Alors que dans les cercles de soutien au président Abdelmadjid Tebboune, l'heure est plutôt à la jubilation, comme le laissent comprendre des images sur les réseaux sociaux montrant certains pousser leur outrecuidance jusqu'à célébrer son apparition, le 13 décembre dernier sur Twitter, tel un anniversaire, au sein du Parti des travailleurs (PT), on fait plutôt place à l'inquiétude. C'est ce qu'a affirmé, hier, le secrétariat de son bureau politique dans une déclaration rendue publique à l'issue de sa réunion hebdomadaire. "Le secrétariat du bureau politique déclare qu'il n'a pas été rassuré par l'apparition du président et par son discours", s'inquiète le parti de Louisa Hanoune, considérant que "bien au contraire, ils ont confirmé l'impasse politique économique et sociale qui accélère la crise du système dont le maintien constitue le plus grand danger pour la nation, pour son intégrité et sa souveraineté". Ses raisons pour aboutir à une telle conclusion, le Parti des travailleurs les développe en cinq points, à commencer par la déclaration de Tebboune concernant la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19. "Trompé par les chiffres officiels qui sont démentis par les professionnels de la santé et le nombre réel de décès quant à la situation sanitaire très grave induite par la Covid-19, le président Tebboune semble ignorer l'anarchie qui frappe l'enseignement dans tous ses paliers et la dégradation terrifiante de la situation socioéconomique. Une dégradation que le gouvernement reconnaît tant ses impacts et expressions sont violents", argumente le PT qui, pour illustrer ces impacts et expressions violents, cite l'explosion de la pauvreté, de la misère au sein de la majorité du peuple, y compris les couches moyennes, l'explosion du chômage parmi les jeunes et les millions de travailleurs, dont les entreprises et ou activités sont à l'arrêt, et l'explosion de la détresse socioéconomique, de la mendicité, de la violence urbaine, de la harga et des suicides. À ce titre, le PT se dit convaincu que "le Président semble ignorer la multiplication des grèves de travailleurs et fonctionnaires et les mobilisations des travailleurs indépendants et des populations sur tout le territoire national contre la régression socioéconomique épouvantable et l'absence de perspectives positives". Mais pas seulement, puisque les membres du secrétariat du bureau politique de ce parti se demandent, en second lieu, si le Président n'ignore pas qu'après avoir provoqué un effondrement économique sans précédent, comme produit du confinement dit sanitaire, son gouvernement s'apprête à démanteler les banques et les entreprises publiques qui sont la propriété de la collectivité nationale, en recourant à leur privatisation. "C'est un pur démantèlement car partout dans le monde où elles ont été mises en œuvre tout comme chez nous suite aux injonctions du FMI dans le cadre du Plan d'ajustement structurel dans les années 1990 puis sous le couvert de partenariat public/privé, et afin d'attirer prétendument des IDE, durant les 20 dernières années, les privatisations ont été synonymes de désertification industrielle et sociale, de suppression massive d'emplois, de bradage du patrimoine public", estime-t-il, ajoutant, comme troisième source d'inquiétude, la question des libertés dont la violation se poursuit à travers les arrestations et le muselage des médias et des opinions politiques et qui n'a point été abordée par le Président, alors qu'elle est mise à profit par les institutions étrangères, dont le Parlement européen, pour intervenir dans les affaires internes du pays.
