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Villes en mémoire
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 10 - 2021

Lors d'un Sila, il y a de cela quelques années, j'ai rencontré des ouvrages, écrits par des pieds-noirs, racontant leur ville de naissance. Il y en avait pratiquement pour toutes les villes. Oran. Sidi-Bel-Abbès. Alger. Constantine. Annaba... J'ai pris connaissance des contenus ; tous ces livres sont conçus et montés de la même manière ; il n'y a vraiment pas de texte, ou très peu ; mais il y avait un paquet de photos de l'époque coloniale. Des photos représentant les institutions (école, gendarmerie, mairie, stèles...). Des photos de classe. Des photos d'équipes sportives... Enfin, tout ce qui pouvait illustrer leur époque où la colonisation était encore florissante pour tous ces Européens. Dans ce rappel, j'y ai trouvé énormément de nostalgie et de regret de la perte de l'Algérie, mais aussi tout ce qui peut rappeler la douceur de vivre de ces gens-là, au détriment des Algériens tenus dans un statut inférieur.
Ce qui est intéressant à noter, c'est ce que ces anciens colons ont gardé pratiquement toutes les photos de cette époque. Et le moment voulu, ils les ont regroupées dans de beaux livres pour montrer « leur Algérie ». Je voudrais citer deux de ces auteurs ; il s'agit de Jean de Crescenzo qui a résumé, en deux gros volumes, le moment colonial de Tizi-Ouzou ; il est allé vraiment dans le détail du détail. J'ai rencontré cet auteur, lors d'un salon du livre à Paris ; j'ai eu une discussion détaillée avec lui ; je voulais connaître le pourquoi de ces rappels d'un temps passé. Pour lui, il était question de garder intacte l'image de « l'Algérie française », et de Tizi-Ouzou, sa ville natale. Il disposait d'une documentation de rêve sur la Kabylie. Il finissait le troisième volume quand il décéda ; je ne sais pas ce qu'est devenue ladite documentation. Il y a également Marcel Lagarde, dont les parents étaient propriétaires du plus grand hôtel de Tizi, aujourd'hui détruit pour y bâtir le siège de la Sonelgaz, au centre de la ville. Il dispose d'une sacrée collection de photos de l'époque coloniale ; du reste, il dispose d'un site sur FB, où il partage son « trésor » avec les curieux et les chercheurs. Les autorités culturelles algériennes doivent récupérer toutes ces photos et les garder comme mémoire d'un passé douloureux, mais nôtre. C'est ce que fait un passionné à Paris, ophtalmologue de profession, le docteur Belkacem Haouchine, dont les efforts de récupération donneront un résultat bénéfique au moment voulu.
Depuis quelques années, certains auteurs algériens ont commencé à s'intéresser à leur ville d'origine. Je voudrais citer, de mémoire, Mohamed Seghir Feredj qui a écrit un des rares ouvrages sur Tizi-Ouzou, Abderrahmane Khelifa qui a consacré bon nombre de recherches sur Alger, Béjaïa, entre autres, Dahmani Mohamed a, dans les années quatre-vingt-dix, fouillé la mémoire de Tizi, etc.
Mohamed Attaf est connu comme poète et nouvelliste ; il est sur le terrain de la création depuis les années soixante-dix ; puis, par la suite, il s'est intéressé aux domaines de l'histoire et de la mémoire ; il a édité coup sur coup un ouvrage sur l'histoire antique de l'Algérie et un second sur sa ville natale, Tizi-Ouzou à travers les siècles, éd. Dalimen, 2013. Conçu sous forme de beau livre, ce qui ne gâche en rien la lecture, bien au contraire, Mohamed Attaf a choisi une série de thèmes liés à Tizi, a expliqué la genèse et l'évolution du lieu de vie, pour enfin agrémenter son ouvrage de photos d'époque.
Ai-je besoin de dire que Mohamed Attaf répare une injustice, d'autant que les écrits de cette nature sont conçus par des étrangers ; comme on sait que l'Histoire est toujours écrite par les vainqueurs, il est loisible de constater actuellement les dégâts sur le corps de notre société. C'est ainsi qu'on pourra remettre de l'ordre dans les désordres mémoriels ; remarquons que depuis que la France officielle nous tance sur notre histoire, la mémoire commence à préoccuper nos gouvernants. Du reste, il ne faut pas oublier la déclaration de Giscard d'Estaing en visite officielle en Algérie, du temps du Président Boumediène ; il a déclaré, à sa descente d'avion, je cite de mémoire : « La France historique salue l'Algérie indépendante. » Ça a fait un tollé ; puis les uns et les autres ont tenu à rappeler que l'Algérie était une nation qui n'a rien à voir avec la présence coloniale française. Les réactions de l'époque me rappellent étrangement les réactions d'aujourd'hui contre les déclarations de Macron. J'ai déjà eu à dire que, dans ce genre de polémiques diplomatiques, il n'est pas nécessaire de se justifier ou de prouver par des documents authentiques quoi que ce soit.
Sur 272 pages, Mohamed Attaf a disséqué certains secteurs, comme la tribu des Amaroua, l'oued Sebaou, le bordj turc et la présence ottomane, l'invasion coloniale française, et d'autres sujets. D'aucuns pensent que Tizi-Ouzou est née avec l'arrivée des Français ; l'auteur précise – document à l'appui — que les colons ont créé un centre européen de colonisation ; et qu'à côté, un village kabyle a toujours existé depuis la nuit des temps ; malheureusement, il n'existe aucun document ; on ne se fie qu'à la transmission mémorielle.
Lazhari Labter n'est plus à présenter ; il est passé par toutes les étapes de la création littéraire, en amont et en aval. Poète de l'amour sans concession, journaliste et éditeur, désormais, il se tourne vers la mise en exergue de sa ville natale, Laghouat. Comme il a pris sur lui de ressusciter le mythe de Hizya, cette femme impalpable, vouée au chant de la douleur, coulée dans un poème intemporel, chanté à merveille par les plus belles voix de la chanson saharienne. Lazhari est en lui-même une gestuelle poétique ; il tient cela certainement de ses origines ; il parle presque en poésie ; là, j'exagère à peine ; qu'il ne m'en veuille pas.
Son dernier ouvrage est un regard sans complaisance sur la ville de Laghouat, vue par les chroniqueurs, écrivains, peintres, voyageurs, explorateurs et conquérants, auto-édition, 2021. Comme vous pouvez le constater, il y a du monde dans cet ouvrage. Des plumes, à l'image d'Arezki Metref, Albert Camus, Jules Roy, Amel El Mahdi, José Lenzini, Leïla Aslaoui, Amar Belkhodja, Hamida Abdeslam, etc. L'auteur qui, dans une préface, a tout explicité, a voulu faire un ouvrage collectif, tout en se démarquant des textes coloniaux. L'intérêt de ces derniers réside dans l'image donnée à un temps « t ». Surtout de voir le regard porté par ces auteurs de la colonisation, un regard partial et partiel, un regard bassement ethnographique, un regard où l'exotisme falsifie la beauté des lieux. Sincèrement, j'ai découvert Laghouat grâce au travail de Lazhari Labter ; il est vrai qu'il n'est pas à la portée de toutes les bourses ; mais franchement, il vaut le sacrifice du porte-monnaie. Attention, ce n'est pas un dépliant touristique ; on pénètre vraiment dans l'âme de Laghouat.
Y. M.


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