Le couscous, bien de chez nous, s'est imposé troisième plat national français. Cela titille-t-il pour autant notre ego ? Oui et non. C'est oui lorsqu'il est admis comme un apport à la culture française, toute gastronomique soit-elle. C'est non quand certains s'évertuent à le ravaler au rang d'exotisme, c'est-à-dire étranger, appartenant à de mystérieuses peuplades. Ce plat, c'est la convivialité, suscite la sympathie. Gageons alors qu'il résistera aux aléas des relations tourmentées sciemment provoquées. Le coup de grisou sur les rapports Algérie-France n'est pas en rapport seulement avec la sempiternelle question des visas. Ce n'est pas ce qu'on appelle trancher dans le vif quant à ce problème récurrent depuis que ce « coupe-fil » a été instauré. La France officielle en fait, c'est scandaleux, un instrument de chantage sinon de gestion de sa politique avec l'Algérie. C'est certes son droit de délivrer un visa quand ça lui chante et à qui elle veut. Mais dans la limite de la bienséance qui préside aux relations entre les Etats. Visiblement, Emmanuel Macron n'en tient pas compte, à la surprise de tous qui voyaient en lui un président libéré des legs du passé colonial. Apparemment, la prochaine élection présidentielle, dans sept mois, réveille les vieux démons. La chasse aux immigrés est de nouveau sortie comme un argument de campagne quitte à s'aliéner des amitiés potentielles. Macron n'innove pas, ne fait pas mieux que ses prédécesseurs. Pis, il perd toute crédibilité. Gagner les faveurs des sondages en tapant sur de pauvres bougres qui croient aux vertus de liberté, d'égalité de chances, est en soi immoral, voire indécent. Mais l'Histoire, implacable, rappelle ces centaines de milliers de conscrits algériens envoyés au feu. La plupart ne rentreront jamais chez eux. Les survivants éliront domicile, une fois démobilisés, en France. Ils seront rejoints en grand nombre par d'autres pour les besoins de reconstruction d'un pays manquant de bras, ravagé par la guerre. On a fait appel à eux ! De ces vérités et de tant d'autres, les politiques français détournent le regard pour des calculs électoraux. Sur les vraies causes de l'immigration de masse motus et bouche cousue. Il faut renvoyer chez eux tous ces va-nus-pieds, ces ventres qui crient famine. La comédie dure depuis plus d'un demi-siècle. Emmanuel Macron a raté l'occasion de se taire, mais le pouvait-il ? Dans le contexte d'aujourd'hui, il ne faut pas être devin pour percer ses intentions à travers des déclarations inédites qui tranchent avec le profil visible du personnage. L'étrange silence du Maroc vient d'éclater comme une bulle d'air dans l'eau. Se faire l'instrument du lobby sioniste qui à son tour instrumentalise le Makhzen, c'est du tout cuit. Honteux ! L'Algérie ne légitimera pas l'occupation du Sahara Occidental, ne reconnaîtra pas l'Etat sioniste d'Israël. La France est en perte d'influence dans le monde... et le monde des affaires ! L'histoire des sous-marins australiens a produit un choc traumatisant. Se retourner contre les ex-colonies et en faire des souffre-douleur de ses ratés n'est pas du tout digne. C'est de la lâcheté. À vrai dire, c'est clairement du néo-colonialisme comme le clament haut et fort les dirigeants d'un des pays les plus démunis au monde : le Mali. Brahim Taouchichet