Critiquant le projet de loi de finances 2022 qui sera présenté bientôt devant le Parlement, le Parti des travailleurs regrette que 67 ans après le déclenchement de la guerre de Libération nationale, la misère sociale s'empare d'une bonne partie des Algériens, déplorant l'explosion du phénomène de la harga. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - La SG du PT, Louisa Hanoune, est revenue longuement sur le déclenchement de la guerre de Libération nationale le 1er Novembre 1954, hier, à l'ouverture des travaux d'une réunion du bureau politique de son parti. Après 67 ans de l'évènement, elle dresse un constat amer de la situation sociale du pays. « L'écrasante majorité croule sous la pauvreté, dont de larges pans vivent dans la misère absolue. La famine et la mendicité s'installent en force et l'explosion de la « harga », expression de la détresse totale chez la jeunesse, renvoie l'image d'un pays en guerre ou dévasté économiquement par le pillage étranger, par la dette », a-t-elle déploré. Elle a expliqué que l'été 2021, le plus infernal depuis des décennies avec l'explosion du Covid-19 et les incendies ravageurs, l'austérité appliquée depuis des décennies par les gouvernements qui se sont succédé et la flambée meurtrière des prix des produits de large consommation « sont tous des facteurs qui ont aggravé la pauvreté de façon catastrophique ». Pire encore, l'oratrice prévoit l'aggravation de la situation en 2022. « Au lieu de remédier à cette situation inhumaine en corrigeant les politiques et en prenant les mesures urgentes à l'instar de la récupération de près de 50 000 milliards de DA qui représentent des dettes et des crédits non remboursés durant 15 années par les oligarques prédateurs ainsi que la surfacturation et la réévaluation des marchés, le gouvernement a élaboré un projet de loi de finances (PLF 2022) qui donne un coup de grâce aux conquêtes socioéconomiques de l'indépendance nationale », s'est alarmée Mme Hanoune. Selon elle, ce projet qui sera soumis dans les prochains jours aux débats à l'APN contient des dispositions qui consacrent la rupture avec les objectifs socioéconomiques de la Révolution et tous les acquis de l'indépendance nationale qui ont fondé la nature sociale de l'Etat algérien. Et d'énumérer quelques dispositions qui établiront, à ses yeux, « la dangerosité de l'orientation économique et sociale du gouvernement actuel qui aggrave les mêmes politiques qui ont causé la désertification et la régression sociale, le pillage interne et étranger des fonds et des biens publics sous couvert d'encouragement à l'investissement et la constitution de l'oligarchie dans notre pays ». Elle cite l'article 50 qui définit les secteurs publics à caractère stratégique qu'elle qualifie de « régressif », et qui signifie, a-t-elle soutenu, que des sociétés nationales comme Air Algérie, Tassili Airlines, Mobilis, l'ADE, la compagnie nationale de transport maritime, Algérie Télécom, Cosider et tous les complexes industriels et les infrastructures dans les différents secteurs d'activité sont concernés par la privatisation. «Cet article programme la désertification industrielle et des services de façon absolue et aussi la destruction de millions d'emplois car les sociétés étrangères cherchent des marchés pour leurs marchandises qui souffrent de la récession en raison de la crise dans laquelle étouffe le système capitaliste qui touche particulièrement l'Europe et les Etats-Unis d'Amérique», a-t-elle lancé. La patronne du PT s'interroge pourquoi privatiser les banques publiques et les sociétés d'assurance alors que des banques et des assureurs privés existent et que la loi permet d'en créer de nouvelles. Mme Hanoune a critiqué également la suppression annoncée des subventions et leur remplacement par des aides financières directes pour les familles démunies. Elle craint une aggravation de l'effondrement vertigineux du pouvoir d'achat de 80% de la population algérienne, avançant qu'une telle mesure n'a fonctionné dans aucun pays. Et de déplorer que l'approche du gouvernement « perpétue une politique plus dure, plus horrible et plus violente que le plan d'ajustement structurel imposé par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale dans les années 90 du siècle dernier ». La SG du PT a conclu en affirmant que son parti défendra « sans relâche l'indépendance nationale, ses acquis et ses réalisations, la souveraineté nationale avec son contenu politique, économique et diplomatique ». K. A.