Pas de pénurie mais une tension palpable sur l'huile de table depuis plusieurs jours. Les consommateurs sont réduits à faire le tour de plusieurs grandes surfaces pour pouvoir en acheter. Une situation que le directeur général de la régulation et de l'organisation des marchés, au ministère du Commerce, impute à une rumeur lancée sur les réseaux sociaux. C'est dans ce contexte que le prix plafond du bidon de cinq litres a été revu à la hausse pour être désormais commercialisé à 650 dinars, en vertu d'un décret signé par le Premier ministre. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Encore un épisode dans l'interminable feuilleton des tensions sur les produits alimentaires. C'est, une nouvelle fois, l'huile qui en est la star puisque, depuis quelques jours déjà, une tension est ressentie au niveau des commerces. S'il ne s'agit pas de pénurie, les bidons de cinq litres notamment sont introuvables dans de nombreux commerces, y compris les grandes surfaces. Certaines d'entre elles, et au regard de la grande demande, ont fini par imposer le rationnement en ne vendant qu'un seul bidon par personne. Si, jusque-là, le ministère du Commerce s'était abstenu de tout commentaire, son directeur général de la régulation et de l'organisation des marchés, Sami Kolli, expliquait jeudi, sur les ondes de la Radio nationale, que la forte et soudaine demande sur l'huile de table était, à l'origine, due à une rumeur qui avait été lancée dans un premier temps à l'est du pays, notamment à Batna et Constantine», avant, dit-il, que «les réseaux sociaux et le partage impulsif de certains ont permis à cette fausse information de faire le tour du pays en quelques jours». Le président de l'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce) a, pour sa part, attiré l'attention sur cette situation, il y a plusieurs jours, affirmant que «nous assistons actuellement à un achat massif de ce produit en raison d'une rumeur sur sa rareté sur le marché», pointant du doigt les services du contrôle des prix et de la qualité, ajoutant que « toute augmentation injustifiée des prix de l'huile de table est illégale ». Une fois n'est pas coutume, cette fois-ci, l'augmentation n'est pas du fait de la spéculation mais d'une décision du gouvernement. Le Premier ministre a, en effet, signé le décret exécutif n° 21-383 «fixant le prix plafond à consommateur ainsi que les marges plafonds à la production, à l'importation et à la distribution, aux stades de gros et de détail, de l'huile alimentaire raffinée ordinaire et du sucre blanc». En vertu de ce texte, le prix plafond du bidon de 5 litres de l'huile de table passe à 650 dinars, alors que celui des bouteilles de un et de deux litres ne connaîtra pas de changement. La première coûtera toujours 125 dinars et la seconde 250 dinars. Le décret précise que ces prix sont applicables à l'huile alimentaire raffinée obtenue à partir d'un «mélange à base d'huile brute de soja ou toutes autres graines cultivées localement auxquelles peut être rajoutée une fraction d'autres types d'oléagineux». Désormais, les bouteilles d'huile devront porter de façon visible et lisible les mentions «huile alimentaire raffinée ordinaire subventionnée». Les prix de vente plafonnés ou ceux en dessous des plafonds fixés doivent aussi être mentionnés sur l'emballage sur une bande rouge de cinq centimètres de largeur placée horizontalement en haut. Ce même décret prévoit également des dispositions qui concernent les industriels et les professionnels qui ne pourront plus utiliser que du sucre emballé dans des sacs de dix kilogrammes minimums et des conditionnements de 10 litres minimum pour l'huile. Les propriétaires des cafés, des restaurants, des fast-foods sont, quant à eux, tenus d'utiliser le sucre blanc conditionné sous forme d'emballage en dosette. Le décret ne prévoit aucune augmentation du prix du sucre qui reste à 90 dinars pour le kilogramme en vrac, et 95 dinars pour le kilogramme emballé. S'agissant de la compensation allouée sur le budget de l'Etat aux opérateurs pour la prise en charge de la hausse des prix du sucre roux et de l'huile brute de soja, elle sera désormais attribuée également au cas où la matière première est obtenue à partir de graines cultivées localement. Toujours selon les termes du même décret, les prix d'achat de référence de la matière première du sucre blanc et de l'huile alimentaire raffinée ordinaire sur les marchés extérieurs sont publiés par les services du ministère du Commerce et actualisés périodiquement, alors que « tout opérateur qui acquiert les matières premières à des prix nettement plus élevés doit en fournir les justificatifs. Dans le cas où les justificatifs fournis ne sont pas fondés, la demande de compensation de l'opérateur économique ne sera pas prise en considération». N. I.