Le 17 octobre 2019, mourait Amina Benbahmed, une universitaire et femme de culture passionnée d'Afrique. Un an plus tard, naissait la Fondation Amina et Abdelkrim Benbahmed (son époux) et le musée «Itinéraires Algérie-Afrique». C'est un vieux rêve que partageait le couple Benbahmed depuis le début de ses périples africains durant lesquels Amina et Abdelkrim ont acquis un nombre considérable de pièces anciennes, reçues en cadeaux ou achetées dans les différents pays par lesquels ils sont passés. Or, la maladie et la mort ont ravi Amina aux siens en 2019, ce qui n'a pas empêché sa famille, et particulièrement son époux, de perpétuer sa mémoire et son amour pour le continent à travers la création, un an plus tard, du musée «Itinéraires Algérie-Afrique». Ce dernier, situé au sous-sol de la maison familiale, est un véritable cabinet de merveilles regroupant plus d'une centaine de pièces archéologiques et artistiques acquises au fil des voyages du couple. Dimanche dernier, Abdelkrim Benbahmed nous y accueillait pour une visite guidée de ce lieu unique en Algérie. Ancien cadre, consultant et universitaire, passionné d'Histoire et d'arts africains et érudit en linguistique, il a sillonné des dizaines de pays en compagnie de sa défunte compagne, notamment dans le cadre de leur travail. À l'entrée du musée, une surprenante carte de l'Afrique nous accueille avec, au milieu, une photo du couple. Contrairement aux cartes officielles, celle-ci rejette allègrement les frontières entre les nations et y substitue des lignes légères et colorées en fonction des familles linguistiques. C'est aussi une espèce de mémoire visuelle des voyages d'Amina et d'Abdelkrim entre les années 1970 et 2000, de Rabat au Cap et de Nouakchott à Madagascar, en passant par Niamey et Brazzaville. C'est aussi une traversée passionnante à travers les âges et les civilisations, dont ils ont acquis un trésor inestimable fait de sculptures, d'anciennes pièces de monnaie, d'armes et d'objets domestiques, de manuscrits, de bijoux, d'instruments de musique et autres instruments antiques. «Je réponds très rarement quand on me pose la question sur le pays de provenance de tel ou tel objet. On ne peut pas confiner l'Histoire africaine selon les frontières modernes. Même si j'ai acquis un objet à Bamako par exemple, il appartient tout aussi à d'autres pays de la région», nous explique Abdelkrim Benbahmed. Ainsi, si la carte de l'Afrique exposée à l'accueil est tracée selon les familles culturelles du continent (nilo-sémitique, afro-asiatique, nigéro-congolaise et khoïsan), la scénographie du musée est établie selon la thématique des objets exposés et leurs régions «naturelles» (Afrique de l'Ouest, Afrique du Nord et le Bantou). Pour rappel, la Fondation Benbahmed, «apolitique et à but non-lucratif, est dédiée à la fraternité Algérie-Afrique et a pour but de faire connaître, par l'observation, l'étude et la recherche, le continent africain dans ses interrelations avec l'Algérie (...) La FAABBA regroupe en son sein des Algériennes et des Algériens ayant une sensibilité pour le continent africain, de différents horizons et disciplines, des secteurs public et privé, de la société civile, résidents et non-résidents, de tous âges et conditions sociales. Des Africaines et Africains, originaires du reste de l'Afrique y ont été associés. Des ressortissants d'autres pays ayant un intérêt pour l'Algérie et l'Afrique pourraient également y être associés. Les membres de la Fondation confrontent leurs observations, connaissances et idées, dans le but de produire notamment des propositions susceptibles de répondre aux défis auxquels fait face l'Algérie particulièrement dans ses relations avec le reste de l'Afrique, pour contribuer à rehausser ses images de marque africaine et internationale». Dans cet esprit, la FAABBA annonce le lancement d'un think tank baptisé «Africa-up Coalition» qui a pour objectif «la mobilisation volontaire de l'intelligence africaine pour réfléchir sur toute thématique ayant un caractère matériel et/ou immatériel au service du développement économique, social et culturel de l'Afrique. Cette initiative fera l'objet d'une présentation spécifique dans les semaines à venir». Par ailleurs, la FAABBA dispose à présent de son site internet (www.faabba.org). S. H.