L'art polonais de l'affiche est à découvrir jusqu'au 2 décembre à la galerie Racim. Cette exposition, co-organisée par l'ambassade de Pologne, le ministère de la Culture et la Fondation Asselah, réunit près d'une centaine d'affiches réalisées par des artistes de renom. Festivals, films, expositions, pièces de théâtre, concerts de musique et autres événements culturels sont à la fois synthétisés et sublimés à travers l'œil vivifiant d'artistes et profs de beaux-arts polonais qui ont créé une véritable école dans le genre. L'exposition, qui se tient jusqu'au 2 décembre à la galerie Mohamed-Racim, constitue une véritable mine d'or pour les amateurs de l'art de l'affiche qui y effectueront un voyage dans le temps mais aussi dans l'imagination foisonnante d'artistes et graphistes polonais. Ces derniers se réapproprient donc les œuvres d'autrui pour en féconder d'autres, en adoptant différents styles et techniques artistiques. Du cubisme au surréalisme, en passant par l'expressionnisme, le pop-art ou le réalisme, les affichistes polonais s'amusent littéralement à recréer des œuvres locales ou étrangères, en leur offrant une dimension nouvelle, une sorte de réinterprétation subjective et intemporelle. Ce qui attire le plus l'attention dans cette exposition, ce sont, probablement, les affiches dédiées aux films américains, durant la période soviétique. La censure fait alors rage dans la Pologne des années 1950-1980 mais l'Etat, dans sa volonté de contrôler jusqu'aux représentations visuelles des films autorisés, encourage et dynamise une création artistique locale qui se fera connaître partout dans le monde. Ainsi, on pourrait admirer, peut-être plus que l'originale, l'affiche polonaise du blockbuster Rocky (1978). Mieux que l'image classique, voire basique, d'un Stallone bombant le torse et serrant le poing, le graphiste Edward Lutczyn en propose une magnifique illustration suggestive où l'on voit deux gants de boxe enlacés sous forme d'un cœur. Pareil pour Apocalypse Now de Francis Ford Coppola (1980), dont le ciel flamboyant se confondant avec le napalm laisse place au graphisme lancinant de Waldemar Swierzy qui se réapproprie le visage du colonel Kurtz pour en accentuer l'épouvante. L'exposition propose, par ailleurs, une riche rétrospective de tous les styles et générations qui ont fait de l'art polonais de l'affiche une école reconnue dans le monde entier et un vivier de talents et de vitalité qui a su se renouveler et demeurer une référence jusqu'à nos jours. Sarah H.