table des discussions. Réponses des syndicats Pour Meziane Meriane, président du Snapest, «il est trop tard pour trouver une solution au poids du cartable cette année. Nous avons déjà suggéré à ce que le livre scolaire soit divisé en trois tomes pour diminuer le poids mais les livres sont déjà imprimés, nous avons également proposé à ce que l'enseignant ne demande plus des cahiers de 200 pages et plus et demande à l'élève un cahier pour chaque trimestre ou penser à avoir les livres en double pour laisser des exemplaires à l'école même si ça revient cher, mais la santé de nos enfants n'a pas de prix. Ce sont des solutions qui peuvent êtres facilement appliquées pour alléger le cartable mais la meilleure solution reste bien sûr la refonte des programmes scolaires et la réduction des nombres de matières dans le cycle primaire, il y a trop de matières enseignées au primaire». Selon Boualem Amoura, président du Satef, «cela fait plus de 10 ans, soit depuis l'ère de Benbouzid, que l'on parle du problème du poids du cartable. On n'a rien inventé et, pour le moment, on peut rien faire, il est trop tard, on ne peut pas décider du jour au lendemain de l'allégement du cartable, il y a beaucoup de choses à changer avant. Nous avons proposé une refonte radicale du système éducatif depuis le siècle dernier, ils ne nous ont pas écouté. Pour parler de l'allégement du cartable, il faut toucher aux programmes dans le cycle primaire. Est-ce qu'il est normal de dispenser, douze ou treize matières à un élève du primaire alors qu'il est noté uniquement sur trois matières dans l'examen de fin de cycle primaire ? Sachant que le programme actuel est conçu pour être dispensé pour une période de six années dans le cycle primaire, l'ancien président de la commission nationale des programmes scolaires était d'ailleurs étonné lorsqu'il a été décidé de réduire les années d'enseignement dans le primaire à cinq années au lieu de six, alors que le programme n'a pas été changé. Le Satef propose le retour à l'ancien système d'enseignement de six années au primaire. Pour Messaoud Boudiba, directeur de la communication au Cnapest, «nous ne pouvons pas demander un allégement du cartable à la veille de la rentrée scolaire ; il est trop tard, car pour alléger le cartable, il faudra aller vers la base qui est la refonte du système éducatif et qui dit refonte, dit révision du contenu et du nombre des matières dispensées dans le cycle primaire. Enseigner une dizaine de matières à un enfant au primaire est inadmissible, alors nous devons faire le diagnostic des problèmes pour pouvoir trouver de réelles solutions. Le problème du cartable a été posé depuis quatorze ans mais à chaque rentrée scolaire, au lieu qu'il y ait une solution, le problème s'intensifie, nous devons fixer les objectifs que nous attendons du cycle primaire car si nous voulons qu'un enfant de cet âge puisse lire, écrire et compter, nous ne devons pas lui faire subir toute cette surcharge des matières inutilement. À cet âge, 50% du temps de l'élève doit être consacré aux activités extrascolaires, or, actuellement, l'enfant du primaire ne dispose même pas d'une heure pour des activités comme la musique ou le sport». S. A.